C.N.R.S.
 
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     HOIR     
FEW IV heres
HOIR, subst. masc.
[T-L : oir ; GDC : hoir ; AND : eir1 ; DÉCT : oir ; FEW IV, 412b : heres ; TLF : IX, 865a : hoir]

A. -

"Celui qui, légalement, est appelé à recueillir la succession d'un défunt, héritier, successeur" : ...pour chela ne polrent en leur lieu demorer Dont hoir devoient yestre de droit et possesser (Flor. Rome W., c.1330-1400, 137). Et se li dit forain ainsi bani ou justicié avoient aucuns meubles ou catelx, quel que part qu'il fussent, ou avoient aucuns heritages qui meussent de fief, il seroient du tout en tout commis et confisquié à nous et n'y pourroient li hoir naturel ou successeurs riens demander ne reclamer (Hist. dr. munic. E., t.1, 1335,,, 325). ...maint en sont mat et perdu, Honni, destruit et esperdu D'estat, d'onneur et de chevense, Et maint de ceste pestilence Sont mort, dont leur hoir tel seront Que jamais ne reverdiront, Dont c'est grans dues et grans damages. Mais c'est la guise et li usages Dou temps qui court presentement, Car on le voit communement. (MACH., C. ami, 1357, 101). Saint Augustin dit : Beneuré est l'eritage qui pour habondance de hoirs n'apetice point, mais acroist (Mir. st Val., c.1367, 122). ...les Hermins L'ont pour leur signeur esleü [le roi Pierre] (...) Et par coy la chose ait durée, Tuit li milleur de la contrée Et les villes l'ont seellé, Par leur foy et par seellé, Tous ensamble, c'est assavoir Que c'est au roy et à son hoir. Et les clefs des milleurs fortresses, Qui dou païs sont plus maistresses, Ont baillié au prince son frere, Par quoy la chose soit plus clere. Et s'en a la possession (MACH., P. Alex., p.1369, 223). L'an mil CCCLXVIIJ., Se parti, moult bien m'en remembre, Vingt huit jours dedens septembre, Pour aler faire l'ordenance Dou païs et la gouvernance Qui à son hoir li est donnez Ligement et abandonnez. (MACH., P. Alex., p.1369, 224). Item, quant les femmes ont princey et dominacion, si comme pour ce que il sont hoirs, adonques telz princees ne sont pas selon vertu, mais il sont pour leur richesces ou pour leur puissance, en la maniere que il est es princees oligarchies. (ORESME, E.A., c.1370, 437). Et, pour ce, dist l'Apostre, Ad Galathas, quarto capitulo, que entre l'er ou le filz, tandiz que il est petit, et le sers n'a mie moult grant differance, ja soit ce que l'er soit seigneur de tous lez biens. (Songe verg. S., t.2, 1378, 104). Et lors [Uriien] dist a son frere Guion : Par ma foy, beau frere, ce seroit grant aumosne de secourir cellui roy contre les Sarrasins. Nous sommes ja VIIJ. enfans masles, la terre de nostre pere ne demourra pas sans hoir, posé que de nous ne feust rien. Dont, pour celle cause, nous devons tant plus penner de voyagier pour acquerre honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 81). Et par la raison de son dit fieu du Quesnay, le dit chevallier a quatre vavasseurs soubz sa dicte seigneurie, de quei son prevost fieufé est ung loir de franche terre, loir de la mote, et l'oir Erquembourc, les autres qui doivent estre quitez au dit passage. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 127). ...du consentement de maistre Pierre Michiel, hoir à cause de sa femme de damoiselle Perrenelle de Crepon (BAYE, I, 1400-1410, 9). ...ses hoirs venant et descendans de son corps en loyal mariage (Paris domin. angl. L., 1423, 79). ...ses hoirs masles legitimes venans de lui en droicte ligne et procreez en loyal mariage (Paris domin. angl. L., 1423, 87). ...ses hoirs masles legitimes venans et descendans de lui en loyal mariage (Paris domin. angl. L., 1423, 100). J'ay bien de quoy et si n'en ay pas ung, Echoicte actens et d'omme ne suis hoir, Bien recueully, debouté de chascun. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). S'ainsi estoit qu'aucun n'eust pas Receu le laiz que je lui mande, J'ordonne qu'aprés mon trespas A mes hoirs en face demande. Mais qui sont ilz ? Si le demande Morreau, Prouvins, Robin Turgis : De moy, dictes que je leur mande, Ont eu jusqu'au lit ou je gis. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 72).

 

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Droit hoir / vrai hoir (d'un fief, d'un pays...). "Héritier légitime (d'un pays)" : ...[messire Charles de Bloys, jura que] amprés la mort du dit duc Jehan, il porteret lez plaines armes de Bretaingne, conme vray hoïer et successeur de Bretaingne (Songe verg. S., t.1, 1378, 262). Et avoit cellui roy un nepveu, lyquelz avoit, par l'introducion d'aucuns envieux, sur Hervy, vostre pere, grant indignacion, car ilz lui firent acroire que le roy, son oncle, feroit son hoir de Hervi, vostre pere, et dirent au nepveu du roy en telle maniere : Tu es droiz hoirs de Bretaigne Brute et Gallesse. Or estes vous bien ruez jus et deboutez de la noble contree de Bretaigne. Certes, se vous le vous laissiez ainsi tollir par lascheté de vostre cuer, tout le monde vous escharvira, et dira on : Veez vous la le fol qui, par faintise de cuer, s'est laissié dechacier de si noble pays et region comme le royaume de Bretaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 49). Jugement (...) que dit que tous fiedz eschiënt aidais a plus droicts hoirs de la ligne dont ilz viennent. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1356], 349).

 

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De hoir en hoir. "De père en fils" : Ensy aveis d'or [l. oir ?] en oir tos cheaz et chelles qui sont estrais delle bonne damme Magriette Surlés (...) ; sy retournerons à Lowy Surlés (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 339). ...et pluseurs atres, que je ne say d'oir en hoir recordeir leurs predecesseurs (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 475). Par foy, dirent ilz, il n'est pas memoire que puis quatre cens ans homs passast par le cavain, plus que vous et les jayans, qui de hoir en hoir ont destruit cest pays. (ARRAS, c.1392-1393, 267). Et, depuis, ainsi d'oir en hoir Sont les princes continuez (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 176).

 

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Avoir hoir : Sans ce que Dieu me voulzist nuire, il n'a homme ou monde que je craingne qui le me puist oster [le pays de Bretagne], car je scay bien que monseigneur le roy, mon oncle, n'a talent de faire ne avoir autre hoir que moy. Par foy, dist ly uns, vous estes mal informez de ceste besoingne, car vostre oncle a fait son hoir de Hervy de Leon, et en sont les lettres passees. (ARRAS, c.1392-1393, 49).

 

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Avoir hoir de son corps : ...si ilh moroit sens avoir heure de son corps, engenreit de loyal mariage, dont revat tote sa lasse a Robinet et a Conart, son frere, a ewelle parchon (HEMRICOURT, Pièces div. B.P., 1364, 73). Or n'ay je hoir de mon corps que une seule fille, laquelle Guyon, vostre frere, a bien veue. Si vous supply que vous lui veulliez prier que il la veulle prendre a moillier et le royaume d'Armenie avec. (ARRAS, c.1392-1393, 141).

 

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Faire son hoir de qqn : Et avoit cellui roy un nepveu, lyquelz avoit, par l'introducion d'aucuns envieux, sur Hervy, vostre pere, grant indignacion, car ilz lui firent acroire que le roy, son oncle, feroit son hoir de Hervi, vostre pere (ARRAS, c.1392-1393, 49). Sans ce que Dieu me voulzist nuire, il n'a homme ou monde que je craingne qui le me puist oster [le pays de Bretagne], car je scay bien que monseigneur le roy, mon oncle, n'a talent de faire ne avoir autre hoir que moy. Par foy, dist ly uns, vous estes mal informez de ceste besoingne, car vostre oncle a fait son hoir de Hervy de Leon, et en sont les lettres passees. (ARRAS, c.1392-1393, 49).

 

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Faire qqn hoir de : Si voulons une lettre avoir Par laquelle nous ferons hoir De noz biens et dame planiére Osanne, nostre chamberiére (Mir. roy Thierry, c.1374, 321).

B. -

P. ext.

 

1.

"Enfant, descendant (d'abord en tant que successeur)" : ...ung dyable qui vient ça Vostre hour a tué (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 13). Et je vous chanteray une bonne chanssons ; Oncque melieur n'oïstes, (...) Car c'est des vaillans hoirs du preux contes Doons (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 199). Lors prie pour sa famme et pour ses petis hoirs (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 442). Moult fu Cornumarans orgueleus et félon : Il ne doubtoit nul homme fors le hoirs de Buillon (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 509). Regardez ou femme truissiez A qui hoir masle avoir puissiez (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 3). Le duc Anthoine jut la nuit lez sa moillier. Et celle nuit fu engendrez un tres vaillant hoir, qui puis fist moult de prouesces et de vaillances. Et fu nommé Bertran. (ARRAS, c.1392-1393, 170). Hee, tres faulse serpente [Mélusine], par Dieu, ne toy ne tes fais ne sont que fantosme, ne ja hoir que tu ayes porté ne vendra a bon chief en la fin. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Et puis [Mélusine] dist a Remond : Mon doulz amy, veez cy deux anneaulx qui tiennent ensemble, dont les pierres ont une mesme vertu. Saiches que, tant comme tu les auras, ou l'un des deux, toy ne tes hoirs, s'ilz les ont après toy, ne seront ja desconfiz en plait ne en bataille, se eulx ou vous ont bonne cause ; ne ja toy, ou ly hoir qui l'aura, ne morra par armes quelxconques de trait, de ject de pierre, ne d'autre chose. (ARRAS, c.1392-1393, 259). ...et comment le jayant avoit la esté commis pour garder le lieu jusques a tant qu'il en seroit gecté par l'oir de l'une des filles [Mélusine] (ARRAS, c.1392-1393, 266). ...un tel hoir ystroit De sa fille qu'il osteroit Au roy son regne (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 192). Et en ses grans dolleurs se penssa que, pour certain, voulloit il savoir la verité de son frere, a son povoir ; car il ne avoit nulz hoirs que luy (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 117). Se fusse des hoirs Hue Capel Qui fut extrait de boucherie, On ne m'eust parmy ce drapel Fait boire [allusion à la question de l'eau] en ceste escorcherie [la prison du Châtelet] (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 74). ...il veult par ung hoir de ta char, c'est a savoir ta fille, l'Eglise son espouse reunir (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...et depuis trouva le roy Edoart moïen fere sa paix au roy Phelippe le Bel pour ce temps mais ne tarda gueres que plus grant differend respondit pour le vray hoir que eut la royne Blanche. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 134 v°). ...jugea sur la nativité dudit Ymbert, que de lui ne ystroit nulz hoirs. À ceste cause donna son pays au roy Philippe et se mist de l'ordre des freres Precheurs, ou couvent de Lion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 135 v°). Pour les parens, en guerre s'en va l'oir (LA VIGNE, S.M., 1496, 165).

 

-

En partic. [À propos de Jésus, fils de la Vierge] : Vierge, priez a vo doulx hoir (...) Qui nous doint a sa voulenté Ouvrer en faisant son service (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Mais Marie si n'a qu'un hoir Qui d'estre Dieu puist nom avoir. (Mir. mère pape, c.1355, 351).

 

2.

"Ancêtre, devancier" : Jugement don segneur Joffroi Groingnat et de Regnault de Raigecourt d'une pairt, et de Abriat de Verei d'autre pairt, que dit coment trois segneurs avoient plussieurs ville joindant emsamble, se volloit li deux avoir pairt en menus dilme de la ville l'autre, et cil disoit qu'il n'en i devoient point avoir, pour ce qu'il avoit heu la ville et tout le ban en son parson contre lours hoirs. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1340], 184). Jugement de Pantecoste, femme Thiebault Groignat, et plussieurs autres d'une pairt, et de Collair, de Buxei, le clerc, d'autre pairt, que dit que, quant on doit cens a une parsonne pour heritaige que li vient de ces ansien hoirs et on vuelt cellui cens raicheter, il convient qu'il crante celluidit raicheit a wairrantir pour eaulx emchief sam plux. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1347], 256).

C. -

Au fig. [Dans un cont. spirituel] : Amen ! je l'em pri de cuer fin Que de paradis le face hoir. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 255). Comme dist l'Apostle en l'epistle a ceulz de Galate : "Doresenavant vous n'estes serfz, mais estes enfans, filz et hoirs par Dieu", c'est a dire par les euvres et ayde de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 108).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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