A. -

"Grandeur"

1.

Au propre "Grandeur (physique)"

a)

[À propos d'une chose] : ...et le fist fort et grans [le chasteau] car il tenoit plus d'on bonnier de grandeche. Et y fondat dedens une capelle en l'honneur de saincte Katherine (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 64). [Var.] Par celle science les sages De jadis, es anciens aages, S'efforcierent, par soubtillece, De trouver du ciel la grandesse Et de la terre, et la haulteur D'entre .II., si com maint aucteur Le dit, et d'autres choses maintes Les proporcions ont attaintes. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 118). [Une épaisse nuée :] "Maintenant, voy et congnois que mon excellence est moult grande, car, pour ma grandesse, les planetes ne peuent luire ou monde quant je me veul mettre et eslever en air..." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 91).

b)

[À propos d'une pers.] "Taille, corpulence" : Je vous di sur m'arme que je sui filz au roy de Gramanie qui a nom Corsus, et est si grans qu'il a .IX. coutes de longueur, et est preux et hardiz selon sa grandesse, et ma mere si est grande a l'avenant de lui. (Bérinus, I, c.1350-1370, 267). ...ilh estoit desmezuréement fors et ly plus poissans chevaliers de corps, de membres et de grandeche de stature, qui fuist en ce paiis. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 41). Plus vivoient de char et de lait que de froument, et moult entendoient a chacier sauvaigine que ilz mengoient : c'est une viande qui donne force a homme et grandesse de corps et de membres, dont ilz estoient aucques apparans (Faits Romains M., c.1400-1500, 315). Et quant Geffroy de lui s'apresse, Merveille soy de sa grandesse ; Mais oncques n'ot de lui paour Pour sa grandeur (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 218).

c)

ASTR. "Taille, magnitude" : Les grandeces des cors celestes sont 14. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 69).

2.

Au fig. "Grandeur, importance"

a)

"Grandeur, magnificence" : Magnificencia (...) : magnificence, grandesse (Aalma R., c.1380, 243). Coliseum fut I temple de la Lune et del Soleal (...) chis temple fist Virgile de grant bealteit et de mult grandeche, et diverses cavernes convenables ; et astoit tout coviers de unc chiel de erain doreit, par où les tonieres et les allumeurs et les clarteis venoient, qui se fasoient par buses de plonc subtils (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 70). ...les cérémonies [de l'enterrement du duc Philippe] estoient grandes, grandes en coust et en missions, grandes en singulière grandesse de les monstrer, et grandes en singulières dévotions et prières (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 233). Bien toutesfois est et doit estre une maison de France trop plus grand chose que d'un duc de Bourgongne ; mais la grandesse n'y fait point tant que la manière du faire, qui est pratiquée et mise en sa forme par avis. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 371).

b)

"Grandeur, importance, poids" : Car amis selonc ceste amisté s'a selonc un samblant de sourhabondance en amant, se on regarde la grandece et la quantité del amour [l. de l'amour] (ARKEL, Art d'amour P., t.1, c.1350, 80). Magniloquium (...) : grandesse de parole (Aalma R., c.1380, 243). La grandesse de mes pechiez te constraint elle a ce que tu ne vuelz et te deffent a ce que tu puez ? (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 55). ...car par grandesse de pechiez ne te puet vaincre (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 57). Si fut le duc [de Bourgogne] bien curieux droit cy de respondre bien, et tant a l'advenant de la renommee qu'il portoit en ceste matere comme a la grandesse de la matere (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 289). Aussi selong la grandesse du cas [le duc de Bourgogne] leur donna [à ses ambassadeurs] leurs instructions graves et pesandes, et tressainement degirees comme la matere le requeroit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 298).

B. -

[À propos de l'âge]

1.

"État d'adulte, âge adulte" : Aussy vous tenez vos enfans Tant doulz nourris et tant fryans, Tant bien vestus en leur jeunesse Que, quant ilz viennent a grandesse, Ne scevent passer chault ne froit, Ne veande qui doulce ne soit. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 25).

2.

Grandesse d'age. "Grand âge, vieillesse" : ..et d'emprendre avecques luy le voyage (...) non obstant tout affoiblissement de corps par maladie, grandesse d'eage et de vieux jours (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 458).