[Compar. de grand ; le compl. du comp. est introduit par que ou de ; il présente les différentes valeurs du comp. latin]

I. -

[Correspond à grand I]

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[D'un lieu, d'un espace] "Plus grand, assez grand en surface, en étendue" : ...Nostre orïent tousjours devise Le ciel en .II. deulx egaulx parties Qui fussent autrement parties, Se la terre eüst quantité D'aucune sensibilité Vers la grandeur du firmament, Quar greignour fust, se Dieu m'ament, La part qui ne fust pas veüe Que celle sur terre apparue. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 101). Et ly quens et ly enffes n'y ont fait nul demour, Aux dames sont venus ens ou pallais gregnour (Tristan Nant. S., c.1350, 234). Et la sont les logis greigneurs Comme pour les plus grans seigneurs : Pour papes, empereurs et roys, Pour leurs estas et leurs conrois, Et pour prelas de Sainte Eglise (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 130). Dame, nostre logeis est pris, Vous pouez hardiement descendre ; L'en pourroit bien logier en mendre Qu'il n'est et aussi en greigneur (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 65).

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[D'un objet] : Et si dira: " Encor je vueil Une fustaine, monseigneur, Et me fault un mantel greigneur Que je n'ay, a droit fons de cuve..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 44). Et ès greigneurs vaisseaulx de guerre fait-on à la foys tours et barbacanes, affin que, ainsi que on fait des haulx murs, on puisse getter contreval et navrer et occire. (BUEIL, II, 1461-1466, 56).

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[D'une pers., d'un animal] : En ceste meismes contree [contree] vi je en la Grant Mer une maniere de poisson a eschalle faite comme .I. lymaçon, qui estoit bien greigneur de tour que le cerne du portal de l'Eglise saint Anthoine de Pade (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 41). ...je voy leuc le greigneur Senglier qu'onques mais je veisse (Mir. roy Thierry, c.1374, 298). ...car tout est d'une saveur et espece, fors tant que la barbue est plus petite, et le turbot greigneur et meilleur. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 242).

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[Pour exprimer une totalité] Du graindre jusqu'au moindre : ...et la les firent despouiller de tous leurs habiz, du greigneur jusques au mendre, puis les vestirent de aultres tresriches vestemens et nouveaux habis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 92).

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[À propos d'une pers.] De graindre taille. "D'une taille plus grande" : ...Et si estoit de grignour taille Qu'il ne fust de ce temps, sans faille, Que premiers chevalier le fist. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 232).

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Plus graindre : [Var. XVe s.] ...Plus hault de luy, ne plus grigneur (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 4068).

II. -

[Correspond à grand II]

A. -

[Correspond à grand II A]

1.

[D'un subst. désignant une quantité (de)] : La est trouvee miex et en greigneur habondance une liqueur qui est apelee "magne" qu'en aucune autre terre qui aujourd'ui soit el monde. (VIGNAY, Merv. Terre Outr. T., c.1331-1333, 8). Tant fist et tant procura ce duc d'Irlande, et tant prescha le peuple et les chevaliers et escuiers de la terre de Galles et des contrées voisines, que la greingneur partie le creoient (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 49). ...si ne pouoit il jouer au gré du monde ou du peuple, qui est en la greigneur partie tout bestial et maucongnoissant (Bouciquaut L., 1406-1409, 344). Car user de propre sens compecte a vie singuliere et monostique, et soy regler au jugement de la greigneur part est regime politique et civil. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 105). Quant il tint ses XX pieces d'or, luy promist de bien faire la besongne ; mais aultrement l'entendoit, car avec Robinette esperoit d'en despendre la greigneur partie, tant espris en estoit (Nouvelles inéd. L., p.1452, 40). ...toutesvoies n'estoit vestu encores que de noir, ensemble toute la greigneur part de ses gens. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 188).

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[...une collectivité] : ...tantos ala a Rennes, qui est la grignour chité apriés [Nantes]. (FROISS., Chron. D., p.1400, 464).

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Graindre en richesses. "Plus riche" : ...Et dois tenir la droite voie Que Job tenoit, quant essilliez Fu et si mal aparilliez Qu'il perdit tout, c'est chose voire, Fors que le corps et le memoire, Comment qu'en richesse signeur N'eüst en Oriant gringneur ; Or just sus un fumier puant Tout seul, en guise d'un truant, Chargiez de rongne et de vermine... (MACH., C. ami, 1357, 61).

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[D'une réalité quantifiable en valeur] : ...il li plut qu'en la contree Levast un general treü, Greignour qu'onques n'avoit eü. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 27). Les despens seront ci greigneurs Aux chevaliers qui y venront Qu'en autre ville ne seront: C'est mon propos. (Mir. Amis, c.1365, 46).

2.

Empl. subst. [Dans l'ordre du temps] Les graindres. "Les Anciens" : Qui est cil qui ne scet que il est diverses senefiances des songes, les quelles et usage appreuve et l'auctorité des greigneurs conferme ? (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 148).

B. -

[Correspond à grand II B]

-

[D'une action, d'une manifestation] "Plus fort, plus intense" : Ce scens tieng pour bel, et pour gent L'autre scens : a bien besongnier, S'en y a cause d'engingnier Aucun et faire le couvient, Je di et croy que trop mieus vient Engingnier le propre engingneur, Pour faire engingnement gringneur, Que le simple qui ne barguigne Engingnement et riens n'engingne. Ces deus scens bon tenir feroit, En cas qu'engingnier couvenroit. Or vueil prouver les autres poins, Tandis qu'il en est temps et poins. (MACH., D. Aler., a.1349, 362). Chascuns samblant d'amour li monstre, Et li firent feste gringnour Qu'à leur droit naturel signour. (MACH., P. Alex., p.1369, 48). Je pense et si croy que greigneur, Plus noble, et assez plus honneste Sera par devers vous la feste Que cy endroit. (Mir. Berthe, c.1373, 158). Sy s'en vint a luy et lui fist la gerigneur feste du monde. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 326).

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[D'un son, d'un bruit] : Le chevalier estant sus sa garde ouy par la forest la greigneur noise du monde (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 888).

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Empl. adv. "Plus intensément" : "...Je croy que Dieux est Sarrazins ; S'il estoit leurs germains cousins, S'est il assez de leur partie ? Veez comment il nous guerrie." Bremons flote parmi la mer ; Si le fait gringneur reclamer Que sa merci li faut atendre ; Autrement ne se puet deffendre. Einsi fortune le demainne En grant peril et en grant peinne. (MACH., P. Alex., p.1369, 113).

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[De paroles, de propos] "Qui produit le meilleur effet" : Vous ne voulés pas que je mente (...). Acoustés ; veocy le greigneur Compte que vous oystes onques. (Mère Ofic. T., c.1500, 116).

C. -

[Correspond à grand II C]

-

[D'une propriété] "Plus important" : Verités est que depuis que la cité de Romme fu fondee et que Romulus l'ot compasee et edifiee a l'aide de Romus son frere, l'en n'oÿ onques parler de cité de greigneur dignité ne de plus grant noblesce. (Bérinus, I, c.1350-1370, 3). ...vous devez bien avoir esperance que encores avrez vous greigneur pouoir que oncques vous n'eüstes a nul jour, car je suis certain que Milie la damoiselle de Romme qui vous aime de bonne amour, vous prendra a mary et vous fera seigneur de son empire, puis que l'empereur est mort. (Bérinus, II, c.1350-1370, 155). Quelle beneurté est greigneur que celle dont les princes sont transportéz de richesces a richesces, de delices a delices, de gloire temporelle a gloire pardurable ? (FOUL., Policrat., IV, 1372, 76). Adont ce conte Regnault de Guerles dont je parolle, mist ensamble de son meilleur conseil et de ceulx que il amoit le mieulx et esquelx il avoit la greingneur fiance, chevaliers et clers, et leur dist et descouvry son entente (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 146). Ainsi la sage dame usera de ceste discrete dissimulacion et prudent cautele, laquelle chose ne croye nul que ce soit vice, mais grant vertu quant faicte est a cause de bien et de paix et sans a nul nuire, pour eschiver greigneur inconvenient. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64).

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Graindre besoin : Dont commença le roy a jurer, en maniere d'omme desvé, que la chose seroit prouchainement vengiee, et lui dist: "Vassal, se vous m'avez abatu, pour ce ne m'avez vous pas conquis ne vaincu, ains avez greigneur besoing de vous deffendre que onques mais". (Bérinus, I, c.1350-1370, 289). Andementiers que Aigres parloit a son compaignon Orchas, la dame estoit triste et esbahie pour ce qu'elle veoit que tous ses hommes lui failloient a son greigneur besoing. (Bérinus, II, c.1350-1370, 139).

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[D'une sensation] "Plus intense" : Si que je di, Se bien m'avez entendu et oy, Que la doleur dont en morant langui, Qui mon viaire a desteint et pali Par sa rigour, Est de vos maus cent mille fois gringnour ; Car fine joie et parfaite douçour Sont vostre mal encontre la dolour Qui me martire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90). Mon treschier amy et seigneur, Onques mais n'oy doleur greigneur Conme j'ay ore. (Mir. ev. arced., c.1341, 114). Je vous dy bien, j'ay fain greigneur Que n'oy pieça. (Mir. enf. ress., 1353, 9). ...je voy leuc le greigneur Senglier qu'onques mais je veisse (Mir. roy Thierry, c.1374, 298). Et la commenca la doulour si grant que oncques homs ne vit greigneur. (ARRAS, c.1392-1393, 28). ...trois douleurs sont donnees en ce monde. La premiere et la greignour si est grant maladie. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 76). Or fu le mal encor greigneur De cil qui ot occis son pere Et espousee aprés sa mere ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292).

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[D'un sentiment, d'une réalité psychologique, d'une pensée] "Plus intense" : ...greignour espoir concevoit D'avoir ou ciel joie et leesce (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 96). Et vraiement, trop mefferoit Qui au donner s'assentiroit, Dont empirie estre y deüst, Puisque rescousse estre peüst ; Car la joie qui n'a grigneur Est de si trés haute valeur Qu'on n'en porroit si po oster Qu'on ne la feïst empirer Et que la flour n'en fust perie. (MACH., D. verg., a.1340, 42). Et se la joie Que j'avoie, quant en sa grace estoie, Ne fust plus grant que dire ne saroie, N'ymaginer ne penser ne porroie, La grief dolour Qui me destreint en fust assez menour. Mais de tant plus que j'eus joie grignour, De tant est plus crueuse ma langour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 97). La teste a d'or, se dire l'ose, Ou toute richesse est enclose, Ce samble aus musars qu'elle alose, Qui en errour Vivent tele qu'il n'est gringnour ; Qu'elle n'a pooir ne vigour De donner, fors peinne et labour. (MACH., R. Fort., c.1341, 37). Car mes cuers ne se porroit feindre D'amer ma dame ne refreindre ; Einsois est toudis l'amour greindre Qui en moy maint, Ne riens ne la porroit esteindre ; Car quant elle me fait plus teindre, Dementer, gemir et compleindre, Tant plus m'enseint. (MACH., R. Fort., c.1341, 52). Et se Pité consentir Vuet que me daingniez oïr En ma clamour, Je ne quier de mon labour Autre merir, Qu'il ne me porroit venir Joie gringnour. (MACH., R. Fort., c.1341, 128). Aussi ay je desir greigneur De le faire qu'il n'a d'assez Du conmander. (Mir. emper. Romme, 1369, 248). Comment qu'en envoiseüre En soient amant plusour, Mais tant plus de mal endure, Que voy leur joie gringnour, Et tant plus soupir et plour, Quant il me convient tenir De vous veoir et oïr. (MACH., L. dames, 1377, 33). ...et pour ce me convient Souvent durement doloir Et humblement vous prier de cuer noir Que de par vous gringneur joie me veingne Et que pité de m'ardure vous preingne. Einsi mes cuers vit pour vous en desir, Si que de vous nuit et jour me souvient Et de vostre douceur que tant desir Que nul desir mes cuers plus ne retient. (MACH., L. dames, 1377, 87). Einsi est des amans qui vivent en desir. Il en y a aucuns qu'on ne puet assevir, N'il ne prennent en gré gracieus recueillir, Dous ris ne biau parler que il puissent oïr, Eins mendient des biens qu'Amours a à partir, Et s'en ont à plenté pour leurs cuers soustenir ; Mais pas ne leur souffist : si ne font que languir, Quant à joie gringnour ne pueent avenir. (MACH., Les lays, 1377, 338). Là sont mi retour, Là sont tuit mi tour, Là sont mi penser grignour, Là m'ottri, Li seule tri, Là sui en servage. (MACH., Les lays, 1377, 392). Et se teindre Et desteindre Me fait, pour amer et creindre, Souvent et de divers taint, D'espoir greindre Me doy ceindre, Puis qu'elle scet que sans feindre Mes cuers tous en li remaint. (MACH., Les lays, 1377, 439).

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Graindre de vaillance. "Plus courageux, plus vaillant" : Pour ce li preudons de jadis, Dont l'ame soit en paradis, Qui fu de vaillance gringnour Que ne fu puis autre signour, Car honneur, pris et loiauté, Largesse, prouesse, bonté Avoit, avec tout ce qu'il faut A preudomme sans nul deffaut... (MACH., D. Lyon, 1342, 220).

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"Meilleur" : ...qui aimme de cuer, si penser sont grignour Que de celi qui n'ait d'Amour nulle baudour (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 926).

III. -

[Correspond à grand III]

A. -

[D'une pers., d'une catégorie de pers.] "Plus important, plus puissant ; le plus important" : Qui plus tolly, plus fu greigneur, Qui plus ot, plus fist du seigneur (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 3). ...En mon pere auras bon signour, Tu ne pues avoir nul grignour. (MACH., Voir, 1364, 640). Aprés environ .III. semaines Chevauchai par mons et par plaines Pour visiter un mien signeur, Mille fois de l'autre gregneur. (MACH., Voir, 1364, 664). Or est raisons que je vous conte Dou Caraman un petit conte. Je vous di bien qu'il n'a signeur En Turquie de li gringneur, Ne qui face tant à doubter. De tous se fait trop fort doubter. C'est uns homs de trop grant emprise, Dont maint home le loe et prise. (MACH., P. Alex., p.1369, 163). ...Il feïrent une ordenance Qu'esleüs XIJ. homes seroient Qui le païs gouverneroient, Et si tost com l'un mort seroit Le pueple un autre y metteroit, Pour ce que rois n'eüst maistrie Jamais seur euls, ne signourie, Ne puissance ; eins fussent signeur, Et en tous cas du roi greingneur, Si comme Gautiers le m'a dit, Autrement ne di je en mon dit. (MACH., P. Alex., p.1369, 273). ...ilz mouroient sus le chemin de chaleur et de povreté ; et meismement les seigneurs, le greigneurs maistres qui y furent, estoient en excesses, en fievres et en fraichons (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). ...et furent tués le seigneur de Ros, le comte de Quint et toute la greigneur noblesse des Anglois (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 22).

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Plus graindre : ...nul plus grignour Mestre de lui ne puès avoir (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 53). [53/558]

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Empl. subst. : ...En mon pere auras bon signour, Tu ne pues avoir nul grignour. (MACH., Voir, 1364, 640). LA FEMME. Le parvenir ne vous peut riens, Car mon personnage est trop minse. De greigneurs avez entretiens, Des plus belles de la province. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 150).

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Empl. subst. Le graindre. "Le plus puissant" : LE ROY DE PARTHE. ...jadiz noz predecesseurs Furent du monde les greigneurs, Et nous sommes sy ravalez Par ces Romains, et sy folés, Qu'i fault que leur faisons hommaige Tous les ans, et payons treuaige (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 27). Jupiter, dieu, nostre seigneur, Tryumphateur hault et puissant, De tous les aultres le greigneur, Cest aignel je t'offre en passant (LA VIGNE, S.M., 1496, 446).

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Prov. Tel se pense bien le graindre Qui son plus grand rencontre : Tel se pensoit bien le greigneur Qui son plus grant a rencontré. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 91).

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"Supérieur, chef" : ...se lez deux roys avoient triefves et un Françoiz bleçoit un Angloys durant lez triefves, il en seroit plus fort pugny que s'il avoit blecié un autre selon la volenté de son greingneur [var. majour] (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 507).

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"Personnage éminent" : Une partie de ces nobles seigneurs De hardiesse et vaillance enseigneurs, Furent assez ordonnez et commis Par embassades d'aller vers messeigneurs Les gouverneurs, potestatz ou greigneurs Des bonnes villes que cy aprés j'ay mis (LA VIGNE, V.N., p.1495, 138).

B. -

[D'une chose concr. ou abstr.]

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"Assez, plus important" : Ainsi la sage dame usera de ceste discrete dissimulacion et prudent cautele, laquelle chose ne croye nul que ce soit vice, mais grant vertu quant faicte est a cause de bien et de paix et sans a nul nuire, pour eschiver greigneur inconvenient. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64). Si l'ont receu a la gregneur honneur et a la plus grant leesse que mais fust chevalier pour dame receu (Chev. papegau H., c.1400-1500, 61). Tu leur es umbre a faire leurs iniquitez et ilz te font umbre a multiplier tes vices et croistre ta compaignie de larrons pour avoir plus de souldees et acquerir greigneur renommee (CHART., Q. inv., 1422, 40). Je pense qu'oncque mais greigneur [mandement] Ne fut publié en Judee. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 61). ...les Macédoniens (...) ont (...) acquis la gloire de greigneur puissance de leur temps (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 4). Et après que vostredite emprise sera au plaisir de Dieu parfaite et finée, je pense que vous serez requis, (...) de le parfaire à aucun gentilhomme des conditions de vos chapitres, selon la guise de ce royaume d'Escosse, afin que à greigneur louange et honneur puissiez retourner en vos parties (Faits Lalaing K., c.1470, 169).

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"Qui présente des qualités supérieures" : Ains voulut Dieu, nostre seigneur, A l'homme donner sens greigneur (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 20).

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[P. réf. à l'importance sociale] - : Tous greigneurs estas desirans Gens y a de trestous mestiers, Et il en est au lieu mestiers, Car trop y couvient grant mannoye De ceulx qui forgent la monnoye D'or et d'argent de divers coings, Et de tieulx qui fierent en coings Ouvrages de divers metaulx. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 137). [Le chevalier]...se print a donner et a tenir gaigneur estat quil [l. qu'il] nauoit [l. n'avoit] oncques fait par auant. (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 6).

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[P. réf. à la naissance] : Mais de ce vous gracie, car jasoit ce, belle seur, que je congnoisse bien que vous soiez de greigneur lignaige que je ne suis, toutesvoies ce ne vous garentiroit mie. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 2).