A. -

"Manière, façon, aspect, apparence, état..."

1.

[À propos de pers., de choses...] "Manière, sorte, façon" : Pour un seurcot d'un veluyau ynde, ouvré de brodeure (...) c'est assavoir, brodé à arbreciaux fleuris dont les fleurs sont de perles menues et la grainne des grosses perles de compte, et à bestes appellées panthères, de plusieurs guises, toutes de perles grosses et menues, qui farclent [l. sarclent] un chardon de brodeure mis autour de chascun arbrecel. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 146). LE JOLIER. Lier le vous vueil (...) En la maniére qu'ay apprise. Est il lié de bonne guise ? (Mir. st Val., c.1367, 161). Item, selon ce l'en pourroit dire que aussi comme les sens naturelz des honmes et des bestes sont d'autre raison et d'autre maniere que l'entendement des intelligences ou des honmes, samblablement les sons sensibles sont d'autre guise et d'autre maniere que ne sont les sons celestielz lesquielz sont insensibles. (ORESME, C.M., c.1377, 478). ...car tous biens ne sont pas d'une meïsme espece ne d'une guise. (ORESME, E.A., c.1370, 115). Ce sot avoit tresbonne guise Car il se mesloit de tout faire. (Feste roys, c.1475-1500, 301). Je veuil bricoler Par tout bavoler, Rire est ma devise, Foler est ma guise... (Vig. Trib., c.1480, 226). MAISTRE PIERRE. Vous me rompés mes esperitz De me blasmer ma merchandise. LE SOT. Rien, rien, elle n'en vault pas pis Monstrés m'en tost d'une aultre guise. MAISTRE PIERRE. J'ay une recepte cy mise Pour (la) maladie des jaloux. (Dorib., p.1480, 248). LE SERGENT. Je suis ung membre de justice, Et devant moy le dementez, Et encore outre vous vantez Que vous mesme(s) le pugnirés ? Par sainct Jehan, vous l'amenderez, Et comment dea, esse la guise ? Je vous adjourne de main mise Contre Gaultier de relevee. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33). LE PRESTRE. Or ne scay jë en quelle guise Te servir, par sainct Pol l'apostre, Va t'en et dy troys patenostres ! (C. Riffl., c.1480-1520, 60). LA FILLE. Nous dirons vous et moy, beau pere, Deux motz a la nouvelle guise. (P. moyne, a.1500, 49).

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À/en guise de + subst. "En manière de, avec/sous l'apparence de, comme" : Parties prinses par Perrin de Paroy, broudeur et garde des garnisons de ma dicte Dame, pour faire un autre Paveillon en guise de Chambre, à tendre sus le lit de ma dicte dame. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 29). ...un pot à eaue en guise d'un serpent et une femme dessus tenant un languier (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 313). ...une petite salière d'or en guise de coquille (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 78). ...un homme vestu à guise d'escuier parla audit de Cessieres au devant de la maison d'un potier (BAYE, I, 1400-1410, 4). Ouvrez les yeulz maintenant de vostre cuer, et par le jour de vraye foy regardez cest enfant au jour d'uy nez : le veez vous ? Y pensez vous ? Il est en guise d'un jeune enfant couchié en la cresche des bestes (GERS., Noël, p.1404, 295). Mais elle ne le cognoissoit point ne aussi ne faisoit il elle, pour sa char qu'elle avoit tainte, et pour ce qu'elle estoit habituee en guise d'homme. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 266).

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À/en (la) guise de + subst. "À la manière de" : Entre la tente et la fonteinne, Ou venus estoie a grant peinne, En grant doubte et en grant peril Aveques le lion gentil, Ot un tapis d'uevre sauvage, Fait a la guise de Cartage, Ou il avoit pluseurs coussins De soie et d'or, riches et fins. (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Et assez tost lui furent les forces apportees, sy fist tondre ses cheveux et sa barbe en guise de fol, si que tuit cil qui le veoient en faisoient grant risee, combien qu'il fussent a meschief. (Bérinus, I, c.1350-1370, 75). Or just sus un fumier puant Tout seul, en guise d'un truant, Chargiez de rongne et de vermine (MACH., C. ami, 1357, 61). En guise d'escuier Roulant s'appareilla. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 157). Et il se deffendoient à guise de berrier. (Hugues Capet L., c.1358, 134). Il est monté amont en guise de guerrier (Galien D.B., c.1400-1500, 25). Où, à la guise et bon usage D'un mesnagier de bon courage, J'ay fait, construit et réparé Un jardinet, et tant paré De beaulx entons quelque petit, À mon plaisir et appétit (LA HAYE, P. peste, 1426, 162). ...car le Souldan a donné congié et licence aux Francs d'aler habilliez en guise de Sarazins pour leur seureté (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 41).

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De grande guise. "De façon intense, beaucoup" : Si lui en pesa de grant guise. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 179).

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En mainte autre guise. "En de nombreuses autres façons" : LE JUIF. D'iceulx [les chrétiens] avons beaucoup de biens, Supposé qu'ilz soyent noz contraires Et que nous soyons tributaires. A payer nostre marchandise, Or, argent, en mainte autre guise Grandement nous gaignons a eulx. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 81).

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En nulle guise. "En aucune façon, en aucune manière" : ...il n'est droiz en nulle guise Que de nulle rien vous moleste (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 83).

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En toute(s) guise(s). "De toutes les façons, en tous points" : Li rois (...) li manda que, se il soustenoit (...) monsigneur Robert d'Artois, il n'aroit pieur ennemit de lui, et le greveroit et porteroit damage en toutes les guises qu'il poroit. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 101). ...pareillement lisons nous de vous, o tres piteux saint Pol, que vous vous mu[i]ez et monstr[i]ez en toutes guises avec toutes personnes petites ou grandes, riches ou povres, princes ou estranges, sages ou foles, joyeuses ou tristes, amis ou ennemis, affin que vous les gaignissiez tous et toutes a Jhesu Crist. (GERS., P. Paul, a.1394, 507). ...pourveü, en toute guise, De toutes choses deffensables (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 202). De laquele noble franchise Dieu soit loé en toute guise, Qui donna aux gens tel povoir Que seurement, par franc vouloir, Ilz pevent accepter et faire Pluseurs choses ou leur contraire (LA HAYE, P. peste, 1426, 70).

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Par mille guises. "De mille façons" : Vous savez que trop nous y nuysent [les Anglais] Et sont trop prejudiciables S'i s'y logeoient, par milles guises Il nous seroient trop dommagables (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 230).

2.

[À propos d'un événement, d'une action...] "Manière dont qqc. se déroule, déroulement" : En ceste partie dit l'ystoire que tant erra Gieffroy qu'il vint a Mont Jouet en Guerrande, ou ceulx du pays lui firent grant feste. Et pour lors estoit venus Remonnet, son frere, pour informer Gieffroy du courroux que son pere avoit sur lui, et lui dist toute la maniere et la guise, du commencement jusques en la fin, comment leur mere estoit partie, et toute l'adventure, et comment elle avoit dit, au partir, qu'elle estoit fille au roy Elinas d'Albanie. (ARRAS, c.1392-1393, 268). Quel prouffit fait au prince bruit loingtain Et renommee en divers lieux acquise ? Vault il point mieulx avoir ung los prouchain Entre voisins qui congnoissent la guise ? (Lyon cor. U., 1467, 40).

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Guise commune. "Façon habituelle dont les choses surviennent ou se passent" : Mais, quant une riens vient hors bort, Un cas soubdain, qui tire a mort, Par moult estrange escheance Ou, sanz avoir quelque beance A aucun bien, et il survient, Ou de legier a bien on vient, Telz cas dis je que de Fortune Viennent, oultre guise commune (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 86).

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À la guise que. "À la façon dont" : Et cellui temps pendant, aucuns chevaliers et escuiers de cellui ost s'estoient alez esbatre vers icellui pont, et voient qu'il avoit environ XV. hommes, qui la estoient descenduz, et avoient les lances es poings, et mis les bacinez a la guise que ilz se armoient en la contree. (ARRAS, c.1392-1393, 100). ...et [Male Volonté] muoyt toutes ses contenances a tous ses signes, a la guise que fait l'imaige du miroir envers celuy qui le regarde : elle rit quant on rit, elle ploure quant on ploure. (GERS., Noël, p.1404, 306).

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De/par bonne guise. "De bonne manière, comme il faut" : Celle royne prinst des meillours Conseilliers, barons, gens d'Eglise, Qu'elle pot, et par bonne guise Et sainctement se gouverna (DESCH., M.M., c.1385-1403, 308). ...Mes gens vindrent, bien garnys de cordage, Ausquelz je fys fere hayes et arssons Pour tendre rets ainsi qu'est de raisons A tel mestier fere par bonne guise (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 460). ...et y mectés des espices, c'st assavoyr gingibre blanc, granne de paradis, du saffran et du sel par bonne guise (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 184). La table sera tantoust mise Et servye de bonne guisse, Le mieulx que fere ce pourra. (Pac. Job M., c.1448-1478, 195).

-

En (telle) guise que. "De telle sorte que, en telle manière que" : ...si attendi que li chevaliers fu prestz de lui, et adont il se destourna sur costé et fist voye au cheval, et au trespasser qu'il fist, Aigre lui getta un cop de si grant vertu, qu'il tronçonna l'espié en deux, et li cops descendi sur le col du cheval en telle guise, qu'il lui coppa tout oultre, si qu'il cheï mors a terre atout le chevalier. (Bérinus, I, c.1350-1370, 277). Garde que si hault soit assise En la charrette et de tel guise Que de touz puist estre veue Par quoy plus de honte hait eue De son meffait. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 160). Oste de moy concupissence et tout mal, en guise que je pense touz jours en toy. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 64). Adonc fut uns lerres pandus, Et, que il ne fust despandus, Fut la garde baillée et mise Sur un chevalier, en tel guise Que, se il le larron perdoit, Il seroit pandus la endroit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 132). ...si face qu'il hait son orjat pur et s'il le face pyler en guise que les grains demeurent entiers (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 196).

-

La guise + interr. indir. : Trop bien m'a divisé la guise Conment esprouver le pourray (Mir. fille roy, c.1379, 97). ...ci endroit devise Le commencement et la guise Comment les Amasones vindrent, Et comment leur royaume tindrent De ligne en ligne, sanz faillir, N'en estrange main tressaillir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 12).

3.

[Manière d'agir, de se comporter (propre à une personne, à un animal, à un pays, à une époque, à un milieu...)]

a)

"Façon d'agir, comportement, conduite (d'une pers., d'un animal)" : Il est tout vray, sans nulle doubte, Que je sceus la maniere toute Des alerions, et leur guise, La naturele avec l'aquise, Dou gibier la grant melodie, Et de l'affaitier la maistrie, Au meins de ce que m'en moustrerent Cil damoisel qui m'en parlerent, Dont li pluseur maistre en estoient, Si que mieus parler en savoient. (MACH., D. Aler., a.1349, 307). Et vraiement, il m'est avis, Quant j'eus consideré son vis, Son corps, son estat et sa guise, Qu'il se gouvernoit par franchise Et que de bonne renommee Ou d'onneur amoit mieus denree Que cent livres de son profit. (MACH., F. am., c.1361, 183). Il semble, quant tu vas la voie, Que tu penssez trestout adez. J'amasse miex qu'au jeu dez dez Ou auls tables te deportasses Qu'en tel guise te demenasses. Ta guise mue ! (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17). DIEU (à Satan). N'as tu point regardé la guise De Job et le gouvernement, Qui m'ayme si parfectement ? (Pac. Job M., c.1448-1478, 31). Et le roy lors dit : "Ha déa ! cele n'est nostre guise !" [De parler à qqn sans le regarder dans les yeux] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 179). Bien voy que fais contre la loy, Car ceste guise me menasse. Que mauldite soit la cabasse Qu'est cause d'ung si grand peché ! (Pass. Auv., 1477, 100). Et comment sot gouuernement Damp truant gras esse la guise A la Messe et au seruice De rire et de toy galler Ainsi hautement au moustier Ie ten puniray sans arrest. (Myst. st Martin K., a.1500, 321).

b)

"Mode, façons, moeurs..." : Adonc me mis en ce point de sçavoir Qui tel hure lui avoit eslevée : Elle me dist que la guise pour voir De faire ainsis estoit en la contrée (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 362). Or fu temps que j'apperceüsse Le fait et la guise sceüsse De la court (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 55).

-

En partic. "Façon de s'habiller, mode" : ...maint dame i ot qui d'amour fu esprisse, Et chevaliers vestus a la nouvelle guisse. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 48). -- Par ma foy, fait elle, il n'y avoit si petite de l'estat dont je suis qui n'eust robe d'escarlate ou de Malignes ou de fin vert, fourree de bon gris ou de menu ver, a grans manches et chapperon a l'avenant a grant cruche, avecques ung texu de soye rouge ou vert traynant jusques a terre, et tout fait a la nouvelle guise. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 8). ...S'un grans portoit mantel envers, Incontinent un vilain sers Aussy se prent envers porter Pour les bien nobles ressambler. S'un noble treuve nouvelle guise, Un savatier, giponnier nice, Un maçon et un vigneron Jamaiz nen feroient pas leur pron, S'ilz n'avoient fait robe pareille. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 29).

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Prov. Tant de pays et tant de guises : Tant de paiis et tant de guises. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

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À la guise du vieux temps. "À la mode du temps jadis" : Et dist Cersuelle, que, grant temps après, elle [la serpente] se mua en figure de femme [Mélusine] aulte et droicte, et estoit vestue d'un gros burel, et ceinte dessoubz les mamelles, et estoit affublee de blans cuevrechiez a la guise du viel temps. (ARRAS, c.1392-1393, 309).

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À la guise d'un pays. "À la mode d'un pays, selon la coutume d'un pays" : Lors orent les Hermins si grant joye que ilz ne porent plus, et se agenoillierent devant lui et lui baisent la main a la guise du pays. (ARRAS, c.1392-1393, 142). ...le comte de Pedracq voloit mener Liryope sa compaigne, qu'il avoit espousee a la guise de leur paÿs a celle feste, veoir la cité de Perdracq (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 55).

c)

"Coutume, habitude" : Sachiez le pape y trouverons ; Car faire y doit le Dieu servise Et le saint cresme : c'est la guise, Pour ce qu'il est le jeudy saint (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 81). Un anel de fin or me tent Et par fine amour le me mist Ou doy et a lui me soubzmist, Car c'est sa guise et son usage Que, quant femme va en message Vers lui, tant soit ou povre ou riche, Un anelet ou doy lui fiche, S'en sa court la veult retenir. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 38). C'estoit leur guise et leur maniere, Quant grant desplaisance pleniere Leur sourdoit, tous leur paremens Et leur nobles aournemens Laissoyent, et robes de dueil Prenoyent jusques a leur vueil En fussent bien venus a chief, Puis les prenoyent derechief. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 5). Freres, ce n'est pas nostre guise De fuïr pour mort ne pour paine ; Car la turbacïon mondaine Donne le repos pardurable. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 137). Mes freres, puisque c'est la guise, Allons luy tenir compaignye Et demeons joyeuse vie. (Pac. Job M., c.1448-1478, 238). Je veuil bricoler Par tout bavoler, Rire est ma devise, Foler est ma guise... (Vig. Trib., c.1480, 226). Processions, banieres, conphanons, Reliquaires, grans ornemens d'eglise Et gens de ville dont je ne sçay les noms, Vindrent vers luy ainsi qu'on scet la guise. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 155). Tantost qu'il eut passé ce dit marché Et qu'il eut fait son devoir a l'eglise Ainsi qu'il est de coustume et de guise, On le mena souper a l'evesché. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 199).

d)

"Façons d'agir (propres à une profession), ici procédures ou procédé de fabrication" : ...Quant il en son pais sera, .III. ou .IV. ans escoutera En parlement ou es assises Pour la pratique, pour les guises Sçavoir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 72). -- Or me conte du sel la guise ; Comment se fait-il ? -- Par chaufer : Ly ung souffle et l'autre ratise Dessoubz grans chaudieres de fer. (TAILLEV., Dial. voiage St Glaude D., c.1430, 57).

4.

"État, situation" : Mon seigneur, l'estat et la guise De toute Flandres trop bien sçay (Mir. march. larr., c.1349, 100). La arrivent tous grans seigneurs Les ainsnez et les jouvigneurs, Il ont argent, encore en veulent, Et dient que plus avoir seulent Chevaliers, bourgois, gens d'eglise, Clercs, marchans, peuple de grant guise, Et de femmes y a grans presses, De povres et de grans maistresses Et de gens de trestous estas (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 78).

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"Statut, rang social, état" : Chevaliers, bourgois, gens d'eglise, Clercs, marchans, peuple de grant guise (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 78). Car la a gens de tous estas : Chevaliers et nobles a tas, Clercs et bourgois de toutes guises (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 137).

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En la guise de qqn. "À la place de qqn" : Telz vuilz estre a tous ceulz qui me rendent servise Com vuilz c'om me feïst se j'estoie en leur guise. (Gir. Ross. H., c.1334, 188).

B. -

"Manière qui est au goût de qqn, goût, volonté propre"

-

Male guise. "Volonté mal orientée, caprice" : O faulx jenne duc de Bourgoigne, Remect ton seignieur en franchise Et n'aies honte ne vergoigne De reprimer ta male guise [Le duc a livré le roi de France au roi d'Agleterre] (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 119).

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À sa guise/à ses guises. "Selon son goût, selon sa volonté" : Delivrez vous et l'ordenez (...) A vostre guise. (Mir. Berthe, c.1373, 169). Et lors Josselins, ly faulx traitres, dist a ses compaignons : Or sommes nous venus a chief de nostre entencion. Le nepveu du roy est mort et Hervy, s'il est tenu, ne puet eschapper sans mort. Or ferons nous du roy a nostre guise. Ne nous mouvons tant que Hervy soit esloingniez, et puis nous ferons une biere de perches, et le couvrerons de ramssiaux, et porterons le corps devers le roy, en lui disant comment Hervy de Leon a murdry son nepveu en trahison. (ARRAS, c.1392-1393, 58). Et ceulx lui font admener le duc d'Osteriche, et le conte de Fribourc, et VJ. autres contes, et lui baillent, et lui disent : Dans roys, veez cy voz ennemis, faictes en a vostre guise. (ARRAS, c.1392-1393, 287). ...fortune, qui tout desguise Et fait et deffait a sa guise (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 9). Et des qu'il a la pensee conquise Et ou logeis sa droitte merche mise, Il y veult faire aussi bien a sa guise Qu'en sa maison. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 160). Mais marchans, ce devez vous croire, Ne font pas tousjours a leur guise. (Path. D., c.1456-1469, 58). ...chescun [le roi de France et le duc de Bourgogne] voloit aller devant pour y establir [dans l'évêché de Tournay] prelat a sa guise (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 215). Et s'i vous baillayez deux preux En fait d'armes et vaillantisse, Vous demeurez la tous honteux Et n'en pourez faire a voz guises (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 302). O, mon enfant, fais a ta guise ; Je ne te vueil pas contredire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 170). LE GENDARME. Maistre moyne, chantez toujours Et faictes bien a vostre guise, Car voz champs tourneront en pleurs, Se je viens a mon entreprinse. (P. moyne, a.1500, 49).

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À la guise de qqn. "Qui correspond au goût, au désir de qqn" : Petit mercier, petit panier ! Pour tant se je n'ay marchandise Qui soit du tout a vostre guise, Ne blasmez, pour ce, mon mestier. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 480).

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Estre à sa guise. "Être dans un état qui correspond à ce qu'on souhaite" : Comme j'oye que chascun devise : On n'est pas tousjours a sa guise ; Beau chanter si ennuye bien (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 322).

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[À propos d'une chose] À guise. "En abondance" : Ainsis est l'ame nettoiée Des taiches dont fut ordoiée Du pechié, du sang omicide, D'envie qui n'a frain ne bride, De l'orde puour de luxure, De la legiere pourreture Et du fiens de couvoitise, De l'ort moustre [ l. menstre ] qui flue a guise D'une vile et orde singesse Que pour horreur declarer lesse. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 219).

C. -

"Manière de déguisement, déguisement" : ...ilz trouverent pluseurs compaignons, les aucuns en habit de guise et les autres non (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 19).

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En guise de + subst. "En manière de, sous l'aspect, le déguisement de" : Ce terme pendant, vint messires Robers d'Artois en Engleterre, à guise de marcheant, qui estoit descaciés dou roy Phelippe de France. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 105). Et li dis messires Guichars, en ghise et estat d'un povre capellain, tout deschiré et mal monté, rapassa parmi France les marces de Bourgongne et d'Auvergne. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 109). Item, un autre nommé Loys de Droudeler, et est Zelomdois, et demeure à Droudeler, et va souvent ou royaume de France en guyse de marchant de draps et de chevaulx, et est communement au lendit et au mi-quaresme à Compiengne, et doit retourner à Calais en guyse d'ospitalier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 384). ...[il] s'acointoit des riches homes, et aloit disner et mengier avec euls et en leurs maisons, et enquestoit grandement de leurs estas, et mis grant paine, avant ce que il fu pris, à veoir les prisons du roy ; et si n'avoit denier ne maille, et aloit à piet en guyse de varlet ou de garçon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 386). ...et fist son département en guise de moisne et ainsi habitué. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 89). ...j'eschappay en faisant la morte et trouvay la dame, qui me garist et me vesty a guise de valeton afin que je ne fusse recogneue (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 346). ...il regardoit son curé estre habillé en guise de mommeur. (C.N.N., c.1456-1467, 532).

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Se mettre en guise de. "Prendre l'apparence de" : Quant Gadiffer vey que cest ennemy se estoit mis en guise de une femme pour le decevoir, il en fut moult esbahi (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 19). Elle se mect en guise de dame bien paree et bien acoustree, fors que devers les piedz, et s'en revient. (LA VIGNE, S.M., 1496, 480).

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Se transfigurer en guise de qqc. "Se transformer en qqc., prendre la forme de qqc." : ...et bien leur sembloit qu'elle [Mélusine] avoit esté moult belle, et l'autre heure retournoit le visaige devers le feu, et gueres de temps ne se tenoit en un moment. En celle freour dist Cersuelle qu'il demoura jusques a une heure prez de jour. Lors se transfigura en guise de serpente comme devant, et s'en ala debatant de sa queue autour du lit et sur leurs piez, sans nul mal faire, et puis dist qu'elle se party, et la perdy si soubdainement qu'il ne scot oncques par ou. (ARRAS, c.1392-1393, 309).