C.N.R.S.
 
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     GENRE     
FEW IV genus
GENRE, subst. masc.
[T-L : gendre2 ; GDC : genre ; DEAF, G465-466 gendre2 ; AND : gendre1 ; FEW IV, 116a : genus ; TLF : IX, 190a : genre]

I. -

[Domaine de la filiation]

A. -

"Origine, naissance" : Et se droit n'a d'achat ou d'eritaige, Ou de vray don pour noblesce de gendre, Pour corps puissant, pour son roial linaige, Pour son avoir qui tout devenrra cendre, Pour volunté ne doit vers Dieu mesprendre, Pour convoiter autruy possession Contre les gens de sa religion (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 80). ...son gendre [de Jésus] est incongneu Ne scet on le lieu ne la ville (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 133). Ne desprisez d'hommes ne de noble gerre Où Dieu a mis vie, science et raison... (Cene dieux, c.1492, 111).

 

-

Prendre son genre. "Naître" : Pourquoy, cil qui prendra son gendre En ton saint ventre precïeulx, Se pourra nommer sans mesprendre, Le vray filz de Dieu vertueux. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 51).

B. -

"Descendance" : ...et leurs aidans et confortans, adhérens, alliiez et complices, meuz et induiz de mauvaiz pourpos, inicque et dampnable, avoient entreprins et s'estoient enforchiez de expeller, destituer et destruire Nous de nostre estat et auctorité royal, et de tout leur pooir nous et nostre genre, que Dieu ne vueille, et oultre ce faire ung nouvel roy en France. (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 110). Mais l'umaine corrupcion, Venant d'Adam par son trespas, Seulement ne s'estendoit pas Sus luy qui estoit ja vivant, Mais sur tout le gendre ensuivant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 43). ...je vouldroie faire que de son gendre issist en tamps advenir ung hoir renommé en prouesse et en honneur reflamboiant. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 693).

 

-

"Lignée, race" : DIEU. ...Une noble vierge ay esleue Du sang et gendre de David (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 50). ...l'Escripture dit Qu'il [le Christ] naistra du gendre David. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 117). La de ton gendre, ne sont fables, Naistront roys ausquelz appendant Est le monde, ne va doubtant. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 77). ...il esleva haultement son franc et gentil corage et monstra bien qu'il estoit de noble gendre descendu. (Cligès C.T., 1455, 66). En une vierge du germe de Sÿon Sera conceu de nostre saint Esperit, Selond qu'il est es escripts mencion, Venue du sang et gendre de David. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 146).

 

-

"Génération" : NOSTRE DAME. ...De ce benoiste me diront Tous gendres qui jamais seront (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 53).

II. -

[Idée de classement, de catégorie]

A. -

"Ensemble d'êtres ou de choses ayant la même origine ou liés par la similitude d'un ou de plusieurs caractères" : En Dieu n'est aucune composition parciale (...). Ne aussi composition de gendre, comme en cest gendre animal aiant ame sont contenues diverses especes, c'est a scavoir homme, cheval, beuf, asne et toutes bestes, qui ont ame sensitive par les sens corporelz, voyant, oyant, flairant, goustant, tastant. (Somme abr., c.1477-1481, 147).

B. -

En partic.

 

1.

[À propos des êtres humains] "Espèce" : Car homme et femme un meismes genre Est (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 76).

 

-

Genre humain, humain genre. "L'ensemble des hommes, sans distinction, l'espèce humaine" : Faictes appeller l'umain gendre Et (...) deliverrons Quant l'autre partie verrons. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 59). Te requier (...) qu'a nous en l'umain gendre Tu vuille ton pardom estandre (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 29). Mon filz Jhesus, je le sçay bien : Le gendre humain vous a cousté Du cher sang de vostre cousté. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 451). En la cité des sept orbes supremes Où je regis tout le pays austral, Adverti suis tenir convi claustral Et appeller les autres dieux, mes proesmes. Car le hault Dieu des premiers et extresmes Tout genre humain soumetant sous mes mains Par ses signes nous a tous mis a mesmes (Cene dieux, c.1492, 107). Tout humain genre exités et troublés, Courés, riblés, gastés vignes et bledz, Tués, emblés, que rien vivant n'eschappe, Si scaura l'en comme Mars cruel frappe. (Cene dieux, c.1492, 108). Dieu a voulu tout pour l'homme former (...) Puis qu'ainsi est que Dieu des dieux est vray Pour gerre humain a créé toute chose. (Cene dieux, c.1492, 111). ...[de] humble couraige aussi et devote requeste la commectons à la Vierge glorieuse qui des pecheurs, desquieulx jusques cy le tres miserable avoir esté nous confessons, tousjours est advocate, et qui non sans cause est dicte du redempteur de l'humain gendre et roy de gloire mere très debonnaire, à Mons. Sainct-Michel et à toute la court de paradis celeste, affin que, par leurs prieres, elle monte es saintz cieulx pardurablement regner avec eulx (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282).

 

2.

[À propos d'animaux ou de plantes] "Espèce" : ... De toutes fonteinnes estranges Qui doivent recevoir loanges, De toutes les bestes les genres, Les grans, les moiennes, les menres, De tout ce qu'on doit bon clamer, Soit deça mer, soit dela mer, Avoit assés et a devis En vergier que ci vous devis. (MACH., D. Lyon, 1342, 162). ...Car j'y vi de maintes manieres De bestes crueuses et fieres, Dragons, serpens, escorpions, De toutes generations, Buglos, chameus, tygres, pantheres, De tous genres, peres et meres, Olifans, liepars et liepardes, Ourses, lins, renars et renardes... (MACH., D. Lyon, 1342, 172). Par la grant douceur de sa lire [d'Orphée] Les nimphes des bois le sievoient Et les grans arbres s'enclinoient Pres de lui pour lui escouter. Assés t'en porroie conter, Car de tous genres, a grant nombre, Y venoient pour lui faire umbre. (MACH., C. ami, 1357, 83). Les nimphes dou bois le plourerent Parfondement, car moult l'amerent, Et de tous les arbres les genres, Les grans, les moiens et les menres, Et les rivieres ensement Le plourerent parfondement... (MACH., C. ami, 1357, 93). ...à nourrir et engressier leurs bestes, de quelconques gerre et en quelconques nombre que ilz soient (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 53). Puis leur faisons commandement Qu'i croissent par leur geniture, Tant bestes que oysiaulx proprement, Chascun d'eulx selon leur nature, Et soyent accouppléz par droitture, Deux à deux, pour seurement naistre, Affin qu'il n'y ait forfaicture En gendre privé ne silvestre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 28). ...saint Augustin, sur le livre de Genese, dit que la mandragore est un gendre de pommier (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 134). Fist à Naples, près la porte Saint Nicolas, soubz le pavement de la rue, soubterre, ung sigille par lequel [perit] tout genre de reptilles noccives ; à ceste cause en tout icelui territoire ne s'en treuve nulle espece. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°). ...environ les kalendres de juillet, ou territoire de Vermandois, les gens de guerre en eussent tout destruit les blez et autres grains, sans aucune esperance aux pouvres laboureurs d'en riens recuillir. Touteffois en l'ost d'après l'on y trouva les blez et tous genres de grains multiplier au double, dont la merveille ne fut pas petite et l'estyme dudit Montgravier en fut moult augmentée et le peuple bien esjoy. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 v°).

 

3.

[À propos de choses] "Sorte, catégorie, type"

 

a)

"Sorte, manière, espèce" : Si tost que vous orrez sonner Nos instrumens et resonner La trompe, le fretel, la harpe Qui doucement fretele et harpe, La douceur de la symphonie Et la tres douce melodie De tous les genres de musique, N'i ait celui qui ne s'aplique Pour aourer l'idole d'or. (MACH., C. ami, 1357, 19). Orpheüs qui sa harpe avoit Et qui seur tous chanter savoit Et de tous genres de musique Avoit le sens et la pratique Et en fu plus souverein mestre Qu'homme né ne qui fust a nestre, Sa harpe acorda sans delay Et joua son dolereus lay (MACH., C. ami, 1357, 82). Or convient aprés parler de eubulie et enquerir que ce est, a savoir mon, se ce est aucune science ou opinion ou eustocie ou chose de autre genre et de autre maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 348). ...la toppasse (...) est une pierre de gendre verdoiant et dessus toute couleur resplendissant (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 110). Et qui vouldra sçavoir les differences et les gendres et les manieres et aussi toutes les especes des fievres et la congnoissance des temps des maladies ainsi que elles sont distinguees et divisees par la digestion et par les peroxymes si voyse a nostre livre de prenostication (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 1).

 

-

[À propos des rapports de parenté] "Sorte, type" : Jadis furent trois genres d'affinité, mais pour le present le premier a vigueur. Le second et le tiers ne sont pas en cours. (...) Le premier genre d'affinité est contrait de persone additee et adjoustee a sanguinité par copule charnele juste et selon la rigle qui dist : personne adjouster a personne par propagation de char mue degré, mais non pas le genre d'abstinence, et persone adjoustee a personne par copule charnele mue genre d'abstinence, mais non degré. (Sacr. mar., c.1477-1481, 74). Et ce qui est dit des maris de mes consanguines, il fault entendre par tout des femmes de mes consanguins, et pour tant qu'ilz me sont affins au premier genre d'affinité et en telz degréz en quelz leurs maris me sont sanguins et je samblablement leur suis affin en ung mesmes genre et en mesmes degrez. Item tous les consanguins de ma femme me sont affins au premier genre d'affinité en mesmes degréz en quelz sont les consanguins de ma femme. (Sacr. mar., c.1477-1481, 76).

 

b)

LOG. "Catégorie" : Il est dont a dire que en les choses divines, on ne doit ne puet mettre que deux gendres, c'est a dire deux predicamens, c'est a scavoir le predicament de substance et cellui qui s'appelle "ad aliquid", c'est a dire que tout ce qui est en la benoitte trinité est ou substance absolute ou est par maniere de relation et de regard a aultre. (Somme abr., c.1477-1481, 128).

 

-

"Classe (d'objets)" : Gerre est la premiere partie de la diffinicion d'une chose. (ORESME, E.A.C., c.1370, 159). Gerre ou subject est ce de quoy considere toute une science, si comme medicine de santé et de maladie, et aussi la personne sainne ou malade est dicte subject. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 164).

 

c)

GRAMM. "Catégorie grammaticale fondée sur la distinction naturelle des sexes ou sur une distinction conventionnelle" : Encores par le neutre genre est dicte la substance divine. Par masculin genre est exprimee la personne de la trinité. Par le feminin genre la notion, par laquelle les personnes sont distinguees comme paternité, filiation, procession. (Somme abr., c.1477-1481, 155).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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