A. -

"Gorge (dans sa partie intérieure)" : Le jargel est apelé gossier de ceulz qui ne sont mie veneurs. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 52). ...il doit eschiever, comme : soy renouveller trop souvent de divers aornemens, de soy trop pinier, de chapeaulx et de fleurs soy aorner (...) soulers au bec desordonnéz porter, le col eslever, gossier enflé, le surchil retrenchié... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 35). Premierement il ostera la lengue toute entiere et boutera son coutel par mi le gousier, qui tient a la lengue, et y fasce une fente (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 178). [Du cerf] Les espaules après seront Levées et s'a droit le font, La surgorge toute primière, Et puis le gosier et l'erbière (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 75). Si n'estoit en son temps nul homme qui mieulx congneust les mouvemens des flames du feu, les couleurs, le son qui du feu yst, et aussi tant clerement congnoisçoit les vaines des bestes, les gousiers des chevaulx et les antrailles des bestes (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 731). Sus, sus, pensez de desgorger de vostre gosier mal apris ces beaulx propos qu'avez apris (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 55).

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[Le gosier comme lieu d'articulation] : ...les gens de Orient communement parlent du gosier, comme les Hebrieux et les Suriens ; et les gens d'Occident fourment leurs paroles es dens (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 64). Corps [de la femme] traitif plus droit que sapin, Col poly, cristalin gosier, Piés bien fourmez sans eschapin, Rains ployans comme franc osier (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 57). Filles amans jeunes gens et nouveaulx, Danceurs, saulteurs faisans les piez de veaux, Vifz comme dars, aguz comme aguillon, Gousiers tintans clers comme gascaveaux, Le lesserez la, le povre Villon ? (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68).

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À gosier esroué. "D'une voix enrouée" : Despiteusement rechignans, Les yeulx es caboches tournoyent, Et leurs dens agus esquignans, A gosier esroé crioyent. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 10).

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[Le gosier comme lieu de passage des viandes et des boissons] : Et mon gosier est sy torchié Qu'il est sec comme dent de chien. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 136). A mort tout le monde a submis Et de honteux pechié couvert Par mengier le fruit qu'avoit mis Dieu ou plaisant paradis vert. Le trou d'enfer a descouvert. Ung tout seul bien ne nous a fait. S'elle le gosier n'eust ouvert, Chascun de nous estoit refait... (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 143). Mais il a le gosier tout gras Encor de caresme prenant. (Roy sotz, c.1450-1500, 223). Mais tout le gosier me tateille Pour le vin que cestuy la porte. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.1463). Veez cy du vin de la Cougnille Et du vin blanc de Pie Girard Advisez commë il fretille ; Il brusle le goisier et ard. (Bataille st Pens. A., a.1485, 21).

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Seigneur du franc gosier. "Buveur invétéré (?)" : MARTIN. L'ung est seigneur du franc gosier, Cappitaine de mal empoint, Ennobly de verges d'osier, Et n'ont pas vaillant ung pourpoint. (...) GAUTIER. Missés. MARTIN. Drougués. GAUTIER. Prestz de la turne. MARTIN. Aux dez ilz pardent por ung point, Puis dient que c'est par fortune. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 179).

B. -

"Cou, gorge (dans sa partie extérieure)" : Je ne sai s'on le vout ne ferir ne touchier, Mais les moinnes ala tellement festier Qu'a l'un ala le col si doulcement sachier Qu'il li ficha ses dens tout parmy le gosier (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 467).

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Douter le gosier. "Craindre (la pendaison) pour son cou" : Se je suis prins, je doubte le goisier : Dures gens sont et prevosts et baillis ; Il n'a paix qui d'eulx est assaillis : En gehinant font trop larrons estendre. (...) J'ay grant paour c'on ne me vueille pandre. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 102).