I. -

Adj.

A. -

[D'une pers., de son comportement] "Un peu fou" : Si y en eut une entre les autres qui assez estoit esveillee et qui desja bien congnoissoit que de moy assez tost feroit ung assez follet passetemps. (Abuzé D., c.1450-1470, 65). J'en ay le dueil, toy le mal et douleur. Se feusses ung povre ydiot et folet, Encore eusses de t'excuser couleur ; Si n'as tu soing, tout t'est ung, bel ou lait. Ou la teste as plus dure q'un jalet, Ou mieulx te plaist qu'onneur ceste meschance : Que respondras a ceste consequence ? (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 70). Car tu n'ez nichette ne follette (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 153). De quoy te scez tu entremettre, Puis que tu n'ez ne clercq ne prestre ? Ta maistrie, c'est trop follette ! (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 270).

-

Empl. subst. "Celui qui est un peu fou" : Follet interdict, Tu soies de noz grans dieux maudit ! (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 129). ...vecy trop bien dit ; et qui se tendroit de rire de si grant flagornes oyr dire ? Vous estes ung bon follet (Nouvelles inéd. L., p.1452, 13). Quel lardons ["railleries"] Pour larder ung jeune follet ! (Pipée R., c.1470-1480, 183). Je parle du lever, follet ! (Cuv. T., c.1475-1500, 60). QUART. Or laissons ceste challemelle Puisque l'avons trouvé seulet. Je croy qu'il n'a pas grant vaisselle, Car c'est quelque povre valet. PREMIER. A mon gré ce mot n'est pas let, Quant bien son estact je recorde. SECOND. C'est quelque clerc, quelque folet. (LA VIGNE, S.M., 1496, 279). Ce sont deux beiaulne folletz Qui preschent la loy chrestienne (Myst. st Martin K., a.1500, 219).

Rem. H. Lewicka, La Dér., 1960, 298-299.

B. -

[Des cheveux, du poil...] "Qui a quelque chose de capricieux, d'irrégulier dans sa position ou son allure" : Il est bejanne au poil folet. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 127).

II. -

Subst. masc. "Lutin ; personnage plus ou moins surnaturel" : Or te vueil je dire et compter les gardes qui sont establies a cellui gaitier et garder, qui y sont de jour et de nui : ce sont .VIII. folet de Surie, que Tholomeus li sages astronomiens ramena, si en sont li .IIII. establi pour gaitier par jour, et li autre par nuit, et veillent li deux quant li autre dorment, et sont si soubstil et malicieux que jamais ne vous aroye compté des merveilles qu'il scevent faire ne la grant joye ne le deduit en quoy ilz se maintiennent, par quoy je croy qu'il ne soit homs ou monde, tant soit sages et engigneux, et il les veïst, qu'il n'en fust tous esbaÿs du regarder. (Bérinus, I, c.1350-1370, 67). Cilz folet sont une gent qui tant scevent d'anchantement et d'engin et de divers entregiez, qu'il n'est nulz, tant fust soutilz, et il en ce vergier entrast, se de ce ne fust garniz, qu'il ne fust tantost entroublïez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 67).

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD au sens de "lutin".