A. -

FAUCONN. "Quantité d'un aliment avalée en une seule fois" : Mais l'esprevier qui vole l'en ne lui doit pas donner deux gorgees l'une aprez l'autre, pour ce qu'il est trop delié, trop laxatif et trop courant et coulant. Et de quoy que vous pessiez vostre esprevier, gardez que vous ne lui donnez deux gorgees l'une sur l'autre: c'est a dire que vous ne lui pessiez mie la seconde foiz jusques a ce qu'il ait enduit la premiere. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 147). ...car lors le couviendra il mectre es gectz et paistre sur le poing, et puis le perchier et tenir paisiblement sur son poing tant qu'il ait enduit et avalé sa gorgee. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 149). Item, pource que les nuys sont en septembre plus longues, il couvient donner au soir en la fin de septembre plus grosse gorgee et petite au matin (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 161).

B. -

"Ce qui sort de la gorge"

1.

"Plaisanterie ; injure" : Que que jouoit ciz jouvenciaus Et de Dieu trenchoit les bouiaus, Quant de Dieu eut dit sa gorgie, Aprés commence de Marie : Des iex, de bouche, de oreilles Blasphemes disoit a merveilles (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 126). ...Aies le cuer bault, et te truffes, Et dy des gorgées et des truffes Quant tu verras qu'il sera point, Et met paine à le faire à point (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 25). Se aucun en plaidant et contentant, dit à cellui contre qui il plaide ou contente villenie de parole qui ne regarde pas crime ne grant vitupère de corps (...) se partie se plaint de teles legières paroles et gorgées, partie n'a amende fors que d'une buchette en jugement et le juge VII sols... (Chartes communes Bourg. G., t.1, c.1371, 364). ...Car, quant le het a la cervelle monte, desclicquier fault les gorgees sur elles, sonnant l'assault contre ces demoisselles (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 62).

2.

Gorgée de ris. "Éclat de rire" : ...sourdit ung grant et merveilleux estourbillon de vent, lequel (...) tumba a terre les bonnet et perrucque de nostre homme, dont il fut grandement raillé et fut tout honteux, car les rues (...) furent plaines de grandes et haultes gorgees de ris. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 89).