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FRONCHIER, verbe |
[T-L : fronchier ; GD : fronchier ; AND : frouer ; FEW X, 466b : roncare] |
A. - | [D'une pers.] "Ronfler" : Sterto (...) : fronquier, ronfler. Stertens (...) : froncans, ronflans. ([LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 474]). |
B. - | [Des dents] "Grincer" : Se tu me fais les dens froncquier... ([MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 132]). |
| Rem. Peut-être à rattacher plutôt à froncer. |
C. - | [D'un cheval, d'une mule, d'un sanglier...] "Renifler, renâcler, souffler fortement des naseaux, du groing..." : [P. réf. à Job, 39, 20-28]Et pour ce dit la Sainte Escripture que le cheval odore et sent la bataille de long, et fronque quant il ot le son des instrumens comme sunt les trumpes. ([ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 168]). Sy ne garderent l'eure qu'ilz oïrent assez pres d'eulx cheoir deux chevaulx, qui prindrent moult fort a fronchier ainsi que espoentez ([Percef. II, R., t.2, c.1450 [c.1340], 16]). |
| - | Fronchier du nez, des narines : Quant le cheval le veyt a l'oeuil et senty sa main qui luy aplanioit le dos, il prist a ruer du pié dextre et a fronchier de la narine ([Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 252]). Lors fery la beste, qui fronchoit des narrines pour le hurtement de l'escu ([Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 665]). |
| . | [D'une pers.] : SATHAN. Fronchez de vostre orde narine, Lucifer, dragon furïeux, Et gettez souppirs sulphureux ([GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 30]). ...il se mist hors au mieulx qu'il peult, tout fronchant de la narine et des dens pour la pointure qu'il sentoit a sa char tellement que le sang en sailloit ([Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 175]). Tantost que Passelion entendy le varlet, il commença a fronquier des narrines, puis print un baston et... ([Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 698]). Sy commencha l'empereur a fronchier et a nariner et tant fut dolant qu'il ne se peust taire ([Garin Mongl. K., c.1460-1465, 91]). Tués vous maintenant, tués, Esragiés et vo sang sués. Fronquiés de nés et de narine [var. Frongnies, de frogner] ([MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 297]). |
| - | "Renâcler (comme un cheval, un sanglier...)" : Quant Estonné oÿt ce, il prist a fronchier de despit ([Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 219]). Tandis que Estonné se touilloit en ces orties pour yssir hors, il se detordoit pour la grant anguoisse qu'il sentoit et cryoit a haulte voix, puis ronfloit et froncquoit comme ung cheval. ([Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 349]). |
REM. Ex. d'a. fr. ds GD IV, 161a. Figure aussi, à tort, ds FEW XVI, 254a : *hrunkja. Même mot dans l'ex. suiv. ? Au fig. "renâcler" (?) : Fay de Loyauté ta touche (...) ; N'aten pas jusque au demain, Ainçois de ta propre main La fay, et se nulz en frouche Ou en parle ne en grouche Fay le pugnir de son claim. ([DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 318]).L'Éd. rattache à froncer "fronce le sourcil". |
DMF 2020 - Article revu en 2015 |
Robert Martin |
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