C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     GRIPPER     
FEW XVI 76a *grîpan
GRIPPER, verbe
[T-L : griper ; GDC : gripper ; DEAF, G1391 grifer ; FEW XVI, 76a : *grîpan]

I. -

Empl. intrans. "Monter en s'aidant des mains et des pieds" : Mais a l'heure qu'il vint devant Salhadin, lez Sarrasins assailloient la cité et ja estoient pluseurs grippés sur lez murs quant Belyan salua Salhadin (Saladin C., c.1465-1468, 64). LE PREMIER SATRAPE. Montez, ribaudaille, montez ! LE SECOND SATRAPE. Gripez, tuez, rompez, froissez ! (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.5597).

 

Rem. Gloss., Paris B. N. lat. 7684, 1425-1450 (encontre remper ou gripper : obrepo) ds GDC IX, 726b.

 

-

[Dans un contexte grivois] "Faire l'amour (?)" : ...Car j'ay par cy devant tant monté, tant grippé, Et tant au bas mestier je me suis occupé Qu'en la fin de mes jours je me trouve pippé, Mais je, la merchy Dieu, suis de mort escapé. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 777).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Escalader, grimper" : La du flaiol et de la pippe, Ou d'ung petit festu de blé Talye joue et pastour grippe Le mont (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 152). C'est a entendre que les meschants hommes qui gripperent es montaignes pierreuses pour le deluge, il [Deucalion] nourrit et soustint, tant que le païs se repoeupla. (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 96). Et Renom et ses compaignons, qui assailloient de l'autre cousté, gripperent et eschallerent sur piez la muraille et tant firent qu'ilz entrerent dedans le chastel et crierent «Chastel gaigné !» (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 78). Salhadin, veant le chemin fort et penible, les montaignez d'environ terriblez a gripper et le pays d'entour si fort qu'on ne povoit trouver aultre chemin, ne se volut mie du tout fier en sa parolle. (Saladin C., c.1465-1468, 117). ...ilz firent sonner à l'assault, dreschier eschielles, longue [sic] pièches de boix et perches, et, par l'avantaige qu'ilz trouvèrent d'une grande large dosse eslevée sur picques, les Allemans, fort usitéz de ce faire, grippèrent à mont la muraille comme chatz affaméz (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 343).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : Car se Dieu les seuffre en hault gripper, flourir et triumpher [les puissants], pour tant ne sont seurs qu'ilx ne trebuchent (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 162). Ne vault il mieulx aler seurement le plain chemin que hault griper et se rompre le col ? (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 284).

B. -

"Saisir, s'emparer de" : J'ay tant pillié, et tant grippé, Que maintenant suy rice et plain. Pour tant, veul estre emancipé Et mis hors de soubz vostre main (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 264). Chascun me court et chascun me discipe, L'un me traveille et l'aultre m'anticipe, L'un me degaste et l'aultre me destruyt, L'un prent mes biens, I'autre mes joyaulx gripe, Comme on feroit d'une meschant guenyppe, Par telz façon que n'ay fueille ne fruyt (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 112).

III. -

Part. prés. en empl. adj. "Qui saisit" : Je dy que tu peus estre chaste, Ou d'aultre vertu renommé, Et neantmains, pour ta gripant pate, Seras de larcin diffamé. (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.3, 1440-1442, 125).

REM. Cf. dans K. Baldinger, Die Faszin. der Sprachwiss., 1990, 158 et DEAF, G 1391, les différentes hypothèses pour le passage de gripper à grimper. Le type grimper semble attesté seulement à partir 1495/1496, ds un texte de VIGNAY. V. grimper.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

Fermer la fenêtre