"Pierre à feu ou petite pièce d'acier dont le choc avec un silex produit des étincelles" : ...[2] foisilz d'achier a traire feu (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1370, 215). Ainçois qu'il peussent venir au feu, il heurent trop de paine. Touteffois, de fuisilz et de secqs bois il en fisent tant qu'il en heurent assés en pluisieurs lieux. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 40). ...ung foisil d'argent avec son estuy (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 224). Et, s'il n'y avoit borde, ilz doivent demourer en mi le boys, car chascun archier qui veult faire a droit son mestier doit aporter esche et pierre et fuysil pour alumer du feu, et doit porter aussi un pain troussé avecques soy tousjours et un petit barillet de vin, car on ne scet les aventures qui aviennent en chasce. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 280). ...pour 6 fuisilx (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1388, 187). Lors s'arresterent dessoubz un grant arbre, et dist le conte a Remondin : Beau nepveu, nous demourrons cy tant que la lune sera levee. Remondin dist : Si comme il vous plaira, monseigneur. Il descendy, et prist son fusil, et fist du feu. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Et li maistres va Grielle [une bombarde] le mieus qu'il puet ordener. D'un fuysil ala ens tantos le fu bouter ; Le poure s'aluma, qui prist à bousoufler. Mais le boiste fu haute, se fist la pierre aler Tout par desus la vile, sans le mur adeser. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 454).

-

[Symbole adopté par Philippe le Bon ; des fusils forment le motif principal de la tenue de l'ordre de la Toison d'Or] : ...monseigneur le duc (...) estoit acompaigniez de chincquante archiers a main, tous vestus d'une parure, c'est assçavoir de heucquez toutes argentees, lesquelles par devant estoient figurees de fuzis de bel et notable ouvraige. (LA TAVERNE, Journ. Paix Arr. B., 1439, 33). ...et aussy eurent lanternes, chandeilles, pierres a feu, fusiz, vivres pour V jours et aultres choses neccessaires (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 81). Item, en cest an, le duc Phelippe de Bourgongne mist sus en l'onneur de Dieu et de monseigneur saint-Andrieu, duquel en armes il portoit l'ensaigne, une ordre et fraternité de vingt quatre chevaliers sans reproche, gentilz hommes de quatre costés. Auxquelz il donna à chascun d'eulx ung colier d'or moult gentement ouvré de sa devise, est assavoir du fusil. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 373). ...et estoient lesdis manteaux ouvrez de brodurre richement offroyés de la devise dudit duc qui sont fuzis (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 348). Il avoit dix huict chevaulx d'une parure, harnachez de velours noir tixuz et ouvrez à sa devise, qui furent fusilz garniz de leurs pierres, rendans feu (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 11). Si print ledit Galiot à son choix et, l'aultre rapportée au seigneur de Ternant, il ne targea guieres qu'il ne vuidast hors de son pavillon, et portoit, en lieu de cotte d'armes, une parure à manche d'ung drap damas, sur fleur de peschier, et estoit tout couvert et broudé de fusilz, de pierres et d'estincelles de feu, qui fut la devise du bon duc Philippe, son bon seigneur et maistre (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 74). Et là fut dressée une moult grande table toute couverte et adossée d'ung velours noir broudé de fusilz et des armes du duc de Bourgoingne, moult richement, et au senestre cousté avoit une plus basse table, qui fut ordonnée pour les quatre officiers de la Thoison. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 93).

-

[Valeur minimale] : ...Et se Plaisance Qui faire fait mainte estrange muance Li fait estre de sa dame en doubtance, Doit il estre pour c'en desesperance ? Certes ! nannil ! Qu'en mon service [d'Amour] en a encor cent mil Qui aimment tuit près aussi fort comme il, Et si n'en ont la monte d'un fusil. Et s'ay pouoir De li garir et de li desdoloir. Mais il n'a mais fiance, ne espoir, En moy ; c'est ce qui plus le fait doloir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125).