C.N.R.S.
 
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     FOUDRE1          FOUDRE2     
FEW III fulgur
FOUDRE, subst.
[T-L : foudre ; GDC : foudre ; AND : fuildre ; DÉCT : foudre ; FEW III, 841b : fulgur]

A. -

Au propre "Foudre" : ...qui li diroit que pas n'est De tel couleur, tost seroit prest De tencier et de fulminer Et de faire foudre voler, (Tost) feroit croullement de terre Et (une) esmuete de tonnerre. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 244). Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames ; Et en pluseurs lieus a grans flames Cheï li tempès et la foudre Qui mainte ville mist en poudre ; N'au monde n'avoit si hardi Qui n'eüst cuer acouardi ; Car il sambloit que decliner Vosist li mondes et finer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Car il advint a celle heure que je t'ay dicte, que li airs troubla et oscurcy, la terre crola, li vent venta despertement, foudre et tournerre volerent et cheïrent abondaument (Bérinus, I, c.1350-1370, 234). Je ne crieng pas la foudre tant Com je crieng t(e)'yre et ton content. (MACH., Voir, 1364, 640). ...car l'isneleté du mouvement des estoilles est plus grande ou resgart de quelcunque isneleté de cibas, si comme de la foudre, que ne seroit la violence du mouvement des estoilles ou resgart de la violence du mouvement de la foudre, de tant comme le ciel qui est selon leur opinion de nature de feu est plus rare ou plus cler et plus aesé ou plus legier a diviser que n'est l'aer ou le feu de cibas. (ORESME, C.M., c.1377, 476). Plus hurte li vens aux clochiers Qu'il ne fait aux petiz planchiers, Et par fouldres sont craventez Plus que les celiers bas entez (DESCH., M.M., c.1385-1403, 343). Et a chascune foiz qu'elle passoit devant la fenestre, elle gettoit un cry si merveilleux et si doulereux que chascun en plouroit de pitié, et appercevoit on bien qu'elle se partoit enviz du lieu, et qu'elle s'en partoit par contraincte. Et adont print son chemin vers Lusegnen, menant si grant escroiz et si grant enfreinte qu'il sembloit, par tout ou elle passoit, que la foldre et la tempeste y deust cheoir. (ARRAS, c.1392-1393, 260). ...la fouldre sur lui chaÿ, Qui l'acravanta et ardi Et ses riches sales fondi. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 188). ...aussi cheent les fouldres le plus souvent sur les haulx combles et les grans montaignes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 145). Et puis, sus une enclume dure, Les faire [les chrétiens], par cops de marteaulx, Tous desrompre, hos et veineaulx, Tant que tous mis seront en pouldre Et em piece, ainsi que la fouldre, Du ciel , l'em pourroit fairre. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 142). En ce temps, furent apportées à Paris les chasses de saint Crespin et saint Crespinien, pour trouver remede à ladicte maladie de pestilence, et aussi pour eulx quester, afin d'avoir de quoy recouvrir l'eglise desdiz sains audit lieu de Soissons, que ladicte fouldre et tempeste avoit ainsi destruicte et abatue, que dit est devant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166). A la venue de Mars, grant dieu de guerre, Ciel, mer et terre en toutes pars tremblés, En voz [...] lacz mouvés fouldre et tonnerre... (Cene dieux, c.1492, 108). Faisons mouvoir en l'air fouldre et tonnerre, Tumber venin et poisons sur la terre... (Cene dieux, c.1492, 120). Cestui prenostica bien au vray de la fouldre qui fut en Jerusalem, où tout fut quasi bruslé, excepté le Temple. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 117 r°). ...l'année que la royne accoucha de Philippe au bois de Vincennes, avoit prenostiqué des fouldres et tempestes, qui advindrent, par especial, audit Vincennes et tumba la fouldre sur le lit de la royne et furent les courtines brullées et plusieurs personnes suffoquées (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 134 r°). Il sort dehors d'enfer par fouldre et par tonnerre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 218).

 

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Foudre d'enfer/infernale foudre. "Foudre de l'enfer" : Sailliez avant, estes vous yvre, En la foudre d'enfer en bisme. Yqui de vous panray le disme Que longuement m'avez deü Des biens qu'ou monde avez eu. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 250). Excusez nous [nous, les pendus], puisque sommes transis, Envers le filz de la Vierge Marie, Que sa grace ne soit pour nous tarie, Nous preservant de l'infernale fouldre. Nous sommes mors, ame ne nous harie, Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 66).

 

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[Dans une formule d'imprécation] : Boute toy, que la malle fouldre Si te puisse escarteller. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 288).

 

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[Comme terme de compar.] : Ce baillif redoubt come fouldre Qui si s'aire et si s'esfoudre Contre moy. (Mir. femme, 1368, 213). ...et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. (ARRAS, c.1392-1393, 184). Et le cheval en va si raidement qu'il semble que ce soit fouldre qui descende du ciel (ARRAS, c.1392-1393, 230). Haro ! Mon grant diable, que faix ? Va voulant en l'air comme foudre, Garde ne fine mais de corre Jusques aye de diable grant masse (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 33). Nous santiens la terre tranbler Qu'il sanbloit qu'elle voulsist soudre, Et ung ange, rouge com foudre, Leva le tonbeaul qu[i]l estoit sus (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 259). ...ce dit, il embracha l'escu, apointa sa lance pour jouster, brocha le destrier aigrement en recommandant son corpz en la garde de Dieu, se fery entre lez Castelains de tel radeur que ce sembloit fouldre et en abaty a la jouste telz quatre dont ly plus eureux n'en releva oncquez depuis (Comte Artois S., c.1453-1467, 31).

 

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[À propos du guerrier] Comme un foudre : Jacquet de Lalaing (...) baissa sa lance et férit le destrier roüan de l'esperon, lequel, comme un foudre, accourut par telle force que les deux vassaux rompirent leurs lances par telle vertu que les éclats en volèrent par-dessus les hourts des dames (Faits Lalaing K., c.1470, 55).

B. -

P. anal.

 

1.

"Choc comparable à celui de la foudre" : ...à Saint-Augustin, qui estoit noble eglise et grande, laquelle, en ce mouvement [de terre], fu toutte tresbuchée et versée ; et furent les deux maistresses des voultes ouvertes, et tellement cheurent en bas que tout fut effondré, cassé et brisé, par telle foudre, que nulz ne oseroit ne saveroit penser. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 345).

 

2.

"Éclat, puissance (du regard)" : Et comme dit Ysodoires en son XIIe. liure le chat voit si aguement de nuit que la fouldre de son regart sourmonte les tenebres de la nuyt. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 471).

 

3.

Mettre en foudre. "Foudroyer (au fig.)" : Si je n'eusse esté si hastif De mettre le feu en la pouldre J'eusse destruit et mis en fouldre Tout quanque avoit de damoiselles. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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