C.N.R.S.
 
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     FOURCHE     
FEW III furca
FOURCHE, subst. fém.
[T-L : forche ; GD : forche1 ; GDC : fourche ; AND : furche ; FEW III, 884b,892a : furca ; TLF : VIII, 1158a : fourche]

A. -

"Instrument formé d'un long manche muni de dents, fourche"

 

1.

[Utilisé pour divers travaux surtout agricoles] : Ung laboureur qui a charrue et soc, Fourche et rateau, serpe, faucille et broc En son oeuvre prent consolation (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 13).

 

-

Fourche à fiens/fourche à gerbes : ...ycellui deffunt print une fourche à fiens, et yssy en la rue, et d'icelle de rechief se efforça de ferir parmy le corps ledit Jehan Eutasse (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 412). Et après ledit Moquet vint sur ledit moine et, d'une fourche a jarbes qu'il avoit, lui donna sur sa teste pluseurs cops (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 289).

 

-

Fourche de bois/de fer : ...[il] mal print et embla en ladite ville de Troyes, en l'ostel de Guillemin Drouet, son frere, une fourche de fer avec un hoeau , par lui venduz, en icelle ville, XIJ d. par. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 220). ...une petite fourche de boys à fener foing (Doc. Poitou G., t.7, 1413, 237). ...ledit Jehan Mary s'en retourna à l'ostel de son dit maistre et lui dist que ledit larron texier vouloit tirer vers Chasteleraud et qu'il lui baillast la fourche de fer, et qu'il avoit ung grant cousteau de quoy il lui pourroit faire desplaisir. (Doc. Poitou G., t.10, 1457, 43).

 

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[Servant à placer du charbon sous un gril] : Or tost a voz forches boutez Charbon et feu soubz ce rostier (Mir. st Lor., 1380, 189).

 

2.

P. méton. "Corvée d'un homme qui doit venir avec sa fourche pour faner le foin"

 

Rem. Doc. XIVe s. et 1439 ds GD IV, 68a.

 

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Deux fourches. "Deux journées de fenaison (?)" : ...item, il y a IX masurez dont chacune doit II fourchez à la my aoust ; et doyvent II s. t. de plez tous les habitans de la ville, excepté les frans (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 27).

 

-

Fourche en pied. "Redevance payée à la Saint-Jean"

 

Rem. Doc.1376 ds GD IV, 68a.

 

3.

P. anal. "Bâton taillé en fourche" : Et, quant il verra en aucun lieu ou les bestes auront bien hanté et venu soillier souvent, il doit faire au dessoubz du vent, par la ou il voit que les bestes viennent au sueil, sus quatre fourches aucune mote de terre ou une souche du hault de deux piez, pres du sueil a un giet de palet, car voulentiers viennent au sueil quant ilz reviennent de leurs mengues. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 280).

 

-

Fourche ferree devant. "Fourche à pointes ferrées" : Et le puet on prendre vif a une fourche ferree devant, li mettre sus le coul contre terre et le lier comme un chien ou tuer, s'il veult. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 267).

B. -

"Potence"

 

1.

[Gén. au plur.] Fourche (patibulaire). "Colonnes de pierre, au haut desquelles se trouve une traverse à laquelle on suspend les criminels condamnés à mort" : PREMIER SERGENT. (...) Il a fourche, estache et crochet, Cordes et tout quanqu'a li fault. (Mir. femme, 1368, 208). Sanz le larron les fourches voit Qui avoit esté despandus (DESCH., M.M., c.1385-1403, 133). ...pourra nostre dit cousin faire justice quarrée en ses fiez ailleurs que ès lieux où l'en dit que elle fut autreffoiz à fourches (Cartul. Laval B., t.2, 1394, 347). Le prevost de Paris a exposé à la Court que on lui a rapporté que aucuns ont despoillié certaines fourches ou gibés patibulaires environ Paris des charoignes de ceulx qui y avoient esté executez (BAYE, I, 1400-1410, 221). Et les payens estoyent dessoubz les prés prés des fourches et montoyent en hault Guy de Bourgoine, qui avoit les yeulx bendés et les mains liees et une grosse corde au col (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 114).

 

-

[Comme marque de la haute justice : le nombre de piliers correspond à la dignité du seigneur] : ...neantmoins le dit viconte ne les siens hoirs ou successeurs ne porront dedens les dites mettes ne en yceuls lieus exeptez, ne ès autres lieus hors des dites metes appartenans aus diz religieux, droicer ou lever justice, c'est assavoir fourches ne autre signe de justice (Doc. Poitou G., t.2, 1341, 197). Se aucun est en possession paisible et saisine d'avoir fourches en aucun lieu et, aprés ce, ses fourches cheent par feblesse, veillesse ou par vent, non obstant ce qu'il se souffroit par pluseurs années de refaire les fourches, par ce ne pert il mie sa saisine ne sa possession qu'il ne puisse refaire les fourches, quant il lui plaira et le cas y avendra. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 154). ...octroyons audit lieu de la Mote et sur toutes ses appartenances et appendances, hommes et subgietz dudit lieu, toute justice et juridicion, haulte et moyenne, forches patibulaires et tout ce qui de haulte et moyenne justice se deppend (Doc. Poitou G., t.10, 1461, 308). ...pour l'excercice d'icelle haulte justice, de eriger ou faire eriger, tenir et avoir à perpetuité justices et fourches patibulaires et autres choses concernans et demonstrans les droiz de haulte justice, et de creer et establir en ladicte terre et seigneurie de Mons bailli, prevost, chastellain, gardes de seaulx, sergens et autres officiers requis et necessaires pour l'excercisse de ladicte haulte justice et droit de chastellenie (Doc. Poitou G., t.12, 1481, 446).

 

-

Baloyer aux fourches. "Se balancer au gibet" : ...Avoir ama et le tint tant Qu'aux fourches en fu baliant (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 31). L'apostole feray a fourques balïer Et trestout le clergiet ardoir et exillier (Belle Hélène Const. R., c.1350, 316).

 

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Dresser/edifier/elever/lever fourches (patibulaires) : Et se le dit Jehan vouloit faire drecier forches, il les porroit faire drecier sur l'eur du dit fossé, devers le dit chemin qui mainet d'Apremont à Saint-George, au dehors et par l'autre part de la dite lande. (Doc. Poitou G., t.3, 1353, 126). Par la ne passoit nul qui ne feust ruez jus. Et quant Gieffroy oy ces nouvelles, si fist tantost lever unes fourches sur le costé de la montaigne, et fist pendre toutes les gens Glaude, excepté lui et ses deux freres. (ARRAS, c.1392-1393, 205). Il appelat incontinent son chambellain et luy commande qu'il [f]ace dresci[er] unez fourchez par devant le palaiz sur la voie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 25). ...ilz eleverent fourques devant les portes de la cité (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 112). ...octroyons congié et licence de fortiffier sondit hostel de la Brullonnière de murailles, murectes, tours, canonnières, fossez, ponts leveiz, bolevars et autres fortifficacions et emparemens appartenans et neccessaires à la fortifficacion et emparement de sondit hostel, et aussi d'elever et faire elever lesdictes fourches patibulaires en sadicte terre (Doc. Poitou G., t.11, 1472, 312). ...nous plaist que lesdiz religieux, abbé et convent de ladicte abbaye ayent, usent et joyssent desdiz seaulx aux contractz et puissent faire ediffier et drecier fourches patibulaires à quatre pilliers et chevalet par dessus (Doc. Poitou G., t.11, 1472, 323).

 

-

Mener/mettre/trainer qqn aux/sous les fourches : Et fust uns homs trestout enmy Grant planté de ses annemis, Qui tuit li eüssent promis La mort, et tuer le porroient A leur plaisir, quant il vorroient, Lui vivant en celle paour, Non obstant grieté ne frëour, Se trouveroit il reconfort. Encor y a un point plus fort : Qui le menroit aus fourches pendre En celle heure, sans plus attendre, Si seroit il reconfortez Et soustenus et deportez En esperence d'eschaper ; Lors ne le porroient taper Male errour, ne desesperence, Tant comme il aroit esperence... (MACH., J. R. Nav., 1349, 211). A ce conseil se consentirent tous communement et fu le corps traÿnés jusques aux fourches et pendus, sans plus detrïer (Bérinus, I, c.1350-1370, 418). [Avecque] son frere fu aux fourches trainez, On les a au gibet pendus et encrouez. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 80). Et ce fu dit pour un homme que li sires de Mont Saint Juliam avoit prins par soupeçon de faulseté de lettres et le fist mener soubz les fourches, et si paia IIIIxx livres, et fu ramenéz en prison et enterréz soubz les fourches. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 243). ...mais pour chose qu'ilz luy deissent, ne respondy ung seul mot, et fu menés, tout trainant, jusques aux fourches, et fu payé de sa deserte (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 125). Le riche homme (...) leur commanda [aux sergens] (...), que, se les diz trois larrons freres estoyent prins, que tantost ilz fuissent mis aux fourches (MIÉLOT, Mir. N.D. W., 1456, 34).

 

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Pendre aux fourches : ...ou lieu de Richart va au fourches pendant : Maugis en fu bourel (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 360). Encores fist pendre aux fourches quatre m serfs et esclaves, qui avoient offendu leurs seigneurs et estoient dignes de mort, et quatre mille en rendy a leurs propres seigneurs. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 193). ...pour aidier à mener iceux mauffaitteurs pendre aux fourches du dit buisson (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 68). Si pleust au roy (...) Les faire (...) destruire et a fourches pendre ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 264). Et te puist l'on es forches pendre(s) ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 76). ...le roy de Morienne en champ mortel fu occis et pendu avec le chepier aux fourchez, trayné et encröé pareillement (Saladin C., c.1465-1468, 164). Qu'aus fourches soit ton villain corps pendu ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 351).

 

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Prov. Le larron n'aimera jamais celui qui le ramene des fourches : Et pour ce dit l'en que le larron ne amera jamés celui qui le ramaine des fourches. (ORESME, E.A.C., c.1370, 473).

 

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[Cont. grivois] Pendre aux basses fourches d'une femme. "Avoir un rapport sexuel avec une femme" : ...la fille s'en alla bien courroussée qu'on ne pendoit bien en haste et bien hault celuy qui avoit pendu a ses basses fourches. (C.N.N., c.1456-1467, 162).

 

2.

"Instrument de torture" : Or tiendz, Jhesu, nostre croix porte, Tu y ara l'eschine torte, Les fourches sont ou tu pemdras Et tes bras fort y estandras. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 202).

 

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"À Rome, instrument de supplice destiné aux esclaves" : O vous Quirites, se disoyt il, cestuy mon filz que vous voyez meyntenent aler joyeus et alegre pour cause de sa noble victoyre, vous veyez orendroyt entre les tormens et batemens lié desoz la fourche [trad. lat. sub furca] (BERS., I.26, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 172d). Et la cause de la restauration d'iceulx estoit ceste quar au jeus que l'en avoit fet avant, si comme a Romme estoit acoustumé, par un matin avant que les jeus commençassent uns preudons avoyt un sen serf, tout nu, batu et trenché souz la fourche [trad. lat. sub furca], mené par mi le cirque (BERS., II.36, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 203b). Tiexte : Car comme un homme du peuple pere de famille Glose : c'est a dire lequel avoit hostel et mesniee ou famille a gouverner Tiexte : eust un sien serf batu et mené aus fourches [trad. lat. sub furca] parmy le cirque avant ce que la pompe fust venue (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, I.7.4, texte et glose, f° 50a).

 

3.

"À Rome, pique fixée horizontalement sur deux autres, sous laquelle on fait passer les vaincus, joug" : C'estoit le plus grant victupere que l'en peust fere a celui temps aux vaincus que les faire passer soubz un jouc ou soubz une fourche (BERS., c.1354-1359, ms. London, British Libr., Royal 15.D.VI [ms. de la fin du 14e s.], livre III, chap. 16, f° 74b). Et si sera fait comme une fourche ou deux lances drecees et une par dessus au travers, par dessoubz laquelle fourche les Roumains passeront tremmis soubz le joug ou en subjection du roy Jugurte (LEBÈGUE, Salluste, c.1417, f° 48v).

 

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Fourches caudines. V. caudine "Défilé près de Caudium où les Romains, vaincus par les Samnites, furent contraints de passer sous le joug en signe de capitulation"
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

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