C.N.R.S.
 
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     HÉLAS     
FEW V lassus
HELAS, interj.
[T-L : las ; GDC : helas ; AND : alas ; FEW V, 196a : lassus ; TLF : OX, 745b : hélas]

A. -

[Marque l'affliction, l'inquiétude, la douleur, le regret...] "Hélas" : Helas ! or me bas en tes las, Pris et rendu ! (MACH., R. Fort., c.1341, 45). Helas ! et je ne puis garir, Eins suis en paour de ma vie, Quant ses dous regars signefie Ma mort : c'est quant elle le tourne Ailleurs, dont trop griefment m'atourne. (MACH., D. Lyon, 1342, 161). Helas ! dolens ! et que vaut ceste attente, Ne ce qu'en vous ay mis toute m'entente, Quant je ne say, ma douce dame gente, S'il vous souvient Comment desirs pour vostre amour me tente, Comment il m'art et m'assaut et tourmente (MACH., F. am., c.1361, 156). Helas ! pour quoy vi je onques sa biauté, Son corps faitis ne son gracieus port, Ne son doulz vis rient, fres, coulouré, Ne ses vairs yex ? (MACH., L. dames, 1377, 64). Helas ! je sui de si male heure nez Qu'Amours me het et ma dame m'oblie, Tous biens me fuit, tous maulz m'est destinez. (MACH., L. dames, 1377, 71). Las, ma tres doulce amie, je sui le faulx crueux aspis et vous estes la licorne precieuse. Je vous ay par mon faulx venin trahie. Helas, vous m'aviez mediciné de mon premier crueulx venin. Or le vous ay je crueusement mery, quant je vous ay trayee et menty ma foy envers vous. (ARRAS, c.1392-1393, 243). Helas, ceste plaie a jà longuement duré sanz remede, et si n'y a ancor aucun qui l'ait confortée (BAYE, I, 1400-1410, 103). "Ma dame, je viens de veoir Madame vostre cousine." - "Helasse !" dist la royne, "maistre Hues, comment le fait elle ?" (LA SALE, J.S., 1456, 242). Helas, que je me vis coursé De la mort d'ung de mes nepveux ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 31). Helas ! g'y perdy mon manteau, Car je cuidoye d'une poterne Que ce fust l'huys d'une taverne. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 33). On a fait maintenent les cris Qu'on vaise avec les seigneurs, Lesqueulx par leur maulvaises meurs Ont fait juger Jhesus en croix Devoir pendre. Helas, queulx pleurs Et queulx doleurs ouyr telz voix ! (Pass. Auv., 1477, 182). Helas, helas, le grant malheur ! (Pass. Auv., 1477, 182). Helas, mon Dieu ; mon Dieu, helas ! (Pass. Auv., 1477, 199). Je y ay esté gruppé Au tresbuchet et bien jougny, Maintes fois m'y suis attrappé, Helas, j'en suis tout desgarny. (B. veoir, p.1480, 19). JOYEULX. Je suyveray bien ces santiers. BEAUCOP. Helas, je y ay eu tant de maulx... (B. veoir, p.1480, 19). Il est bien johan tout a droit. Helas, qui ne les congnoistroit Qu'elle voise en devotïon, Quant telle est leur entencïon Il n'y aura si bon couvent Qui ne soit visité souvent (P. Jouh. D.R., a.1488, 33). Et les pasteurs (...) Ainsi que gens matz, desconfis et las Diront entre eulx souventes fois : "Helas ! Or est il mort et pieça trespassé..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 316).

 

-

P. iron. : AFFRICQUEE. (...) Sus avant ! plutost que le pas, Marchez, vous venez a la dance. LE SOT. Helas ! Dieu te doint pacïence, Mon amy, tu en as mestier. (P. Jouh. D.R., a.1488, 40).

 

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Dire helas. "Se plaindre" : Et, le vendredi saint et aouré, vint et yssy du ciel plusieurs grans esclas de tonnoirre, espartissemens et merveilleuse pluye, qui esbahit beaucop de gens, pour ce que les anciens dient tousjours que "nul ne doit dire hélas ! s'il n'a oy tonner en mars". (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 226).

 

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Empl. subst.

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 15812.

B. -

[Semble marquer seulement la force du sentiment (par attendrissement, par soulagement...)] : JOHAN. Helas ! quel petit musequin ! JEUNE AFFRICQUEE. Suis je des mignotes fringans ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 23). LA FILLE. (...) Je ne sçay pas qu'est devenu Mon mal ; hellas, je suis guerye ! PERE. Du bien qui nous est advenu Loué soit la Vierge Marye ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 467).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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