I. -

"Établissement charitable (souvent dépendant d'un monastère, pratiquant l'hospitalité plus que les soins) où l'on accueille les pélerins, les pauvres, les malades et les infirmes indigents" : ...en le admenant par ycelle ville, il se eschappa dudit varlet, et se bouta en franchise à l'ospital de Ronceval (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251). Et dit qu'il fu et demoura par environ sept jours en ycelle ville du Mans, en tousjours querant sa vie, et par chascun soir gisoit à l'ospital. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). Et saiches [Geoffroy] que ce que j'en ay fait, ce n'a esté que pour le prouffit de ton pere [Remondin] et de son ame. Il est vray que le pape lui avoit enjoint penitence pour le parjur qu'il avoit fait a ta mere [Mélusine], laquelle il n'avoit pas enterinee. Or est ainsi, se tu veulz faire fonder un hospital et amortir une chappellerie pour l'ame de ton pere, ta tour demourra paisible, combien que jamais ne sera heure qu'il n'y avieingne plus de merveilleuses choses que en lieu de tout le chastel. (ARRAS, c.1392-1393, 300). Et la fut tant que Gieffroy ot fait faire l'ospital de Lusegnen et la chappellerie, et bien rentée. (ARRAS, c.1392-1393, 301). Derechief, ou chastel et convent principal aura un hospital solempnel, ouquel les veuves de la sainte Chevalerie serviront au maladez, en acomplissant les saintes euvres de misericorde (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 84). Exemple d'une aumosne donnee par ung varlet pecheur ou nom du maistre qui est en charité, ou de ung questeur d'ung hospital. (GERS., Déf., 1400, 234). Si cerche les hospitaulx, visite les malades et les povres (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 24). ...et arrester, distribuer pour Dieu, et aumosner aux povres et es hospitaulx tout le pain ouquel il y aura faulte notable de poix ou autrement. (FAUQ., II, 1421-1430, 15). A conseillier l'appoinctement sur la requeste baillée par escript à la Court par les maistre, freres et suers de l'ospital des Quinze Vins à Paris (...) ou regard de l'exempcion dudit hospital de la jurisdiction et puissance dudit evesque (FAUQ., II, 1421-1430, 209). ...pour conseillier l'arrest dessusdit d'entre le procureur du Roy et le commandeur de l'ospital Saint-Anthoine, d'une part, et les maistres et gouverneurs de l'eglise du Sepulcre à Paris, d'autre part. (FAUQ., III, 1431-1435, 122). ...[le conte Roger] fist esglises, hospitaulx et des biens pour Dieu largement, et les plus beaulx chasteaulx qui y soient furent fais ou commenciez par luy. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 168). Puis [Saint Bernard] fonda le noble hospital De Mont Jou : au monde n'a tal Plus neccessaire, ne mieulx faisant A riche ne a pouvre passant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 86). Item, je lesse aux hospitaux Mes chassis tissus d'arignie, Et aux gisans soubz les estaulx Chacun sur l'eul une grongnee, Trambler a chiere renfrongnee, Megres, velus et morfondus, Chausses courtes, robe rongnee, Gelez, murdriz et enfondus. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 25). Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 127). L'ERMITE. Habit porte de pelerin Je ne scay que ce[la] peut estre. LE COQUIN. Je cuide que c'est ung fin maistre. LE PRINCIPAL. Par adventure qu'il cuide estre Entré en aulcun hopital ? (Sots gard., a.1488, 105). ...comme s'il vouloit dire les ungs nez pevent estre filz de princes et riches avant que nez, les autres prins à l'ospital sans parens de nulle estime. Pour ce, à veoir seullement la figure d'une nativité, est bien convenable d'enquerir des parens et du lieu de la naissance (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 92 v°). ...et si très noble chevallerie qu'il avoit menée, pouvre et lasse fut contrainte s'en venir, ung baston blanc en la main, et mourir par les chemins et hospitaulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°).

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Estre à l'hospital. "Être dans la misère" : HANNEQUIN LE HASARDEUR. (...) Tous pour le jeu m'ont mys en leurs lÿens, Tous ont argent et rien ne puis avoir. Tous de me nuyre font singulier debvoir, Tous m'ont destruyt, jouant sur ung estal. Tous me souloient au temps passé debvoir, Tous sont en bruyt et moy a l'ospital. (LA VIGNE, S.M., 1496, 374).

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P. métaph. [Ici à propos d'une pers.] "Lieu d'accueil" : ...comme le pere et l'ospital de tous les nobles desvoyez. (LA SALE, J.S. E., 1456, 285).

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[Dans un cont. relig.] "L'âme qui accueille le Saint-Esprit" : ...les aultres oïent paroles attraihans a mal et qui boutent le feu mauvais es maisons Dieu et es hospitaulx du Saint Esperit, c'est a dire es ames. (GERS., Pent., p.1389, 80). Eslongnons de nous ce faulx traitre, Delit luxurieux, quer il fait l'ame comme celle qui brule et ard le sacré temple de Dieu et son hospital (GERS., Annonc., a.1400, 237).

II. -

[Nom propre] "Ordre de Saint Jean de Jérusalem, fondé dans le dernier tiers du XIe siècle pour le service de l'Hôpital de Jérusalem où étaient accueillis les pèlerins qui se rendaient aux Lieux Saints" : En Rodes ot un amiral Qui les freres de l'Ospital, Qui sont bon chevalier de pris, Et les gens d'armes dou pourpris Et dou païs fist mettre ensamble. (MACH., P. Alex., p.1369, 59). Mais a ceste derreniere voye ont perdu une partie de leur navire et de leur gent, qu'ilz [les Sarrasins] ont attendu en l'isle de Collos, car une nostre gallee de la Noire Montaigne qui les poursuivoit, nous a dit qu'ilz mirent en chasse deux des gallees de l'ospital. (ARRAS, c.1392-1393, 94). Dedens cedit chastel est l'Ospital de saint Jehan que l'en appelle l'Enfermerie, ouquel povres et riches sont noblement gouvernés quant ilz sont malades. (Voy. Jérus., c.1395, 9). Ainssy firent les Sarrasins de Larche a ceulx de l'Ospital Saint Jehan. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 51). ...le maistre de Prusse et tout l'Ospital (LA SALE, J.S. E., 1456, 318).