A. -

"Étendard à deux ou trois queues"

1.

[Servant d'enseigne de guerre, suspendue à une lance] : ...vous m'avés aidié en grant contencion Et en mainte baitaille pourté mon coffenon. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 706). Dix mille combatans les gonfanons fermez Amennent pain et vin (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 141). ...il portoit le gonfanon Et ceulz qui estoient derriere Li disoient : "Avant, baniere !" (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 231). A bataille ont porté leur gonfanon, Le lyon fait en son recept bouter, Entré dedens o lui (voulsist ou nom), Prins et pillié, et fait les leups torper, Querir partout pour son corps attraper (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 160). Et sy ont pris leurs proprez chemisez de lin et sy en font confanno[n]s et banniers (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 38). Lors print Girart sa lance, destort le gonfanon (Galien D.B., c.1400-1500, 22). Parmi le corps lui mist le gonfanon doré, Foie et pommon lui a adonc tout deschiré (Galien D.B., c.1400-1500, 129). Roland vit Richard de Normandie, qui venoit tout devant, le confanon levé. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 159).

2.

[Porté en procession, lors de cérémonies religieuses] : ...et portoient crucefis et confanons et grandes banieres de cendal par manieres de processions (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1358, 223). Ceste oriflamble est une mout disgne banière et enseigne, et fu envoiie dou chiel par grant mistère, et est à manière d'un confanon, et est grans confors pour le jour à ceulx qui le voient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 53). Glorieux Pere Jhesucrist, je te regracie humblement de ce que tu n'as pas oublié moy qui suiz ta povre creature, ne ton povre peuple, qui a longtemps vescu cy dedens en grant doubte et en grant misere. Lors fait noncier par toutes les eglises qu'ilz feissent sonner les sains et facent processions a croix et a gonfanons, en louant et regraciant le Createur des creatures et en priant qu'il les vveille conforter contre les Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 96). ...chils peuples issi hors premierement de Calais (...) et portoient confanons de moustiers en signe de humelité (FROISS., Chron. D., p.1400, 746). Mettés vous en devocion, A tout la crois et confacion [l. confanon], Et alés ce dyable destruire. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 52). [L'Éd. propose dans le gloss. de corriger en procession. Il semble préférable de lire confanon, graphiquement proche de confacion, et très satisfaisant du point de vue sém. (cf. le syntagme la croix et la bannière)] Aprés les XIJ lances venoit sur un tresbel coursier ledit Don Bernard de Cardonne qui sur sa cuisse portoit une lance ou estoit un gonffolon de un tres fin veloux cramoisy endossé d'ermines et bordé d'une tres riche frange d'or. (LA SALE, J.S., 1456, 111). Fais que la croix soit apportee, Eau benoite et comphanons. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 160). Deables, sonnés luy son service Et boutés hors de nostre casse Le gonfanon de la ducasse (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 300). Croix, confanons, processions requises En la façon que j'ay ja dit souvent, A tout corps sainctz et reliques exquises, Plus de deux lieux luy furent au devant. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 184).

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Gonfanon du pape : Sy est vrai que le duc, par révérence de l'enseigne envoiée ainsi du Saint-Père, fist faire une grant et solempnelle congrégation des églises et monastères là entour et par un dimence quatrième jour de juillet, fit faire procession générale (...) et y fut porté le comphanon de nostre Saint-Père tout desploié. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 119).

3.

"Morceau de tissu (rappelant peut-être la forme du manipule)" : ...sire herault, vous savez qu'il n'a pas longtemps que par voz demerites vous portiés le manipulum, autrement dit gonfanon, cousu par derriere l'espaule senestre emmy l'aube, a differance des autres crestians. (Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 14).

4.

HÉRALD. "Bannière stylisée se terminant par trois fanons arrondis" (d'apr. M. Pastoureau, Traité d'hérald., 1979, 325 ; FEW : «bannière d'église à 3 ou 4 fanons, qui sont des pièces pendantes (t. de blason)») : Premierement, en chief, d'ancienne brodeure enrichi de moult precieuses pierres y estoient figurees les nobles fleurs de lis tout en travers semees de banieres, gonphanons et ensaignes des anciens roys et princes françois, en memoire de leurs rennomees victoires et de leurs loables entreprises. (CHART., Q. inv., 1422, 7). Gouphanun represente le phanum dont le prestre est paré quant il dit la messe qui senefie le lien dont Nostre Sire eust les mains liees en sa passion. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 508).

B. -

P. métaph.

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"Celui qui mérite de marcher devant et d'être chef, pour ses qualités, celui qui peut servir de modèle" : A Dieu gloire, qui nous a pourvus d'un tel gonphanon, d'un tel parement entre nous, spectacle futur des princes crestiens et miroir des vertus (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 62).

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Gonfanon de qqc. "Parangon de qqc." : [D'une dame] Riviere estes, sourgeon, puis et fontaine De tout honnour, la puisier la doit on, De bel acueil la dame souveraine, De biau maintien le royal confanon (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 286).