A. -

"Potence où l'on exécute les condamnés à la pendaison" : Trainé au gibet et pendu Sera demain. (Mir. Berthe, c.1373, 221). Messire Robert Trimilien (...) fut menez dehors Westmoustier au gibet du roy et là decollez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 58). ...[ils] delibererent et furent d'oppinion que il estoit traites du roy, et que, comme tel, il feust executez, c'est assavoir : trainé, decapité ou pillory ès hales, et, en après, le corps mené au gibet, et illec pendus. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 392). ...[ils] delibererent et furent d'oppinion que l'en ne le povoit espargnier qu'il ne feust excecutez comme traitres, c'est assavoir decapité, et en après pendu le corps au gibet. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 6). [Avecque] son frere fu aux fourches trainez, On les a au gibet pendus et encrouez. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 80). De che fait est coupables, selonc le mien avis, Mais se je le puis tenir il ert au gibet mis ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 849). Et avoient deservi par la diverseté de lors fais a estre (...) trainnés, et puis decolés, apriés pendut a un ghibet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 86). ...car je suis alé au premier que je cuidoye estre mieulz ton amy pour les biens que tu luy fais. Il m'a respondu qu'il te feroit compaignie jusques au gibet, mais illec te laisseroit. (GERS., Concept., 1401, 415). ...et furent decapitez, et eurent chascun d'eulz ung poing copé es Halles de Paris, et leurs corps mis au gibet. (FAUQ., I, 1417-1420, 156). Par le corps bieu, elle n'avoit garde De moy tirer a sa cordelle. J'ameroye mieulx que le corps d'elle Fut ars tout vifs soubz ung gibet. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 211). ...ils [les juifs] baillèrent proditoirement et par envie iceluy Crist au juge des Romains en Hiérusalem, et le firent mourir au gibet de la croix (Doc. 1453. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 37). Et pour lesdis cas plusieurs en furent batus au cul de la charette, pour leurs jeunes aages et premier mefait, et les aultres, pour leur mauvaise coutume et perseverence, furent penduz et estranglez au gibet de Paris, nommé Montigny, [nouvellement] créé et estably pour la grant vieillesse, ruyne et decadence du precedent et ancien gibet, nommé Montfaucon. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 4). ...[le compaignon] encusé de ce crime fut en l'heure prins et saisi ; et, au dict du commun peuple, ne valoit gueres mieulx que pendu au gibet (C.N.N., c.1456-1467, 159). ...pause avoir payé à maistre Glaude Cordurier, et fustier de Gardane, et pour le travaille que lui fait tant en faisent le guibet que en le redressent, et y mectent et posent les fustes que y appartiennent, ambe ung pillon de boys, avecques le travers de dessus et aussi quatre pièces de boys, et tant par le plat en loqual ledit Delat aydut son poin, et tant pour une eschalle qu'il a mis au guibet, et aussi par ung cabrion duqual n'a fait ung pillori en local a esté mis la main dudit Delat (Comptes roi René A., t.2, 1474, 454). LE CRESTIEN. (...) [Si je rendais les écus au juif] Reputé seroye bien fol, On me devroit a ung licol Pendre et estrangler au gibet. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 112).

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[Le nombre de piliers correspond à la dignité du seigneur] Gibet à n piliers : Item, m'appartiennent aussi a ladicte cause une justice, autrement dit gibet, près de ma ville de Chastel, a quatre pillers et festiers (Comté Porcien R., 1459, 258). Le moyen justicier peut avoir gibet à deux pilliers à liens au dessoubz et au dessus, par dedens et non par dehors. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 149). Le hault justicier peut avoir gibet à deux pilliers à liens au dessoubz et au dessus, dedens et dehors. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 150). [Le duc d'Anjou] A la mine d'argent en son pays et gibet à fest à six pilliers en signe de souveraineté. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 154).

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Gibet patibulaire : ...aucuns ont despoillié certaines fourches ou gibés patibulaires environ Paris des charoignes de ceulx qui y avoient esté executez (BAYE, I, 1400-1410, 221).

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Justicier qqn du gibet. "Condamner, envoyer qqn à la pendaison" : ...chilz furent justiciet du gibet, pour ce qu'il avoient fait contrefaire le seel de le perche dez draps melléz, et leur draps seellé d'yceulx seelx contrefais... (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1363, 647).

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Se pendre au gibet. "Se suicider" : ...j'aymeroye mieulx me aller pendre au gibet que jamais me rebouter ou dangier de trouver enfer [D'un homme qui refuse de se remarier] (C.N.N., c.1456-1467, 491).

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Prov. Jeune president, jeune mire Font plein gibet, plein cimetiere : Jeune president, jeune mire Font plain gibet, plain cymetire. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 30).

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[Euphémisme pour "diable"] : Le senglant gibet le couva ! N'y pouoit on faire sans luy ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207). Je creveray bien de douleur S'un senglant gibbet ne l'atrappe. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 269). Cuidés vous qu'entre nous conars Qui ne sommes point papelartz Ayons de confesser mestier Ne d'aler souvent au monstier ? Nous avons, le sanglant gibet. (C. Riffl., c.1480-1520, 58). La mienne [ma femme] veut estre maitresse, Mais par mon ame non sera, Ou le gibet l'emportera (Maistre Ant. P.N., [1619], 98).

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Empl. adv. Le gibet. "Diablement" : Roillard, il fait le gibet froid : Le cueur me tremble de destresse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 258). Il a le gibet grosse teste : A grant peine luy puet on joindre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 308).

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Quel gibet. "Comment, diable ; ce que/ce qui diable" : Quel gibet le hasterons nous ? Il porte ung fardeau si pesant Qu'a pou s'il puet plus hay avant, Mais va tout courbé soubz le faiz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 324). Je ne sçay quel gibet y a : Pieça ne fut si mal bailly. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 363). Le sens m'est failly au besoin : Ne sçay quel gibet m'a tenu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 384). ...Il s'est a sez gens apparu, Or apparu, or disparu. Je ne sçay quel gibet y brasse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 424).

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[Dans une formule de malédiction ou d'insulte] : A mal gibet les puist on pandre ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 282). Et se j'en mens de mot, Dieu me puist craventer, Ne jamais de ce jour je ne puisse eschapper, C'on ne puist le mien corps o grant gibet trainer. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 14). De ton sanglant gibet Qui le col te puist encorder, Le te fault il tant recorder ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1033). Au mal gibet puisse il baller Qui n'a grant joye de la nouvelle ; Resjouyr se fault : brie est belle (Myst. st Laur. S.W., 1499, 138).

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Allez au gibet ! "Allez vous faire pendre !" : Et Esope luy va dire : "Allés, babouyn ! Quel mal est ce ? Allés au gibet !" (MACHO, Esope R., c.1480, 15).

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Avoir le haut gibet : Ribaud, tu averas le hault gibet. Garçon, tu seras tué de male mort. (Man. lang. K., 1399, 55).

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Le gibet y ait part. "Allez vous faire pendre, que le diable vous emporte" : ...de par le deable ! dame, estes vous telle ? Le gibet y ait part ! [Un jeune marié apprend de la bouche de sa femme qu'elle a eu un amant] (C.N.N., c.1456-1467, 72). MAISTRE MYMIN (la baise) : Baisas. Couchaverunt a neuchias ["noces"], Maistre Miminus anuitus, Sa fama tantost maritus, Facere petit enfan[c]hon. RAULET : Le gibet y ayt part au laton ["latin"] ! Magister, que veult-il dire ? (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 255).

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[Dans une formule de serment] : Je vueil qu'on me pende au plus hault Du beau gibet de Monfaucon, Se voler ne faiz mon faulcon Encore mut mieux qu'onques maiz ! (Gris., 1395, 5). A mal gibet me puet om pandre Se je ne fiers, conment qu'il aille, Encontre eulx d'estoch et de taille, Sans ung tout seul pas desmarchier ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 20). Je veulx qu'au gibet l'on me pende Se je n'atrappe le mastin ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 286).

B. -

[P. anal.]

1.

"Potence pour suspendre des vêtements" (?) : Item, ung gibet a robes (Invent. test. beauv. L., 1401, 61).

2.

MOULINS "Genre de béquille qui soutient une vanne ouverte" ( (Éd.)) : ...pour 4 neus ghibés fais en ceste annee as portes du dit wal pour appoijer les ventelles quant on fait les portes, livrer le bos, faire et aseir... (Doc. 1407. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 691).

3.

"Bâton court avec une crosse, espèce de casse-tête" : La peine est bien legiere au cas : Il souffre, pour toutes promesses, Estre trainé dessus ses fesses Travers tous les gibéz d'enfer Et d'estre a bon crochéz de fer Plongiéz sept foiz au plus parfont Du puiz. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 55).

4.

"Pieu marquant une limite"

Rem. Doc. 1411 (Planter nos pennonceaulx des fleurs de lis es gibes et mectes de nostredit domaine), ds GD IV, 274b.