C.N.R.S.
 
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     HÉRITER1          HÉRITER2     
FEW IV hereditare
HERITER, verbe
[T-L : ireter ; GD : heriter ; GDC : heriter ; AND : heritant ; DÉCT : ireter ; FEW IV, 410b : hereditare ; TLF : IX, 786b : hériter]

I. -

Heriter qqn (de qqc.). "Mettre qqn en possession de qqc. (d'un héritage ou d'un bien)" : Donques, la seignorie du royaume ne povet estre continuee de mere en filz, ne la mere ne povet son filz heriter. (Songe verg. S., t.1, 1378, 251). ...car l'enpechement duquel nous pallons c'est la mere, laquelle enpeche son filz que il ne puist succeder, et cest enpechement est permanent et naturel, car fame, selon la coustume, nullement ne puet ou royaume succeder. Par consequant, ne elle ne puet son filz du royaume heriter. (Songe verg. S., t.1, 1378, 252). ...je vous respons que, puis que par la coustume fame ne puet succeder, par consequant ne son filz heriter, conme il a esté plus plainement prové. (Songe verg. S., t.1, 1378, 253). Sire roy, distrent les Hermins, Jhesucrist le vous veuille merir, qui vous ottroit bonne vie et longue. Et lors le roy Uriien appella Guyon, son frere, qui ja savoit bien les nouvelles de la mort du roy ; si en estoit moult doulent. Guyon, beau frere, dist le roy Uriien, tenez, je vous vueil heritier du royaume d'Ermenie et de la plus belle pucelle qui soit en tout le pays. C'est Florie, ma cousine, fille du roy d'Armenie, qui est alez de vie a trespassement. Or ne reffusez pas ceste offre, car elle ne fait pas a reffuser. (ARRAS, c.1392-1393, 142). Et quant Regnault oït qu'elle se humilie ainsi, si lui respont. Par ma foy, ma doulce amour, vous avez trop plus fait pour moy que je n'ay pour vous, quant vous me avez fait le don de vostre noble corps et herite [l. herité] de vostre noble royaume, et avecques moy n'avez rien prins que mon corps. Dont respond la pucelle : Par ma foy, monseigneur, le corps de vous vault mieulx que X. royaulmes et fait plus a priser, quant a mon gré. (ARRAS, c.1392-1393, 192). ...lequel lieutenant, presens lesd. hommes feodaulx, en vesti, saisi et herita led. de Susanne, achetteur (Trés. Reth. L., t.4, 1472, 361).

 

-

Estre herité de qqc. "Être pourvu de qqc. à titre d'héritage, posséder qqc. par voie héréditaire" : ...Loys de Nevers (...) se se traist [l. se traist] devers le roy, et calenga la conté de Flandres comme sienne, et dist qu'il en estoit hiretés par le mariage qui fu fait de la fille du roy Philippe et de luy. (Hist. chron. Flandres K., t.1, c.1342-1383, 328).

 

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Au fig. [L'héritage est un bien de nature spirituelle] : LE BOURREAU [au larron]. C'est tresbien dit, en verité. Or procede de mieulx en mieulx. Monte. Tu seras herité Ce jour au royaulme des cieulx. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 75). Quant le seigneur de bien m'herite Selon mon service et merite, Si bien je l'ay adés servy Et ce que j'ay ja deservy, Il me rend a prime ou complie, C'est loyaulté bien acomplie (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 44).

II. -

Heriter (à) qqc. "Entrer en possession de qqc. (un héritage ou un bien)"

A. -

Heriter qqc. : ...et aussi je n'ay nulz heritiers, et si sçay bien que, supposé que j' aye freres ou parens, il n'y auroit riens que heriter, car pour servir le roy et me acquiter loyalment je suis desnué de tous biens, meubles et inmeubles, dont Dieu soit loué, et l'en mercie (JUV. URS., Loquar, 1440, 366). Jugement don doien de Lorei d'une pairt, et de Collignon Potterel d'autre pairt, que bien dit coment gens d'ordre mendiant ne puënt heriteir par acquaist, ne par dons que une parsonne lour puist faire, ne ne doient avoir nul prolme for que lour maison ou il demourent, et que pour ce les appellent on gens mendiant (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1340], 189).

B. -

Heriter à qqc. "Entrer en possession de qqc. par héritage" : Madame, je scay pour certain que le Roy vostre pere a ung très beau filz, qui est vostre frere et doit heriter au royaume d'Amydoine premier que vous, par raison. (BUEIL, II, 1461-1466, 254). Mais la pluspart ne volurent souffrir que celle dame heritast à la seignourie, et [ en ] bailloient trois raisons : la premiere, que fille ne doit point heriter à sy noble royaume (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 109). Et ne fais nulle doubte que, avec grand et saige conseil et encores ayant la grace de Dieu, fut faicte ceste loy et ordonnance en France, que les filles ne heriteroyent point audict royaulme, pour eviter qu'il ne fust en la main de prince de nation estrange et pareillement d'estrangiers, car à grand peine les Françoys l'eussent peü souffrir. (COMM., II, 1489-1491, 256).

C. -

Empl. abs. : ...par la coustume des nobles nulles filles ne heritent en eschoite de costé, puis qu'il y ait hoir malle ainsi prés comme elles (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 220). ...et fit Dieu grand grace au royaume de France de ceste ordonnance, dont j' ay parlé dessus, que les filles ne heritent point : une petite maison en peult accroistre, mais à ung grand royaume comme cestuy-cy n'en peult venir que tout inconvenient. (COMM., II, 1489-1491, 258).

D. -

S'heriter. "Entrer en possession de qqc."

 

Rem. Doc. 1381 ds GD IV, 465b ("acheter un immeuble pour avoir droit de bourgeoisie").

III. -

Empl. intrans. Heriter qq. part. "Résider qq. part" : Pour acquérir perpetuel merite Et demonstrer qu'en vous tristesse herite, Lermoyez tous, sans faintisse et cautelle, Cueurs desolez. (LA VIGNE, Epit. Royne M.R., 1514, 116).

 

Rem. GD IV, 465b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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