I. -

Empl. trans. [En lien avec fust "manche de bois"]

A. -

"Frapper qqn de coups de bâton" : Fortune M'est si diverse et si enfrune Que de mes fréres proprement Ay esté futez laidement (Mir. Amis, c.1365, 49). Quant les Englois furent delivrez, ilz s'en alerent avec les autres à Saint Cloud pour prendre, fuster et moult dommager le commun. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 133). Se mes voisines le sçavoient, A bon droit seroye fustée, Se ceste euvre estoit racontée De ce qu'entre nous deux feïsmes (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 76). Pour les faux tesmoingz est ordonné qu'ilz seront battuz par trois jours de marché (...) et outre seront fustez à un jour de marché comme infames (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1462, 443). Faulx tesmoins, combien que lesdiz tesmoins et simples personnes qui passent lectres et celui qui corrompt lesdiz tesmoins pevent estre fustez. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 266). Après lesquelles confessions ainsi faictes, icelx le Grost et Mouchet ont esté condampnez par nostre dicte court et jurisdiction de Laval a estre fustez et eschallez par trois sabmediz (Cartul. Laval B., t.3, 1465, 209). ...l'empereur Aurelius (...) fist fuster et batre par les infames pietons de son ost son propre filz pour ce qu'il n'avoit point observé son commandement (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 165).

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Au fig. "Fustiger" : (Et) bien vous dy qu'a vous parlasse (Ja) laidement et vous futasse [l. fustasse], Se ne fust pour l'onneur de moi Et pour le courous qu'en vous voi (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 53).

B. -

P. ext. [Idée de violence faite à qqn, à un territoire]

1.

Fuster qqn de qq. part. "Chasser qqn de qq. part à coups de bâton" : ...Moines, prieurs, abbesses et abbez (...), A bons bastons de voz moustiers fustez Ribaulx, paillars, truandes et coquins. (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 231).

2.

"Piller, ravager (un domaine, un pays...)" : Puis alerent a cour (...) Mais n'y furent qu'un poy quant on va la criant Que Garssilles li rois va le paÿs fustant (Flor. Rome W., c.1330-1400, 158). Puis s'en ala à Arras à toute son ost, mais il envoya le duc d'Athaines et le visconte de Thouwart à IIIIm hommes fuster et ardoir le pays de Haynnau. (Hist. chron. Flandres K., t.1, c.1342-1383, 417). Et pour chou s'alla li petis communs eslever et ochyre ceuls qui celle malletaute cueilloient, et fustèrent et abattirent pluiseurs maisons de chiauls qui acensy les avoient (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 201). La grant terre d'Ardanne ont fustee et honnie Et de pluseurs hemmiaux ont la proye ravie Et amenee au bois en une menandie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 212). En Danemarce yrons, toute sera fustee. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 21). À Nielle se logièrent, le pays vont fustant. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 444). Si alèrent fuster aucuns meschans villages du pays et bouter les feux en aucuns lieux. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 92). ...et tantost toute sa maison fut fustée et cerchée, et emporta l'en tout ce qu'on y trouva, et mesmement n'y demoura huys ne fenestre, que tout ne feust osté. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 68). Et après, les dessusdiz Daulphinois fouaillerent [var. fustèrent] toute la ville, prindrent et ravirent tous ceulx qui tenoient le parti du duc de Bourgongne avecques leurs biens (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 279). Et lendemain entrèrent dedens, Picars et Flamens, lesquelz pillèrent et fustèrent ladicte ville à tous lez. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 211). ...ceux de Calais tous lezs jours par terre faisoient choses intolérables en Boullenois, prenoient gens (...), fustoient maisons (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 318).

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Au fig. part. passé en empl. adj. "Déchu" : Tu es li plus fustez, li plus deshonorez, Se cis or vis Borgoins n'est par toy acorez (Gir. Ross. H., c.1334, 130).

C. -

"Fouiller, visiter, explorer (un lieu, un territoire)" : François le vont suivant les grans chemins ferrez, En cent lieux ou en plus fut le païs fustez. (Galien D.B., c.1400-1500, 148). Sus tost, sans faire long devis On voist bien tost le bos fuster, Mort ou vif le fault amener, Ne jocquiez plus, alez y tost. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 89). Et avecques ce estoienet moult doulans qu'ilz n'avoient aincoires rien exploitié sur leur queste, combien qu'ilz avoyent fusté tous les lieux ou ilz cuidoient avoir nouvelles du mauvais murdrier. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 206). Et endementiers les quatre chevaliers fusterent toute celle tour, mais ilz n'y trouverent Bruiant ne autre personne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 296). ...il sçavoit le paiis comme celluy qui avoit fusté toute la marche [correspond à Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 182 :...et Lyonnel les conduisy, comme cellui qui en sçavoit la voie] (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 206). Alons ment faire une trainee Et fuster lieux, dru et menu. Se le faulx mastin est tenu, Dieu scet qu'il sera prebondi. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 373). Les chambres furent fustées, les coffres rompus, la vasselle ravie, les habis saisis (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 292).

II. -

Part. passé en empl. subst. [En lien avec fust "tonneau" ; d'un vin] Fusté. "Qui sent le fût, le tonneau" : Aprés lesquelx plaisirs la dame prent autant de plesir en l'esbat de son mary come ung tasteurs de vins d'un petit rippopé aprés ung bon ypocras ou pineau, car, quant aucuneffois celui qui a grant soif boit d'ung petit rippopé ou fusté, pour la grant soif qu'il a, il le trouve assés bon en beuvant, mais quant il a beu, il trouve ung mauvés desboit, et qui le vouldroit croire, il n'en bevroit plus, si en deffault d'autre meilleur n'estoit. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 36).