C.N.R.S.
 
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     FLUM     
FEW III flumen
FLUM, subst. masc.
[T-L : flum ; GD : flun ; AND : flum ; DÉCT : flum ; FEW III, 643a : flumen]

A. -

"Fleuve" : ...sor teile condition qu'il cangeroit son nom par noveal baptemme en flun Jordan (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 131). Apres ce, ceuls qui les convoient Prinrent congié quant le flun voient ; En Alixandre retournerent Et nos gens en Flumaire entrerent. En ce flun sont li messagier Qui s'efforcierent de nagier. Si ont tant à l'eaue estrivé Que tuit sont au Quaire arrivé... (MACH., P. Alex., p.1369, 192). ...le flum de Jourdain (DESCH., M.M., c.1385-1403, 207). Treschier filz, pour ce dois clamer A Dieu que de ce lac amer, De ce vil flume et sa misere, De son fanc et de l'eaue amere Qui en decourt, oster te vueilles (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212). Marthe (...) Arriva bien au flum Jourdain, C'est a dire a celle fontaine Qui est de compuncion plaine, Ou creature ne perit. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 325). ...nous partismes de Jherusalem pour aler audit flun Jordain (Voy. Jérus., c.1395, 35). Et sachiés que cedit flun abreuve et arrouse la plus grant partie du pays d'Egipte (Voy. Jérus., c.1395, 65). ...et passasmes le flun du Nil atout .IV. asnes tondus (Voy. Jérus., c.1395, 65). ...pour l'achoison Du flun de Nil (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 118). Ceste Babiloine nouvelle .L. journees de celle Est loings, ou plus, qui fu fondee Des geans et siet en Caldee, Et sur le flun Tigris fu faite (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 281). ...la est le mont de Libano dont sault le flune [ou l. fluve ?] de Jourdain (LA SALE, J.S., 1456, 214).

B. -

"Marée montante" : Et eut conseil de traire devers uns des plus fors chastiaus et forte ville sans comparison de toute Bretagne, que on claime Haimbon, et siet droitement sus un bon port de mer, et en va li fluns tout au tour par grans fossés. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 96). Quant li fluns de le mer est en venant, il regorge le rivière si contremont que nuls ne le poroit passer. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 159). Il vinrent, environ soleil levant, assés priès de ce gué, que on claime le Blanke Take ; mès li fluns de le mer estoit adonc si plains qu'il ne peurent passer. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 160). Moult par fu large la rivere De flum de la meer radde et fiere (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 55). ...li contes de Honstidonne a toute sa carge a flun de la mer se desancra, et vint celle premiere maree jessir a l'ancre en l'abouqure de la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 696). Si bien se esploitierent que, sus le point de solel levant, le flun estoit tous plains (FROISS., Chron. D., p.1400, 707).

 

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P. méton. "Rivage ou estuaire (soumis à la marée)" : Margarytes ou parles d'Orient est une pierre qui est de la rouzee du ciel conchiute par petites concetes el ryvage de le meir et es autres flus [pour flu[n]s ?]. Car ces concetes soy ahoerent a certaynes hoeres. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 180). Puis s'en ala à tout son host par devers une grosse ville seans sus le flun de le mer, que on claime Garlande, et le assega par terre. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 157). Or y venez vous, non ydoine, Qui sur le flum de Babiloine Estes situez et assis. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 207).

C. -

"Flux" : Si n'ay peinne ne soucy Ne de riens ne me soucy, Car mon labour Me norrist et a norri Ou flun, où cuer esbahy Prennent vigour ; C'est en la tres douce odour, C'est vo bonté que j'aour, Qui a ravi Mon fin cuer, qui m'a guerpi Pour son meillour, Qu'il a trop milleur demour En vous qu'en mi. (MACH., Ch. bal., 1377, 629). Ce sont les flums de la boe orde, Dont il fault que tout pechié sorde. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212).

 

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[À propos de la guérison de l'hémorroïsse, racontée dans Marc V, 25-34] Flum de sang : Si com tu (...) de flun de sanc retrainsis, Ce dit saint Marc, aussi la veuve... (Mir. st Val., c.1367, 144).

 

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P. métaph. Flun de + subst. abstr. "Flux de" : Et je l'ottroi moult bonnement ; car pris Tenez mon cuer, sans pensée vilainne, Tres doucement en flun de tous delis Et de douceur en la droite fonteinne Dont li ruissiaus toute joie mondeinne Avoir me fait, quant sentir m'en font l'onde M'amour premiers et ma dame seconde. (MACH., L. dames, 1377, 157). C'est uns drois fluns de douceur qu'ai si chier Qu'autre de li jamais avoir ne quier. Douce dame, cointe, apperte et jolie, Servir vous vueil de fin cuer liement. (MACH., L. dames, 1377, 203). Hé ! fonteinne de concorde, La duis de misericorde, Ruissiau qui leve et racorde Mains pecheurs, fluns de douçour, Oy ma clamour : Fais que pechiés ne me morde, Si qu'ennemis ne m'encorde De ses craus et de sa corde... (MACH., Les lays, 1377, 413). Qui se marie, il siet sanz doubte Sur les flums de luxure, et boute Les ruisseaulx de courroux et d'ire En son cuer (DESCH., M.M., c.1385-1403, 211). ...hors du flum de luxure (DESCH., M.M., c.1385-1403, 212). O large misericorde, flun de toute pitié, habondance de grace, ou me ficheray-je se ce n'est en toy, en qui est toute ma fiance (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 90).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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