C.N.R.S.
 
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     GREVEUX     
FEW IV 264b gravis
GREVEUX, adj.
[T-L : grevos ; GD : grevos ; DEAF, G1356 grever (grevos) ; AND : grevous ; DÉCT : grevos ; FEW IV, 264b : gravis]

A. -

[D'une chose]

 

1.

"Qui est pesant, lourd ; qui est pénible à supporter"

 

a)

[D'une charge] : ...en disant que por che que l'assise ottroiée par nous, qui est à présent levée en la dicte ville, laquele il ont encore à tenir de la saint Jehan prochain venant en un an, est moult greveuse, et les gens de la dicte ville désiroient (...) que nous leur vossissions modérer la dicte assise (Doc. 1334. In : A. D'Herbomez, Le Moy. Âge 11, 1907, 80). DIGULLEVILLE À JÉSUS. Ton faiz qu'entens n'est pas greveuz Aus porteurs de penitance, (...) Quar leur labeur et leur painne Ne seroit que chose vainne Se les commandemens qu'as faiz, Que ci tu appeles ton fais, Ne portoient (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 201). Car je vous pourroye bien tant chargier que vous avriez cause de moy tenir pour outrageux, et que mon conseil vous donroit charge et si grant nombre de faix et si greveux que vous desepereriez de trop grant ferdel, pour ce qu'il vous sembleroit que vous ne le pourriez tout porter ne acomplir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 116). Pour ce que mes iniquités sont surmontés mon chief, et si comme charge greveuse sont agrevés sur moy. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 96).

 

b)

[D'un état, d'un événement] : Mais doulcement nous reconforte Jhesu Crist en ceste bataille Qui dit ainsi : «Qu'il ne vous chaille Se de cest monde estes haïz. Quant plus en serez envaïz, Souvienge vous es malx grevous Qu'il me haït avant que vous, Mais je l'ay vaincu sans doubtance.» (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 113). Royne des cieulx, je feray De cuer tout ce qu'il vous plaira : Ja si male estre ne sara, Si greveuse ne si penible Qu'en amoureux vouloir paisible Je ne la porte. (Mir. prev., 1352, 264). ...vous faisoms savoir q'a la fesance de cestes noz lettres nous estoioms par la grace de nostre seignur en bone sauntee du corps et en toute quiete, aise et prosperitee, si ne feusse le grevous pesantie de la mort de nostre treschiere compaigne la Roine (Lettres agn. L., 1369-1412, 48). Ha, pechiez, que doulce et legiere chose estes de fere, et tres greveuse et perilleuse estes de issir (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 67). Encore nous estoient propices et comme neccessaires ses anciens jours, trop tost faillis, aux ordennances politiques de cestui reaume, demouré presentement amortiz de joye et reampli de tenebres es clers jours de may, tous soulas remis pour matiere de dueil entre les princes à bon droit adoulez, noir vestus, en plains et plours, comme de perte singuliere et greveuse de tel appuial vaissel de senz, conseil, confort, aide et secours du bien publique... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 110). ...et deux jours ains son trespassement, tout eust-il passée moult greveuse nuit, lui levez et vestus va regarder ses chambellens et tous les autres serviteurs et phisiciens, qui estoient tous esplourez, adonc leur prist à dire... (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 184). Ceste greveuse maladie Me maine douleureuse vie. Je me deschire, je gratigne, Je me defripe, je rechigne, Elle me runge, et point, et mort ; Mielx venist que je fusse mort. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 150). Car quant je suy en greveuse penance, Ilz reçoyvent, que mal jour leur doint Dieux ! Autant de bien que j'ay de desplaisance (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 28). Ha homme ! une joye soudaine, Voire une joye orde et soubite, Te met en la prison de paine, Ou tourment greveux te labite. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 206). Et en ce mesmes temps fut pris par justice a Lille et mené a Tournay ung herese (...). Se prisoit estre meilleur que nul saint (...), et pluseurs aultres choses abhominables proferoit et semmoit par tous lieux (...), et dont la souffrance et permission de vivre et de frequenter par entremy le povre petit peuple estoit greveuse, inreparable. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 227). D'une voix gemissant piteuse, D'un cuer plain d'ennuys innombrés Et d'une chiere peu joyeuse, La noble dame et gracïeuse S'agenoilloit devant Nature, Faisant la complainte greveuse Qui est yci en l'escripture. (Chev. dames M., c.1462-1477, 84).

 

2.

"Dont il est difficile de venir à bout"

 

a)

[D'une forteresse] : ...les assiégés avoient fait un fort bollevert, moult avantageux pour la ville et greveux beaucoup aux assiégeans. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 154).

 

Rem. Doc. 1370 (Pour ce que elles sont en places males et greveuses a edifier) ds GD IV, 354b.

 

b)

[D'une maladie] : [L'autre maniere de roinhe si s'apelle roigne volante] Ceste est encore plus greveuse de garir. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 117).

B. -

[D'une personne, d'un aspect de la personne] "Qui est dans un état pénible, douloureux" : Trop est crueus li maus de jalousie Et trop greveus qui en est entrepris : On en perd scens, maniere, courtoisie, Pais, joie, amour, raison et tous delis Dont tous frans cuers puet estre resjoïs [Ex. douteux. D'apr. Hoepffner, l. grevez "accablé, affligé" ; il faut en effet lire grevés (vérifié sur le ms. BnF fr.22546, f° 50 v° par Gilles Roques)]. (MACH., L. dames, 1377, 67). A l'ame greveuse, Au corps perilleuse, Au cuer chagrineuse, A l'onneur doubteuse, Aux biens dangereuse, Et au courage martire (CHART., L. Paix, a.1426, 413). ...et l'ennemy esperit de jalousie, plus que nul autre greveux et tourmentable et sans nul repos (...), commença a sentir (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 631). He Dieux, que j'ay le cueur greveux, Quant me souvient des maleureux, Qui blasphement Dieu en leur bouche, Et qui gectent maint grant reprouche Contre Luy, dars pour le blecier, Pour le navrer ou crucier. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 558).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

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