C.N.R.S.
 
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     GLU     
FEW IV gluten
GLU, subst. fém. et masc.
[T-L : glu ; GDC : glu ; DEAF, G905 glu ; AND : glu ; FEW IV, 169b : gluten ; TLF : IX, 295b : glu]

A. -

"Glu, colle" : Tant art et tant scïence aprist Qu'il sceut plus que homs qui vesquist, Et par subtilité vola. Esles fist, et puis les cola A poy, a gluy et a chiment. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 70). ... Prudens le tresorier avoit miz au dessoubz une cuve plaine de pois et de gluz confite, si soubtivement que nul qui y entrast n'en pouoit yssir en vie, pour nul engin que on peüst faire. (Bérinus, I, c.1350-1370, 393). En ce pays de Orenes ont ilz une manière de nefs que ilz nomment jasse, et s'en sont les ais joins ensemble par une manière de glui sans nul fer. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric C., 1351, 70). ...il ont la char si gleuteuse et si erdant comme la glu (...). Donques, quant la char d'omme est si gluant et si erdant [GD I, 123b : adherdant], peut elle bien estre acomparagie a glu (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 309-310). Arrement est ainsi appellé pour ce qu'il est noir et est neccessaire a usaige de painture ; et est conté entre les couleurs faintes, car on le fait de suye sur pierres ardens, et y mettent les paintres de la glus avec pour estre plus reluisant. Les autres y mettent lie de vin bien rouge, sicomme dit Ysidoire. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 383). Pour ardoir les engins de ceulz qui assaillent les murs l'en doit pourveoir et appareillier une maniere de gluz qu'on appelle selon le latin "bitume" [trad. lat. bitumen] et est d'une terre trop glueuse et souffre et clere poiz et huile ardant (VEGECE, 1380, IV.8). Et la felerique [trad. lat. falarica] dessus dicte a, entre le fust et le fer, souffre, pois, roisine, gluz ardant envelopez en estouppes et puis huile ardant espandue dessus (VEGECE, 1380, IV.18). Item, que nul ymaige de bois, quel qui soit, d'un pied de long et au dessus, ne soit commancé a paindre, jusques a ce que les fentes et faultes soient bien emplies de boys a bonne gluz et retaille (Mét. corp. Paris L., t.2, 1391, 192). ...grosses pelotes confites De glus atachans et despites Leur a ens es gueules fichees (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 43). Argent est senblable a la glus. On ne le sceit si peu toucher Qu'on [ne] s'en puisse despescher. (Moralité 1427 B.B., 1428, 175). Lapdane (laudane). Aucuns dient que c'est la gomme d'ung arbre, mais ce n'est pas vray ; mais en une partie de Gresse descent une maniere de rousee sur les herbes, qui se hert encontre elles et se y espessit en maniere de glu. (Grant herb. C., c.1450, 127). Aprés, du residu de ces cendres, vous en ferez deux parties: l'une retendrez pure, et meslerez l'autre avec le glui d'une boiste que ma mere vous baillera ; et ce glui vous servira pour dompter les terribles thoreaux. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 203). Et quant Thesëus fut si avant en la dicte maison que le dit toreau le povoit veoir, icellui thoreau bea la goulle pour le cuider devorer. Et lors il luy jecta dedans le dit peloton de gluz et de colle, dont il fut si engoué et englué qu'il ne lui pot mesfaire. (Ovide mor. B., 1466-1467, 226). ...et aussi que chascun panneau ait goujons, selon la longueur du bois avec la gluz (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1467, 611). ...elle leur feroit joindre les machoueres ensemble [aux boeufs ardants], come gluz visqueux ou colle forte qui par viollante tenacité joinct ensemble deux pieces de boys. (Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 43). Bectum est uns glu si fort et si tenant, que quant deulx piesses de fait en sont assemblées et jointes, on ne les peult par nul art desassembler, sinon par sans naturel de fleur de femme, et la treuve l'on flotant es grans lacs de Indie sur les aygues. (BÉTHENCOURT, Canarien C., c.1490, 173). Viscatus (...) : englué, prins au glu (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 418).

B. -

En partic. "Substance visqueuse obtenue de l'écorce d'un acacia ou du houx" : Pour faire glus, il couvient peler le houx quant il est en sa seve (et est communement ou moiz de may jusques a aoust), et puis boulir l'escorche en eaue tant que la taye de dessus se separe, puis peler (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 272). Et puiz devez, sans redoubter, Vostre camphre o tout ajouxter, Et former, selon la pratique, O le gluz de gomme arabique Et eaue rose, nète et clère, De pommes d'icelle matère (LA HAYE, P. peste, 1426, 152).

 

-

[Pour prendre les oiseaux] : À René de Fleurenville, pour aller en Avignon quérir qu gluz pour tendre aux oyseaux... (Roi René vie L., 1360-1483, 371). Aucunefoiz d'aventure sont prins les espreviers a la glus, et lors les couvient desgluer l'une plume apres l'autre a la main (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 165). ...pour l'achat d'un barrillet de gluz pour chacier à la pipee, 30 sous (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 176). ...pluseurs oyseaux (...) en cryant et huant (...) se laissent et font prendre et destruire, a petis bressetz ou a la gluy, au son d'une pipee... (Lyon cor. U., 1467, 29). Ainsy, par le soubtillité des Franchois, furent les Bourguegnons malheureusement deceus et puis prins au gluy comme oyseletz à la pipée (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 577). ...du gluz, pour prandre les oyseaux (Comptes roi René A., t.3, 1476, 276). ...Les mains de gluz, dont on prend les oyseaulx (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 101). On luy fist une fille espouser Qui estoit faicte au mestier, Et quant vint a despuceller : "Ha !" fist elle, "Vous m'afoller !" Nostre appliquant se sentit pris Comme les oyseaulx a la glu. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 371).

 

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Prov. [Pour figurer une chose vaine ou inutile] Prendre les asnes à la glu : Et lors vint a moy un bossus Qui me dit : "Dieu gart le varlet Qui prant les asnes a la glus ! Tu bas bien l'eaue d'un pilet. Veulz tu du doy arer les champs ? Veulz tu planter bois de festus ? Au cul de l'asne fais tes chans..." (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 206).

 

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[Dans un contexte métaph.] : ...car cest amour [mondaine] est comme gluz qui empesche les esles espirituelles de l'ame qu'elle ne puisse soi eslever en hault. (GERS., Montagne contempl. G., 1400, 22). Fortune, par sez faulz atrais, En pipant, a pris a la glus Mon cueur, et en soussi reclus Se tient, sans departir jamais. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 378). Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau ; Mes clercs pres prenans comme glus, Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau, Car pour s'esbatre en ces deux lieux, Cuidant que vaulsist le rappeau, Le perdyt Colin de Cayeulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Hiltrud Gerner

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