C.N.R.S.
 
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     GROGNER     
FEW IV grundire
GROGNER, verbe
[T-L : groignier ; GDC : grognier ; DEAF, G1443 groignier ; AND : groigner ; FEW IV, 291a : grundire ; TLF : IX, 535b : grogner]

I. -

Empl. intrans. "Grogner, murmurer, ronchonner" : Et vous estes celluy qui grongne Au revenir, tance et menace ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 122). ...elle lui rechignera et groingnera, par quoy bien pourra apercevoir qu'elle sera en sa male grace et haine (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 105). TESTE LIGIERE. Qui dit ? SOCTE MINE. Qui grogne ? TESTE LIGIERE. Qui grumelle ? (Sots, c.1480-1500, 264). Il pent, il fent, il gringne, il grongne, De brocq, de hocq, de quant, de hanse (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 239). Vien ça, vien ! Ce paillart garçon Enmayne au retraict, Sote Troigne, Et luy recorde sa leçon Telle qu'il appartient, s'il grongne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 280).

 

-

Grogner de qqc. "Se plaindre de qqc." : Hors vous convient aller souvent pour besongnier. Non pour quant se devés de chou dedens songnier, Car tout dépent de vous, bien le puis tiesmoignier ; Se défautes y sont, vous en devés grougnier. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 155). On doit dou sien warder et jour et nuit songnier, Car chil qui le leur pierdent, en doivent bien grongnier. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 18).

 

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[Loc. à valeur concessive.]

 

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Qui qu'en grogne. "Que cela plaise ou non" : Le tres noble duc de Bourgoigne, A qui qu'il plaise ou qui qu'en groigne, N'est il alez or en Bretaigne Mettre accort, comment qu'il empreigne, Entre les barons descordans Entr'eulx, de gouverner ardans, Pour ce qu'ilz ont jeune seigneur ? (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 159). S'ilz resistent heure ne demie, Mal ira, je croy, de son fait, Car ens entrera, qui qu'en groingne ! - La Pucelle lui a promis. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 38). Et se la folle ne s'esloigne Elle pourra venir cy (a)pres, Qu'elle y demourra, qui qu'an groigne, Et ceulx qui la suyvent apres (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 448). Quant ung homme n'a voulenté De faire aulcune grant besoigne (...), s'on le contraint, qui qu'en groigne, Il se fait fort tirer l'oreille. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 66). Par Dieu, nous jouerons qui qu'en grongne Et nous deüst on enterrer. (Sots Magn., a.1488, 198).

 

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Quel qui en grogne : Pour mieulx faire nostre besoigne Nous fault aller par la Sauloigne Pour Orleans boucher le passaige ; Que de vivres, quel qui en groigne, N'en aront nulz, je le tesmoigne (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 151). ...et par mon Dieu, se tu ne te lieves vistement, je te pourfendray tout, quel qui en grongne. (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 182).

 

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Quoi qu'on en grogne. "Quoi qu'on en dise" : LE GAUDISSEUR. Quant je me trouvë a l'estroit, A plaisance tirer ung traict, Homme n'en crains, quoy qu'on en grongne. (Gaud. sot, c.1450, 8).

 

Rem. Cf. DI STEF. s.v. ?, 415b ; voir aussi grocer.

II. -

Empl. trans. Grogner qqn. "Quereller, gronder qqn" : Fortune tousjours me groingne, Et ne fait riens que tanser (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 415). Se je faulx, ame ne me grongne ! Je suis a moictié hors du sens. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 337).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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