A. -

"Qui répand de la fumée" : Chaymes en grec signifie aussi comme fumeus ou venteus. (ORESME, E.A.C., c.1370, 248). Troiz choses sont qui chassent le preudomme hors de sa maison, c'estassavoir : maison descouverte, cheminee fumeuse et femme rioteuse. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 99). Et pour, ce, chere seur, je vous pry que le mary que vous arez vous le veuilliez ainsi ensorceler et rensorceller, et le gardez de maison mau couverte et de cheminee fumeuse, et ne luy soyez rioteuse, maiz doulce, amiable et paisible.. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 101). MORS. Je yray aux cavernes fumeuses D'enfer, je y scay bien le chemin, Et apporteray ce venin. (Cene dieux, c.1492, 126).

B. -

P. ext. "Qui répand des vapeurs, qui est le lieu de vapeurs"

1.

[De vapeurs d'eau, d'émanations...]

-

"Brumeux" : Et pour ce dient ilz que blanc veu par le moien de noir se moustre rouge ; et c'est especialment voir quant la partie blanche est clere et lumineuse, et la partie noire est soutille et fumeuse. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 621).

2.

[De vapeurs d'alcool qui montent au cerveau] : ...il [le vin blanc] blesse moins la teste, car il est moins fumeux et vaporeux que tous aultres vins. Que il soyent plus provocatifz de l'orine et plus suptilz il appert par Ypocras en la troiziesme partie des Maladies agues en ung canon ou il parle du vin blanc ou il dit que le trespassement du vin blanc en la vescie est plus facile que tous aultres vin (Rég. santé corps C., 1480, 28). ...car le vin gros s'il est limphé il blesse tant plus tost le cerveau et se est subtilier, et par consequant devient plus fumeux. (...) le vin plus elegible et meilleur au regime de santé est vin moyen : entre nouveau et antique, cler declinant a rougeur, de bonne odeur, et de bonne saveur, qui ne soit aigre, ne agut, ne doulz, ne fumeux, ne gros, ne fort subtil, et soit de moyenne vertu (Rég. santé corps C., 1480, 50).

3.

[De vapeurs nocives qui s'engendrent au corps (qui peuvent notamment provoquer l'emportement)] : Et sera ce mouvement du cuer et des arteres ainsy ordonné de Nature pour attraire au cuer l'air de dehors par la dilatacion dessus dicte pour rafreschir la chaleur naturelle et pour bouter et mettre hors aussy les supperfluitez fumeuses hors du corps qui s'engendrent ou cuer. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 23). Tu dois entendre que anhelit est retenu voluntairement ou violentement. Se c'est par contrainte tantost vient la mort par deffaulte de infrigidacion et cuentacion comme par deffaulte de infrigidacion et cuentacion comme par deffaulte de expeller les superfluités fumeuses, comme sont les estranglés. (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 8).

-

[Dans l'éructation] : Eructuacion ou reuper, c'est ventosité fumeuse causee de indigestion de l'estomac, envoyé haut a la bouche par vertu expulsive de l'estomac confortee (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 6). Abhominacion, c'est indignacion de viande que on a devant desiree et quant on la voit, on la refuse et s'on pense de la prendre, on vomit ou on fait eructuacion fetide ou fumeuse ou aceteuse. (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 9).

C. -

Au fig. [D'une pers.] "Sujet à l'emportement, colérique" : Et celui qui superhabonde est appellé chaymes, fumeus et presumptueus. (ORESME, E.A., c.1370, 256). Li intencions de pluiseurs cardinaulx estoit que, quant il verroient leur plus biel, il remetteroient leur ellection ensamble et ailleurs, car cils pappes ne leur estoit mies pourfitables ne ossi à l'Eglise, car il estoit trop feumeus et trop merancolieus. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 144). Ce jour le conte camberlen prinst congié pour s'en aler devant et estoit tout fumeux et tourblé. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 97). Teste trop fumeuse, Rigour despiteuse, Bouche rïoteuse Font les contredis En faiz et en dis. (CHART., B. Nobles, c.1424, 403). Et senefie que cellui qui premier le porta [le paon] en armes estoit simple et auoit la teste fumeuse et parolle dyabolique et piez de laide facon (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 485). ...il monta sur son chevalet, car il avoit la teste chaude et fumeuse, et n'estoit point bien content quand on faisoit aultre chose que a point (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...les deux compaignons le Cueur et Desir (...) se prirent a penser qu'ilz avoient grant tort, et que s'ilz eussent du vin largement que on les pourroit tenir pour yvrongnes : premier le Cueur, de ce qu'il se courrouçoit si ligierement, qui ung petit estoit fumeux. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 113). Haro, quel dyable il est fumeux ; On n'osera tantost mot dire ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 436).

Rem. Autres ex. ds GD IV, 181c.

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"En état de colère" : La pouvre fille, en cest estat, marrie, Dieu le scet, et desolée, part de sa cruelle et fumeuse mere (C.N.N., c.1456-1467, 69).