C.N.R.S.
 
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     FORFAIRE     
FEW III 351a facere
FORFAIRE, verbe
[T-L : forfaire ; GD : forfaire1 ; GDC : forfaire ; AND : forfaire ; DÉCT : forfaire ; FEW III, 351a : facere ; TLF : VIII, 1076b : forfaire]

A. -

[Idée de transgression] "Commettre une faute, une transgression"

 

1.

Empl. intrans. ou pronom.

 

a)

(Se) forfaire. "Commettre une forfaiture, faire du mal, du tort" : Et li hons qui est yvre d'amour parfaitement Il ne cognoit le jeus, ains se forfait souvant. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 779). Encor, pour cremeur de fourfaire, N'ose il ne venir ne aler (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 191). Moult folie qui se fourfet (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 191). Tant sont si oel secretaire De gentil et noble afaire Et si paiant sans fourfaire (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 179). Et de tous ces doubtes et perils l'avoit osté François Acremen, qui avoit parlé pour lui et remonstré à ceux de Gand que il se fourferoient trop grandement et amenriroient de leur honneur, se il ochioient ne travilloient Piètre dou Bos. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 296). ...ladite haie de Morville avoit esté à feu Messire Hue de Morville qui se forfist et que par sa forfaicture et confiscation la chose estoit venue au Roy nostre dit Seigneur (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1451, 274).

 

-

"Agir en dehors du devoir, manquer à son devoir" : Pour faire certein jugement, Vous me deüssiez dire en quoy J'ay forfait, et tout le pourquoy Amener a conclusion. Or est en vostre entention Secretement mis et enclos. S'il ne m'est autrement desclos, Je n'en saveroie respondre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 166). Bien say que vous n'estes pas ivres, Quant vos fais amoureus ditez. Dont bien savez de vos ditez, Quant vous les faites et parfaites, Se vous faites bien ou forfaites, Dès qu'il sont fait de sanc assis Autant a un mot comme a sis. S'il vous plaist, vous y garderez, Qu'autre chose n'emporterez De moy, quant a l'eure presente. (MACH., J. R. Nav., 1349, 167). Li rois (...) fist de recief un très especial mandement et commandement à tous nobles et fievés tenans de lui, que nulz, à trop grandement fourfaire, ses lettres veues, ne s'escusast ne demorast qu'il ne venist devers lui. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 1). ...on trouvera en verité que j'ai esté en Engleterre, et que j'ai relevé la ducee de Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop fourfais, et ne sai que li .XII. per de France de la correction en vodront dire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 487).

 

-

"Commettre une faute, tomber dans le péché" : Lasse ! bien me doy destourber, Quant ensement me suis forfaite. Jamais ma paix ne sera faite Sanz vous, doulce vierge Marie (Mir. enf. diable, c.1339, 10). ...car il cuidoit avoir tant fourfait envers Dieu que jamais ne peust impetrer de lui misericorde. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 30).

 

-

Se forfaire de qqc. "Manquer de clairvoyance, se tromper sur un point donné" : Or regardés se chils Phelippes ordonnoit bien ses besongnes. Il m'est avis, et ossi est il à pluiseurs qui se connoissent en armes, que oïl, fors tant que il se fourfist de une seulle cose. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 51).

 

-

Part. passé en empl. adj.

 

.

"Coupable" : ...il recouvra l'obéissance et ouverture de la ville, et y mit pour une espace, comme en ville conquise et forfaite, officiers et gouvernement de par luy. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 152). ...on le mit sur une roue entre les meurdriers les plus forfaits du monde (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 404).

 

.

Estre/se sentir/se tenir pour forfait. "Être, se sentir dans son tort, coupable" : "Et sont orgilleux et presomptieux et trop fourfait, quant il querent aliances à estragne signeur tel comme le roi d'Engletière, qui est nostres aversaires." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 284). Les bonnes gens de Gaind (...) n'estoient mies bien aisse de ce que il veoient les coses en che parti, et se sentoient trop grandement fourfait enviers leur signeur. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 180). Et puis dist à son filz : "Quelle chose est cecy en ceste boursete ?" L'enfant, qui fut tout prins, ne sonna mot, mais devint tout blanc de paour et tout esperdu, et commença fort à trembler, car il se senti forfait. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 84). ...il se tenoit pour fourfait au roy et a toute sa court de ce que tant longuement avoit laissee la seigneurie du roy pour autre. (Livre bêtes L., c.1450-1500, 96).

 

.

Empl. subst. : ...et avoie dit que le duc alors fist response : que, luy party de Paris, les iroit visiter temprement, afin de les réduire de leur rébellion longuement tenue et d'en recevoir en grâce les fourfais, dont toute la généralité présentement estoit en repentance. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 167).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui se rend coupable d'un forfait" : ...maintenir la guerre a l'encontre de tous fourfaisans [leçon malfaiteurs dans Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 153, 287-288] (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 204).

 

b)

En partic. [Domaine sexuel]

 

-

[D'une femme] "Fauter, se déshonorer" : Einsi la dame se maintient Qui le dueil de son amy tient, En cas qu'elle soit vraie amie. Or diray de l'autre partie. Quant la segoingne se fourfait [var. meffait], Et ses males en scet le fait, Je croy bien que moult s'en aïre Et qu'il en a au cuer grant ire ; Mais trouver en puet aligence En ce qu'il en atent vengence. (MACH., J. R. Nav., 1349, 194). Une dame, tant soit vaillant, A dire voir n'a plus vaillant Que s'onneur, et s'elle la pert, Chascuns dira tout en apert : "Ves la celle qui se fourfist" (MACH., Voir, 1364, 300). Celle dame ot non Jehane, et garda mal son mariage et se fourfist, pour quoi elle en demora lonch temps ens ou Chastiel Gaillart en prison avant ce que son mari fust rois. (FROISS., Chron. D., p.1400, 173). Forfaicte me suis grandement Et ay rompu mon marïage, Par quoy me fault presentement Morir a deul et a hontage. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 424). En ce temps, damoiselle Ysabeau de Cambray, femme de sire Guillaume Colombel, puissant et riche homme, fut mise et constituée prisonniere en la conciergerie du palais royal à Paris, à la requeste et pourchas de sondit mary, qui principalement la chargoit de trois choses : la premiere qu'elle s'estoit forfaicte et habandonnée à autre qu'à luy ; la seconde... (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 156).

 

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Part. passé en empl. adj. "Coupable, infidèle" : Vous avez dit et devisié Et jugié de fait avisié Par diffinitif jugement, Que cils a trop plus malement Grieté, tourment, mal et souffraite Qui trueve sa dame forfaite Contre lui en fausse maniere, Que la trés douce dame chiere Qui avera son dous amy Conjoint a son cuer, sans demy, Par amours, sans autre moien... (MACH., J. R. Nav., 1349, 172). De la femme forfaitte grant probation as Que ta pitié est grande quant tu l'arraisonnas ; La Magdalene aussi, a cuy tu pardonnas Les sept pechiés mortelz et grace luy donnas. (Livre Rossignol. N., c.1400-1420, 65).

 

-

P. anal. [D'une femelle d'animal] : Einsi la dame se maintient Qui le dueil de son amy tient, En cas qu'elle soit vraie amie. Or diray de l'autre partie. Quant la segoingne se fourfait [var. meffait], Et ses males en scet le fait, Je croy bien que moult s'en aïre Et qu'il en a au cuer grant ire ; Mais trouver en puet aligence En ce qu'il en atent vengence. (MACH., J. R. Nav., 1349, 194).

 

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Part. passé : Vous avez un point soustenu Dont po d'onneur vous est venu, En ce que ma dame de pris Avoit seur la segoingne pris, Comment elle est a la mort traite, Quant envers son male est forfaite. Cuidiez vous qu'elle vosist dire Qu'on meïst la dame a martyre De la mort, qui se mefferoit Envers celui qui l'ameroit ? Nennil ! voir ! ce seroit folie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 199).

 

-

[D'un homme] "Satisfaire une envie sexuelle" : Car pourquoy il est necessaire Et besoing a la creature Aucunesfois de soy forfaire Et trouver bestail et pasture ! Sy aucun quiert son adventure, Et une femelle le deduit, Cela ce n'est que nourriture, En fault il faire tant de bruit ? (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 32).

 

c)

(Se) forfaire contre/envers/vers qqn/qqc. "Faire du mal à qqn ; agir envers qqn/en face de qqc. contrairement à ce qu'on a le devoir de faire" : "Si mandons, commandons et enjoindons (...) à tous nos seneschaus (...) ou aultres nos officiiers, sur quanque il se poeent fourfaire envers nous (...) qu'il publient et facent publiier ces presentes." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 50). Il dist à ses gens et à celui qui portoit se banière : "Je vous ordonne et commande, sur quanques vous poés fourfaire envers moy, que vous demorés et attendés fin de journée." (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 124). Mal y venoyent pecheurs, traites et malfaiteurs qui forfaysoyent contre la magesté royale de Dieu, en trespassant sa loy et ses commandemens (GERS., Purif., 1396-1397, 61). ...maiz s'attendoit à la bonne justice de la Court, contre laquelle ne contre le Roy son seigneur, ne contre son honneur ne voudroit jamaiz forfaire (BAYE, I, 1400-1410, 187). Se tu as deux serviteurs qui ayent tous deux forfait contre ta vie et ton estat, tu en puez l'un jugier a mort et a l'autre pardonner. (GERS., Trin., 1402, 163). ...et que cela touchoit totallement à sa majesté royalle touchant les arrestz qui par son Grant Conseil pourroient estre donnez contre ceulx qui auroient forfait contre luy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 158).

 

-

Part. passé "Coupable à l'égard de qqn" : Guillaume, oëz et entendez : Vers les dames estes forfais, S'en avez enchargié tel fais Que soustenir ne le porrez, Ne mettre jus, quant vous vorrez. (MACH., J. R. Nav., 1349, 165).

 

2.

Empl. trans.

 

a)

Forfaire qqc. (une transgression, un tort, le mal...)

 

-

[Le compl. est un pronom indéf., démonstratif, une valeur minimale] : A ton benoit chier fil m'acorde (...) De ce qu'avons forfait vers lui Et vers toy, vierge gracieuse (Mir. enf. diable, c.1339, 17). Vierge, que que j'aye forfait Se Dieu plaist, je m'amenderay (Mir. femme roy Port., c.1342, 199). Quant Berinus se vit ainsi saisir, si mua couleur et fremy et tressua d'angoisse et leur dist: "Beau seigneur, que ay je fourfait, qui si villainement me tenez" ? (Bérinus, I, c.1350-1370, 45). Se a moy vous voullez randre et estre repantant, Tot ceu qu'arez forfait vous serai pardonnant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1007). Si se getta à genolz devant le maistre de Vis et pria à mains jointes que on eust pitié de lui, car elle ne cuidoit avoir riens fourfait, et que à la couronne et hiretaige de Portingal elle ne demandoit riens. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 257). ...s'il advenoit que aucuns de leurs maisnies, ou autres personnes, fourfeissent riens en leurs hosteux (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 256).

 

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Forfaire qqc. à/envers/sur qqn. "Faire tort de qqc. à qqn" : ...Et le clamme tout quite quant qu'a moi forfait a. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 681). Il trettièrent (...) par composition tele que il voloient bien estre assegiet, mais il ne devoient riens fourfaire l'un sus l'autre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 65). Ils se tinrent tout quoi à Poitiers et sus le Marche, sans riens fourfaire as Rocellois. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 81). Se aucun de la commune ou la commune mesmes me forfait aucunes choses, il convendra que je praigne droit de lui ou de la commune en la court Saint Benigne pour le maieur de la commune au jugement des juréz, ne je ne les pourray contraindre ou plaidier ou monstrer chartre defors la devant dite court. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 22).

 

.

Forfaire qqc. à un site "Infliger des dégâts à qqc." : Moult grant fuit li assault droit a Monlusant (...). Pour niant l'assailloint, il n'i forfirent ung gant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 496). Et avoit commandé toutes manières de gens à logier, et de point passer avant, et deffendu sus le hart que nuls ne fourfesist riens à le ville, d'arsin ne d'autre cose. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 154). Si leur tourna à contraire, quoique li contes de Bouquighem fesist faire un bant sus la teste que nuls ne fourfesist à l'abbeïe ne de feu ne d'autre cose. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 277). Aprés, siet Charlez devant Piragore II mois, qu'il n'y forfist I denier (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 98). ...il assault chascun jour [la cité] et n'y at fourfait ung bouton (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 160). ...il asallirent la ville et le prisent d'asaut ; mais au chastiel ne porent il riens fourfaire, car il est trop fors (FROISS., Chron. D., p.1400, 763).

 

.

Forfaire un pays. "Causer du tort à qqc. (un pays)" : ...monsigneur Denis de Morbeke (...) avoit de sa jonèce fourfait le royaume de France par guerre d'amis et d'un hommecide que il avoit fait à Saint Omer. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 54).

 

-

"Salir, souiller, violer (un corps)" : Lors leur a dit Lucrece : "Vous verrés assez tost qu'est ce que on doit au corps qui est fourfait ! Car, pour voir, se il est quipte de pechié, pour ce ne wil je paz que il soit quipte de tourment, ne ne serrai example que nul non chaste fame doive vivre emprés moi !" (BERS., I, 1, c.1354-1359, 58.10, 97).

 

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[Avec un compl. interne] Forfaire qqc. "Commettre qqc." : Est si cruel le criesme et le meffaict Que j'ay fourfait... ? (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 13). ...Vous reparastes le diffame Que forfit la premiere femme (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 486). Qui sont les faulx villains garssons Qui ont forfait ce grant oultraige ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 25).

 

b)

Forfaire (à) qqn/qqc.

 

-

"Mal agir envers qqn, manquer à ses devoirs envers qqn" : ...Estez vous dont estrait de si noble estraccion C'on ne vous oseroit forfaire la monte d'un bouton ? (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 793). Le villain fault faire mourir A grief martyre en present Car Martin par enchantement Nous a forfaict vous le voyez (Myst. st Martin K., a.1500, 197). En rien vous ne m'avez forfait, Mais m'avez traicté si tresbien Qu'en parler, en dit et en fait Je vous repute homme de bien. (LA VIGNE, S.M., 1496, 212).

 

-

"Enfreindre, violer qqc. (une loi, un ordre naturel)" : La maison d'un bourgois orent toute fustee Pour la grant malletoste c'on ot acoustumee, Qu'i n'avoit point païe, s'estoit l'eure passee, S'eust forfete les lois qu'il ot en la contree (Tristan Nant. S., c.1350, 66). Et encores porront bien les princes prouffiter a pugnir ceulz qui forfont a la justice, ayans esgard a maintz aultres grans perilz que sont advenus (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 16). ...Et ceulx qui font a telz gens assistence Forfont de fait a l'ordre de Nature, Et sont dignes d'estre mis a torture. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 63). Ilz ont desservi copz de pelles. Puis que nostre loy ont fourfette. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 80).

 

-

"Salir, déshonorer qqc. (une renommée, un nom)" : Ains a du tout los et honneur forfaiz Quant il n'ensuit des nobles l'exemplaire, Et s'aucun s'est en cest endroit meffaiz, Ses heures die en cestui breviaire. (CHART., B. Nobles, c.1424, 395). Noble de nom et sans fait, que as tu faict ? Tu as fourfaict ton nom de noble affaire. On te cuidoit juste, bon et parfaict, Mais ung let faict tu as faict (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 93).

 

-

"Déformer, défigurer qqn"

 

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Part. passé : ...les humeurs luy descendoient sus les yeux et ne vëoit goutte le plus du temps. Aucuns disoient qu'elle estoit fourfaicte de trop grandes mengeries (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 78).

B. -

P. méton. [Idée de perte par la punition d'un forfait] Forfaire qqc.

 

1.

"Perdre (un bien), voir confisquer (un bien) en punition d'un forfait, d'une faute" : ...il [les poissonniers] ne les pourront vendre [leurs poissons] en place, en gros ne autrement, avec la marée de lendemain ; mais les vendront à leurs Estaus : et ceux qui feront le contraire, forferont leurs Poisçons. (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1369, 253). Par foy, sire roys, dist Jossellins, il dist verité. Et oultre plus, icellui Hervy occist le nepveu du roy vostre predecesseur, en trahison, et s'en fouy hors du pays, ne oncques puis n'en fu nouvelle ouye. Et lors ly roys me donna toutes a [l. toute sa] terre qu'il avoit forfaitte. (ARRAS, c.1392-1393, 56). L'autre raison si estoit telle que, se li contes de Montfort i euist auqun droit, se l'avoit il fourfait par deus raisons : l'une par tant que il l'avoit relevet de aultre signeur que dou roi de France de qui on le devoit tenir en fief ; l'autre raison pour tant que il avoit fourpasset le conmandement de son signeur le roi et brisiet son arest, et partis sans congiet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 489). JHESUS. (...) Le rachat et la taxion Del humaine redemption Est fait bien et souffisamment, Si venez tous presentement Avecques moy en paradis, Lequel vous fourfistes jadis, Car je veul qu'il soit reparé [l. remparé (?)], Trop a esté desemparé. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 277). Qui violentement couppera ou ostera membre à aultruy, il fourfera le poing ou paiera soixante lb. au seigneur et satisfera à partie blechée à l'arbitraige de la Loy, eu regart à sa thenanche et à l'estat du bleché (Hist. dr. munic. E., t.1, 1469,,, 252).

 

-

Forfaire corps et biens : ...et nous meismes leur deffendons sur les paines dessusdictes et sur estre rebelles et inobédiens envers nous et de fourfaire corps et biens, que (...) ilz ne s'arment ne voisent avec eulx, ne obéissent en aucune manière, sans nostre licence ou congiet, dont il leur appère par nosdictes lectres patentes de datte subséquente à icelles présentes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 134). ...et a tousjours la bannist [la cour] des biens et services d'Amours en declairant avoir forfait corps et biens, en telle maniere qu'elle sera abandonné a ung chacun pour desormais servir le commun et devenir a tous publique. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 142).

 

-

"Perdre qqc. (un office) à cause de sa mauvaise conduite" : Le connestable est office royal la plus noble des guerres et celle qui va devant ; et tant plus que c'est office a vie, s'il ne s'en desmect ou ne l'a forfait, que Dieu ne plaise ! (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235).

 

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"Perdre n'importe quelle chose, rendre qqc. confiscable (par sa faute, en punition d'un méfait, d'un délit)" : ...pour la felonie ou la traÿson du dit messire Jehan de Montfort, la duché de Bretaingne ne puet ne ne doit estre aucunement confisquee ne forfaite, car la chose laquelle doit estre, en certain cas, restituee, ne puet estre confisquee pour l'offense de celluy qui la tient (Songe verg. S., t.1, 1378, 263). ...puis que il estoit vray et naturel duc de la duché de Bretaingne, come vous l'avez par plusieurs droys allegué, il s'ensieut que il le povet, pour sa rebellion et pour sa traïson, forfaire. (Songe verg. S., t.1, 1378, 265). Item, s'il en y a aucuns qui n'acquittent leursdictez bestes ou pors et facent mettre en debte au pasturage ou pasnage, ilz les forfont, dont la moittié est au roy, et les fermiers du pasturage ou pasnage ont l'autre moitié. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 59). ...et se plus tost y sont trouvés, ilz forfont leurs chevaux, charretes et leurs sacs, ovecques III s. d'amende au roy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 253). Et auxi a toutes les congniez de tous les malfaiteurs qu'il puet trouver par toute ladicte forest quant il y a cas par quoy ilz doivent estre perdues et forfettes, et tous autres oultis semblables. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 320). Quand je vous prins en mariage a la male heure, vous ne apportastes gueres avecques vous ; et encores le tant peu que ce fut, si l'avez vous et forfait et confisqué. (C.N.N., c.1456-1467, 420). Sy preordonna il ung nouvel roy selon son coer a qui il donna sa benediction, mais a l'autre ne fist tort de la luy roster, car il la forfist par inobedience. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 157). ...se nul du monde se presumoit de dire quelque injure ou vilonnie ausdis paysans marchans, il fourfaisoit le poing et, se il estoit sy mal advisé que de ouvrer de main mise, il forfaisoit la vye. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 51).

 

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[D'un bien] (Estre) forfait à qqn. "Être saisi (pour cause de forfaiture) au profit de qqn" : ...les biens meubles et héritaiges meist par inventoire en nostre main comme à nous confisquiez, forfaiz et acquis (Ch. VI, D., t.1, 1383, 42). ...lequel hostel avec ses appartenances et appendances est à nous escheu, forfait et confisqué par la rebellion et desobeissance des dessusdiz d'Angennes (Paris domin. angl. L., 1425, 148). ...par icele sentence ont esté tous ses biens declairez estre a nous acquis, forfaiz et confisquez (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 50). ...avons cédé, (...) par ces presentes (...) les hostels, terres, seigneuries, heritages, cens, rentes, revenues et possession, avec leurs appartenances et appendances quelzconques, (...) à nous venues, forfaictes et confisquées (Paris domin. angl. L., 1427, 249). Et pour ce que mon entention si est de monstrer clerement que ceste duchié de Normendie justement et sainctement revint a la couronne et fut forfaitte et confisquee au roy et annexee a la couronne et demaine du royaulme, fault advertir que Guillaume depuis concquesta le royaulme d'Engleterre a l'ayde des François, et semble par une cronicque que le roy luy bailla gens, ayde et confort (JUV. URS., T. crest., c.1446, 76). ...et, combien que la conté de Dampmartin de vray demaine me competoit et appartenoit, comme a moy confisquee et forfaitte par ton pere qui estoit trespassé en Angleterre en la compaignie du roy Henry, toutevoye je la te donnay, et avec ce la conté de Boullongne, et desquelles toutes me feis foy et hommage (JUV. URS., Exort., 1458, 418).

 

-

Forfaire une amende/forfaire d'amende. "Encourir une amende, être passible d'une amende" : Se je ne cuidoie fourfaire D'amende que lx. livres, J'en seroie tantost delivres (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 136). ...vous avez forfait une emende, s'il venoit a la cognoissance de la justice (C.N.N., c.1456-1467, 291).

 

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Forfaire mort. "Être passible de mort" : "...je ne doi mort fourfaire, Car bien me doit aidier, sans pensee contraire." "Biaux fiex", che dist li roys, "foy que doi Saint Islaire, Se je sui roys clamés, c'est pour justice faire". (Bât. Bouillon C., c.1350, 136).

 

2.

"Hypothéquer (un bien)" : ...tout ceulx qui le cognoissent et qui en oient parler [les besongnes du comte de Guerles], scevent bien qu'elles sont tourbles et a prez fourfait tous ses hiretaiges entre la Muese et le Rin et que, pour les eschiever et acquitter ses terres et seignouries, on puelt bien clerement veoir et entendre qu'il me demande ma fille en mariaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). "...Ja a il plus perdu que il ne gagnera en toute sa vie. Les terres que il tenoit deça la mer li estoient bien apertenans ; elles sont fourfaites a tousjours mais. Jamais n'i retournera, ne hoirs qui de li isse." (FROISS., Chron. D., p.1400, 337).

C. -

P. ext. [Idée d'écart ou d'éloignement]

 

1.

"Enlever, mettre qqc. en dehors" : JEDEBOS. Que ceste chose soit parfaicte Bien tost. CITOS. Nous y alon courant. JOAB. Toute dilation forfaite Que ceste chose soit parfaicte. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 12). Or m'a esté ceste joye fourfaitte Par ung seul cop, dont maleür se double (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 42).

 

2.

"Interdire qqc." : Je croy que ce lieu cy fu fait Pour moy : ha ! vrayment je y seray S'il ne m'est par autruy forfait. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 12).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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