C.N.R.S.
 
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     FINER1          FINER2     
FEW III 558a finire
FINER, verbe
[T-L : finer ; GD : finer1 ; AND : finer1 ; FEW III, 558a : finire]

I. -

[Correspond à fin1 I ; idée de terme, d'achèvement (en partic. de mort) ; idée de terme de paiement]

A. -

[Idée de terme, d'achèvement]

 

1.

Empl. trans. Finer qqc. "Achever, terminer qqc." : Quant elle ot finé sa balade, Qui moult me fu plaisant et sade Dedens le cuer et a l'oïe, Pour ce qu'onques mais armonie Si trés douce n'avoie oy, Moult durement m'en esjoy. (MACH., R. Fort., c.1341, 106). Einsi fis mon chant et finay Et au guichet m'acheminay Par le chemin qui fu tout vert... (MACH., R. Fort., c.1341, 111). Atant finnerent leur parler Et se sont mis au cheminner (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 298). Amis, ci vueil mon dit finer Et mon ouvrage terminer. Je te pri qu'en bon gré le pregnes Et que le milleur en reteingnes. (MACH., C. ami, 1357, 140). Icy je fine mon ronmant. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 517). Si puis bien determiner En mon lay, que vueil finer, Qu'amans en tourment De desir, qui durement Le scet dementer, Ne puet sans espoir durer Amoureusement, Ne qu'on puet au firmament Sans eles voler. (MACH., Les lays, 1377, 388). ...il a bien oy parler dudit procès et ne scet quant ne comment il commença, ne comment il a esté demené, ne finé (FAUQ., II, 1421-1430, 237). Je cuiday finer mon propos, Mais mon ancrë estoit gelé (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30). Elle n'eut pas finé son dire que son mary entra dedans (C.N.N., c.1456-1467, 243). Ainsi son long procés finant, wida hors de sa chambre, et fist vers luy venir deux de ses bons soichons, navieurs comme luy [Après un long débat intérieur] (C.N.N., c.1456-1467, 557). Pour plus longuement supporter Ma paine et ma passïon Contens suis de ce vin gouster Pour finer ma reffectïon. (Pass. Auv., 1477, 196). Il nous fault lenguacges changer Et finer ceste sepulture, Car il me semble qu'il est heure D'aler au temple ouÿr complie. (Pass. Auv., 1477, 261). ...par ainsi l'essence divine ne puet estre ditte infinie, car elle n'est pas disposee a avoir fin. Ains elle est celle qui fine [toutes choses] et fait finer et donne fin a toutes choses. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

 

-

Empl. abs. : N'ay cure de dire le fait, Car il n'y ot point de meffait, N'a nul contraire ne tourna, Car Guillaumes le destourna. Ci vueil de Guillaume finer Et la cause determiner Pour quoy a parler de lui pris : Moult ama ce cheval de pris Et en son cuer le goulousa, Dont maintes fois s'en doulousa... (MACH., D. Aler., a.1349, 317). Atant fin ["je termine mon texte"], si non prier Vous veult l'acteur, Jehan du Prier, Que... (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 132). Pencez hardiement de finer Et vous pourveoir de parchemin, Car tant de gens sont par chemin Que oncques ne vids tel multitude (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 192). Sur ce poinct, je conclus et fine, In nomine Patris et Filii et Spiritus(,) Sancti, Amen. (LA VIGNE, S.M., 1496, 424).

 

.

"Conclure" : ...de l'or sont ami [les procureurs], Ne leur chaut s'ils sont negligent, Tousjours les fait finer l'argent (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 18).

 

-

Finer sa vie qq. part. "Terminer sa vie qq. part" : Là doit-elle finer sa vie, Et l'un et l'autre gloire acquerre. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 36).

 

.

Finer ses (derniers) jours qq. part : Et atant fu icellui Merigot mené à son derrenier tourment, et ledit jugement excecuté ; et illec fina ses derreniers jours. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 213). Et en cest estat et perseveracions icellui Oudot fina ses derreniers jours à ladite justice (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 515). ...par ce sont les dessus nomméz deffais de leurs paures chevancez, en aventure de finer leur darrains jours en prison pour ceste cause (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 395). ...il est encores detenu es dictes prisons à grant povreté et misere, en voye de y finer miserablement ses jours (Paris domin. angl. L., 1429, 301).

 

-

Ne pas finer + inf. : Par sa volonté benigne Qui ne fine En tout faire son devoir... (Compl. lion G., c.1470, 310).

 

2.

Empl. intrans. ou pronom. (Se) finer

 

a)

Empl. intrans. [D'une pers.] "S'arrêter (dans son activité) ; renoncer" : Atant se vault d'illec partir, Et de nuit et de jour ne fine ["ne s'arrête"] Jusqu'en Macedone ne fine ["et ses confins" ?] (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 127). On dit qu'a chose homme ne tent Dont il ne parviengne a effect ; Mais ainsi ne m'est pas de fait ; Car puis set ans je ne finay, Et encore mie fin n'ay ; Mais chascun jour (...) Ne cesse de querir Amille (Mir. Amis, c.1365, 3). L'ANGE. (...) Pour ce qu'as fait un serement (...) contre la loy (...) Dieu te mande qu'en brief termine Seras mesel. A tant je fine, Et si m'en vois. (Mir. Amis, c.1365, 44). Par les dens Dieu, je n'y menray seulement que dix chevaliers de mon hostel pour moy tenir compaignie, non pas pour aide que j'en veulle avoir contre lui [le géant], mais pour moy acompaignier pour honneur. Et a Dieu vous commant, car je ne fineray jamais ains l'auray combatu corps a corps. Ou il me aura ou je l'auray, comment qu'il soit, a mon plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 240). ...jamais ne fineray, sy avray ["avant d'avoir"] trouvé la pucelle qui me donna l'escu aux lettres d'or. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 287). ...le quel humblement mercya la damoiselle et le roy de la grace que faitte on luy avoit, promettant que jamais ne fineroit tant que son frere trouvé aroit, et le ramenroit sain et sauf (Nouvelles inéd. L., p.1452, 6). ...saint Pol commença tres mal mais il fina tres bien. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 137).

 

-

[D'une collectivité] : Cedit jour, fina Parlement tant en Plaidoiries que en Conseil plus tost que autrefoiz, pour ce que les jours de Troies se doivent tenir. (BAYE, I, 1400-1410, 236). Et lendemain, dernier jour d'octobre, fina le Parlement. (FAUQ., I, 1417-1420, 326). Item, que de tout temps le Parlement commence chascun an ou mois de novembre et a acoustumé de finer en septembre. (FAUQ., II, 1421-1430, 366).

 

b)

Empl. intrans. [D'une chose] "S'achever, se terminer" : Et aussi li maus qui termine Est mendres que cils qui ne fine, Einsois dure jusqu'a la mort, Tant qu'il a son malade mort. (MACH., J. R. Nav., 1349, 242). Un estatut et un decret (...) ay fait que tout le pueple Qui mon regne et empire pueple Doubte, creingne, serve et honneure Le Dieu Daniel a toute heure. Car vivens est et pardurables, En siecles de siecles durables ; Son regne ja ne finera Et sa puissance adès sera. (MACH., C. ami, 1357, 46). Si n'ay de riens paour Fors de ce que mi jour Ne finent trop tost pour Li servir à s'onnour, Pour ce qu'il n'est plus belle ne millour. (MACH., Vez ci, 1364, 275). Et puis que j'ay si dure destinée Que je vous pers, et si n'ay riens mespris, Et qu'en doleur est ma joie muée Et que mes biens est tous mors et peris, Jamais ne quier desirer Fors tost morir, belle, pour vous amer. Si finera li maus dont je langui, Quant vous m'avés de vo grace banni. (MACH., L. dames, 1377, 228). ...De grace enterine, Douce sans amer, De bonté racine, Flour qu'on doit amer, Amour vraie et fine, Qui ne puet finer Et qui ne decline Ne puet decliner. (MACH., Les lays, 1377, 403). La quinte ymaginacion seroit que le monde eust touzjours duré u temps passé sanz commencement et qu'il finast et fust corrompu ou temps avenir ; et nul ne mist onques ceste oppinion. (ORESME, C.M., c.1377, 180). Et cy fine la vraye histoire de la noble lignie de Lusegnen en Poictou (ARRAS, c.1392-1393, 294). Moy, qui sens ma vie finer... (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 86). Cy fine la Sottie du Roy des sotz Et aussi de ses suppotz. (Roy sotz, c.1450-1500, 231). ...qui l'oyoit, il sembloit que le monde fust finé. (C.N.N., c.1456-1467, 259). Icy finent les c. nouvelles nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 583). ...par ainsi l'essence divine ne puet estre ditte infinie, car elle n'est pas disposee a avoir fin. Ains elle est celle qui fine et fait finer et donne fin a toutes choses. (Somme abr., c.1477-1481, 132). L'ERMITE. De profundis, de profundis Ad te clamavi Domine. LE PRINCIPAL. Et qu'esse cy ? est tout finé, Dois je aller a recullorum ? (Sots gard., a.1488, 100). Predist aussi la pernicieuse peste, qui fut quasi universelle par France et dura par trois ans et commança en Asye et passa en Ytallie et autres lieux et fina en France. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 139 r°).

 

-

Finer en : C'est la principal consideracion en paroles rymees, car pour ce aussy sont elles rymes appellees, qu'elles finent semblablement ainsy en son. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 72). Toute joye fine en tristresse. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 199).

 

-

[D'une période] : Mais certes, assés a pleindre as, S'oster la vues de sa nature Qui tous jours a duré et dure, Ne jamais autre ne sera, Tant que li siecles finera. (MACH., R. Fort., c.1341, 98). Mais Averoÿs obice encontre quar le temps a venir qui commence maintenant est infini d'une part seullement, et tout le temps passé qui fine maintenant est ou a esté infini d'une part seullement. (ORESME, C.M., c.1377, 234). ...le jour où fine Le mois de juillet. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 40).

 

-

[D'une activité] "Cesser" : ...sachent tout que par le consel de bonnes gens, lesdites discordes et dissenscions sont finées et terminées (Trés. Reth. S.L., t.2, 1331, 12). ...[il] avoit dit qu'il s'en aloit gaignier à soyer là où il pourroit trouver à gaignier, et que l'aoust estoit finé et failly oudit pays de Pacy, et n'y trouvoit mais que gaignier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 251). Ja sera la guerre finee ou de vostre part ou de la moye. (ARRAS, c.1392-1393, 162). Li Roiz nostre Sire entra après sa messe finée en sa Chambre de Conseil (BAYE, II, 1411-1417, 129).

 

-

[Avec un datif éthique] Finer à qqn. "Cesser pour qqn" : ...Et en la haute gloire [du paradis] atraire, Qui jamais ne nous finera. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 35). Mon povre cueur forment souspire Quant je ne puis trouver sejour Pour alleger ma grief douleur Que jour et nuyt si ne me fine, Je suis bien mis a discipline. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

c)

Sans finer. "Sans cesse, continuellement" : Sur toute rien doit desirrer Amour que dure senz finer (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 169). Car mi penser, Mi souvenir, Mi plaisir Et mi desir Sont sans finer En vous que ne puis guerpir N'entroublier. (MACH., Ch. bal., 1377, 612). Or vueille Amours qu'en juenesse durer Puist ceste amour toudis, sans envieillir Et sans morir ; si serons sans finer En paradis d'amours ; car, sans mentir, Là n'a tristesse n'esmay Ne riens qui puist tollir joie à cuer vray. (MACH., L. dames, 1377, 203). Et s'Amour loyal se consent Que ma douce dame au corps gent Me vueille son ami clamer, Je sçai De vray Que j'arai, sans finer, Joie qu'Amour à fin amant Doit pour ses maus guerredonner. (MACH., Motés, 1377, 484). A bien baver je prens saveur, Tant que souvent pers mon disner. Je bave et vente sans finer, Pour mieulx a gens de bien complaire. (Roy sotz, c.1450-1500, 220). Dieu sans finer, regnant divinement En toute grace et vertus decoree, Grace vous rens de cueur reveremment, Quant huy me voy en gloire tant louëe. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 8).

 

d)

Empl. pronom. Se finer : GUILLAUME LE CONTE. (...) Et pour plus noz cuers apaisier, Baisiez moy (...). L'EVESQUE DE POITIERS. Sire, du decort qui se fine Moult grant joie ay. (Mir. st Guill., c.1347, 21). Et lors s'en vont le roy, la royne et touz les autres (...) et ainsi se fine le jeu. Explicit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 167). Infinitum prins negativement dit abnegation de fin, et par ainsi infinitum est ce que ne puet avoir fin. Mais a le considerer et prendre par maniere de privation, ainsi infinitum est ce que de sa nature puet avoir fin, mais point se fine, ne a fin. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

 

e)

Part. passé en empl. adj. "Qui est accompli, qui est parfait" : ...elle desiroit le jeune estre parfaict et finé (C.N.N., c.1456-1467, 576).

 

f)

Inf. subst. "Fin"

 

Rem. MACH., Les lays, 1377, 479 (Mon hault chanter Mettre en plourer, Mon bel parler Et mon rimer Laissier et tourner à rebours, Quant tout au cler Me veulz grever, Et au finer Sans retourner M'emporte Fortune le cours). Mais le texte porte au fuier ; corrigé dans Romania 38, 462.

 

3.

Empl. trans. indir.

 

a)

Finer de qq. part. "Partir de qq. part (cesser d'être qq. part)" : Finés de ci tantost en l'eure, Ou mal ira de vo demeure (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 142).

 

-

Empl. abs. "Partir" : Pour celluy Dieu qui me fist naistre, J'auray mon drap ains que je fine, Ou mes neuf frans ! [ou "finir le marché" (?) ; ou "mourir", p. opp. à naistre (?)] (Path. D., c.1456-1469, 110).

 

b)

Finer de + inf. "Cesser de + inf." : ...einsois sera mes corps finez Et mes cuers li trés affinez Partis en deus pars, que je fine D'amer de loyal amour fine Li et s'onneur... (MACH., D. verg., a.1340, 56).

 

-

Ne pas finer de + inf. "Ne pas cesser de" : Dont vous diray quels maus j'ay a sentir, Sans plus attendre : Dame, trés dont que je me sos entendre, Et que mes cuers pot sentir et comprendre Que c'est amer, je ne finay de tendre A estre amez... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 67). ...la nacelle vers moy vint, Si que riens plus ne me couvint Fors entrer dedens, si entray. Et quant j'y fu - ja n'en mentray - Li lions vers moy s'enclina, Et je vers li, n'il ne fina De moy resgarder, et je li, Tant que hors de la nef sailli. Et quant je fu a l'autre port, Li lyons s'en fuï si fort Qu'en l'eure en perdi la veüe. (MACH., D. Lyon, 1342, 234). ...Un homme (...) Qui d'embler onques ne fina, Qui touzjours l'autrui rapina (Mir. prev., 1352, 261). Li nobles roys s'achemina, Et de chevauchier ne fina Parmi la ville, tant qu'il vint à une porte où plus de vint Estoient ocis à l'entrée. (MACH., P. Alex., p.1369, 91). Mais li roys est entrez dedens Avec sa gent, malgré leurs dens. A la porte tant en ocist Que le plus hardi d'eaus vossist Bien estre en Ynde la majour. Ainsi ne fina toute jour D'occire, et sa gent de pillier Pour toute la ville essillier. (MACH., P. Alex., p.1369, 209). Ce soir, on ne cesse ne fine De tant de l'un a l'autre aler (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 258). Je ne fine nuit ne jour de penser A ma dame que j'aim de vraie amour, Et si ne puis nullement saouler Mon cuer d'assés penser à sa douçour... (MACH., L. dames, 1377, 53). Item, confessa que, VIJ ans avoit ou environ, il ne fina de embler par tout le pays où il a depuis esté (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 252). Quant Thierry ouy le mandement de son frere, si monta a cheval, et erra tant qu'il vint a Lusegnen, ou Gieffroy le receupt moult liement, et lui dist qu'il lui vouloit laissier son pays en garde et gouvernance, car il vouloit aler a Romme confesser de ses pechiez au Pere Saint, et aussi qu'il ne fineroit mais d'errer tant qu'il auroit trouvé son pere, se il se puet bonnement faire. (ARRAS, c.1392-1393, 274). Ouvrez, ouvrez, nous avons si grant sommeil que nous ne povons durer, nous ne finasmes en nuit de chevauchier. (ARRAS, c.1392-1393, 285). Mais toutevoie De remercier en la voie Ne finoie dame Sebille, Qui plaisirs m'ot fait plus de mille. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 270). ...elle part et s'en va (...) et ne fina de courre tant qu'elle fut a l'ostel de son pere. (C.N.N., c.1456-1467, 157). Enhen, quel mesnaiger vous estes ! Vous n'en ystriez pas de l'orine Du pere ; vostre corps ne fine Tousjours, [tousjours] de besoignier. (Path. D., c.1456-1469, 64).

 

-

Finer à + inf. : Atant finerent a parler du songe et lui demanda Gallafur des nouvelles que Ponçonnet aloit nonsçant. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1020). Caresme (...) Qui a nous surprendre ne fine (Bataille st Pens. A., a.1485, 43).

B. -

En partic. [Idée de fin de la vie, de mort]

 

1.

Empl. trans.

 

a)

Finer qqn. "Mener qqn à sa fin" : ...nous Finez par mort... (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 62). L'ung estoit messire Cornille, bastard de Bourgongne, l'autre messire Jacques de Lalaing, finez en subit, l'ung d'une picque, l'autre d'un cop de canon. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 49). ...finé par justice sus ung hourt, se douloit de l'esquartelure de son corps (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 75).

 

b)

Finer ses jours./Finer sa vie. "Mourir"

 

-

Finer ses jours : LE CONTRAIT. Elas ! ainsi donques me fault Mes jours finer ? (Mir. st Panth., 1364, 331). Mais li mesdisans tout à fait Sans desmerite ne forsfait Sont aus fins amans trop grevable Et font tant par leur controuver Desloyaument Qu'à maint en font tristre, dolant Ses jours finer Et ce qu'il ne puent donner Ostent souvent. (MACH., App., 1377, 650). Et lui qui si grant seigneur estoit et si puissant (...) en si petit moment a finé ses jours moult horriblement et honteusement. (BAYE, I, 1400-1410, 207). Cedit roy Andrieu fina ses jours maleureusement ; car il fust estranglé (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 181). ...son père fina ses jours en la bataille d'Asincourt, lui-mesme fut trouvé en la bataille de Verneul entre les morts et de là mené prisonnier en Angleterre. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 471). ...et y en eut jusques au nombre de dix ou douze hommes d'armes Bourguignons occis et tuez et plusieurs autres blessés, portés et menez en leur camp, excepté ung cranequinier que son cheval emporta jusques à la bataille, ne sçay se ce fut de son bon vouloir ou nom, mais illec fina ses jours. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 303).

 

.

Finer son dernier jour : Et portoit on la croix devant luy en cheminant droit à l'eschaffault où il fina son derain jour. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

-

Finer sa vie / la vie. V. vie : ...Car il estoit si forsenez, Si dolereus, si mal menez, Li las, qu'il se desesperoit Et parmi le pourpris queroit Yaue, feu ou fosse parfonde, Pour finer sa vie en ce monde. (MACH., D. Lyon, 1342, 180). ...Com cils qui n'a de riens envie Fors de briefment finer sa vie. (MACH., D. Lyon, 1342, 182). La Proserpine d'aventure Perdi ses fleurs et sa seinture Qui cheï enmi la fonteinne Qui moult fu douce, clere et seinne, Mais la fonteinne en devint trouble, Dont Dyane si fort se trouble, Et pour la deesse ravie, Que par larmes fina sa vie. Cerès la sainture trouva, Qui sa fille en mains lieus rouva, Et ce fu la premiere enseigne Qui Proserpine li enseigne. (MACH., C. ami, 1357, 88). Ma dolente vie finer Je vueil (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 120). A ces mos ay bien entendu Qu'il [Jésus] vouloit que je retournasse Et que ma vie en crois finasse ; Sy ne l'osay oncques desdire. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 138). Ma vie vouldray bien finer, Si plaist a Dieu, pour hosteler Avec ses sains et en sa gloire (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 161).

 

-

P. métaph. Finer pelerinage. "Mourir" : Jamaiz [Jésus] ne sera pelerin Soir ne mactin. Il a finé pelerinacge. Adieu, m'amour et mon cuer fin ! (Pass. Auv., 1477, 224).

 

2.

Empl. intrans. "Mourir" : Mais mar vit pour li ce jour né, Qu'entre les flos vit Leandon Qui floteloit a abandon. Et quant de près le pot vëoir, Seur le corps se laissa chëoir Au pié de sa tour droitement ; Si l'embrassoit estroitement, Forcenée et criant : "Haro !" Einsi fina belle Hero, Qui de dueil fu noïe en mer Avec son ami, pour amer. (MACH., J. R. Nav., 1349, 250). Je suis mal arrivez Mieulx vault que me parjure que je soye finiez (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 45). Or ne doubtes plus Julien ; Il est finez, tu le voiz bien (Mir. emp. Julien, 1351, 198). NOSTRE DAME. (...) Je regarde Que ma loyal amie fine De ce siecle trespasse et fine (Mir. mère pape, c.1355, 397). ...Tout acomplit et affina, Quant en la croiz pour nous fina (Mir. st Panth., 1364, 337). Semblablement celui qui superhabonde en tres grans mises oultre raison, il a tantost finé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 242). Mais se celle qui de long m'est procheinne, Par souvenir et par douce pensée, Sceüst pour voir qu'en loiauté certeinne La sert mes cuers en estrange contrée, Ma joie en fust toute renouvelée. Mais je voy bien qu'il me convient finer, Puis que desirs ne me laisse durer. Helas ! dolens, que porray devenir ? Quant si pleins sui d'amoureuse dolour Que je ne puis ne vivre ne morir... (MACH., L. dames, 1377, 133). Tant est sainne, Pure et de haute valour. Pour ce de loyal cuer fin, Jusques à tant que je fine, L'ameray en foy Ne ja n'en quier faire fin... (MACH., Les lays, 1377, 315). Mais avant vous diray comment le roy Elinas fina et comment Presine le mist dedens la montaigne et ensevely en un noble sercuel (ARRAS, c.1392-1393, 14). C'est grant dommage de tel ber Ainsi finer qui n'a nul per (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 101). Je sçay que finer me fauldra (GARENC., Poésies N., 1400-1415, 12). Or ça, puis que tu veulx par mes mains finer affin d'aller en paradis, mectz toy a genoulz cy devant moy. (C.N.N., c.1456-1467, 62). Ou est vostre houllier ? Je voue a Dieu, si je le trouve, [qu'] il aura mal finé, et vous aussi ! (C.N.N., c.1456-1467, 244). Reçoy mon esprit sans atendre, Entre tes mains je le vueil rendre, Car mon corps est pres que fine. Tes anges envoye pour la prendre, S'il te plaist, car je doy contendre D'obeir a toy sine fine. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 232).

 

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[D'un animal] : ...desquelles [couleuvres] l'une partie se retira pour la doubte de l'autre ou creux d'un gros arbre, cuidans eulx sauver, mais l'autre partie de moult impetueuse course, en sibillant, suivit aller après dedans icelui arbre, lequel fut environné de bois sec et y fut mis le feu et ainsi finerent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).

 

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Faire finer : ...Encor me vient, par desirer, Une doleur qui me destreint, Si doleureuse à endurer Que morir ou desesperer Me fera, s'Amours ne l'estaint. Mais ains que me face finer, Pri Dieu qu'à joie m'i remeint. (MACH., L. dames, 1377, 32).

 

-

Estre finé. "Être mort" : Pour ce l'ameray loyaument Et serviray celéement Com vrais amis loyaus, parfais, Qui vueil et par dis et par fais Dou tout en tout son voloir faire Et li honnourer sans meffaire Jusques a mon definement De bon cuer si trés finement Qu'einsois sera mes corps finez Et mes cuers li trés affinez Partis en deus pars, que je fine D'amer de loyal amour fine Li et s'onneur... (MACH., D. verg., a.1340, 56). Car de cuer toudis l'ameray, Et après, quant finés seray, Car je croy que mes esperis N'iert pas avec mon corps peris, Einsois priera pour ma dame, Quant mes corps sera mis sous lame... (MACH., F. am., c.1361, 196).

 

-

Finer du monde. V. monde1 "Mourir"

 

-

Finer du siecle. "Mourir" : ...ung corps de femme qui du siecle est finee (Rom. Richart C., a.1496, 51).

 

-

Prov. : Cilz qui mal vit, mal doit finer (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 75).

 

3.

Inf. subst. "Mort" : Sy vueil servir, jusque au fenir, Celle qui est d'onneur paree (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 352). ...non bien volu de fortune en son derrenier, porta les mannieres de son finer [var. de son deffiner] en lices de gaige (...) ...dont moru recrean (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 37). ...avoec tenebrés [l. tenebres] et malheureux finer (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 67).

C. -

[Idée de paiement]

 

1.

Finer une somme. "Payer, dépenser" : Moult sont courtois au presenter, Mais quant vient a l'argent finer, Orguilleux sont et tropt crualx. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 133). ...et ceuls qui vodront finer à vous au double de ce que il ont finé derrenierement... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1338, 236). ...De tant d'argent com finer sourent (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 99). ...Ha, ribault, es tu icy, tu me rendras les cent escuz que entre vous m'avez fait finer (Ecorch. Ch. VII, T., 1446, 475). ...ils avoient tant finé d'argent et de chevance en maintenant cest estrif que... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 127).

 

-

Finer de finance. "Payer" : ...l'en disoit que ceulx qui plus povoient finer de finance avoient plus grant esperance d'estre promeuz (BAYE, II, 1411-1417, 111).

 

2.

Finer qqc. "Payer, acheter, financer qqc." : ...pour ce qu'il en a eu tres peu de gaiges ou souldes de nous, et aussi paier les rençons qu'il lui a convenu finer et paier pour soy rachecter des prisons desdiz Anglois. (Ecorch. Ch. VII, T., 1447, 477). Si ay [des houseaux], d'aussi belle stature Qu'on sçaroit finer pour denier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 384). ...eulx offrans à luy de corps et de chevance d'argent et de tout finer, disant l'un : "J'ay mille", l'autre : "Dix mille", l'autre : "J'ay cecy, j'ay cela pour mettre pour vous..." (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 336). Telle liqueur ne se depart Pas a la livre ne au quart ; On n'en peult finer que par dragmes. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 115).

 

-

Empl. abs. "Payer, financer" : Ly haulz murs dont elle est enclose, Par quoy du commun est fourclose, Poeuent estre les grandes mises Qui en ly aquerre sont mises, Dont povres homs ne poeut finer S'autres ne lui ayde a finer. (Dit prunier B., c.1330-1350, 42). ...et ceuls qui vodront finer à vous au double de ce que il ont finé derrenierement... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1338, 236). Si dit a Bauduyn que maix ne fineroit Devant que tout le sien randut li averoit Et sa terre acquitee qui engaigie estoit. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 122). Se ge ne puis finer ["payer ma rançon"], je rirai en prison ["j'irai à nouveau, je retournerai en prison"] (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 287). A quoy le dit amant disoit pour ses repliques qu'il estoit impossible de contraindre une personne a paier plus qu'il ne sauroit finer. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 72).

 

-

Finer qqn. "Mettre qqn à rançon" : Je sui un escuier c'on a laissié finer ; A finance suis mis, si m'en convient aller Querre ma raençon (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 273).

 

3.

Finer de qqc. (désignant une obligation de paiement). "S'acquitter de qqc. ; payer, régler qqc." : Hons qui vuet vivre senz dongier Ne doit grant estat commencier, Se sa rente n'en puet finer (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 97). Nous eussienz fait convenir par devant nous Jehan Le Voueit, de Maisieres, pour finer à nous de certains acqués qu'il affait puis quarente ans à Maisieres ens fiés le conté de Retest, en menues et petites parties prises en tonniu de Maisieres (Trés. Reth. S.L., t.2, 1331, 11). Anes, grues, cappons, pawons vait achetant Le puiement, le clarés, et vait de tout finant ; Pués qu'il en fait sa fin, on li vait delivrant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 167). De .XX.m. florins finast en paiement (Tristan Nant. S., c.1350, 227). Item pour un cheval achaté du portier du chastel de Mortaing, par mandement de Messire Eustace d'Aubichicourt, pour lors lieutenant de Monseigneur, duquel mandement je ne puis bonnement finer, L frans. (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 426). ...comme environ la feste de l'Ascencion Nostre Seigneur derrainement passée, Jehan Roudet, de la duchié de Guyenne, eust prinse la dite suppliante par mariage, qu'il n'estoit guerre aucune entre nous et le prince de Gales, après lequel mariage, se fust trait ycellui Roudet devers le sire de Mirebeau, ou sez officiers, et li eust juré feaulté pour cause du fort de Ry et dez appartenances de ycelly, et finé du rachat (Doc. Poitou G., t.4, 1369, 14).

II. -

[Correspond à fin1 II ; idée de but, de finalité]

A. -

Finer de qqn / de qqc. "Venir à bout de qqn / de qqc."

 

1.

Finer de qqn. "Venir à bout de qqn" : PLAISANT FOLLIE. La dame seroit bien heurée Qui auroit ung si bel amy ! JAUNE BEC. Chacun ne fine point de my A sa voullenté, ne vous chaille. Mais non obstant, vaille que vaille, Si m'arez vous si vous voulez. (Pipée R., c.1470-1480, 193).

 

2.

Finer de qqc. "Venir à bout de qqc. ; mener qqc. à bien" : Ly haulz murs dont elle est enclose, Par quoy du commun est fourclose, Poeuent estre les grandes mises Qui en ly aquerre sont mises, Dont povres homs ne poeut finer S'autres ne lui ayde a finer. (Dit prunier B., c.1330-1350, 42). Sire chevaliers, la vostre mercy, vous m'avez donné un don, voire par tel que du vostre, ne de vostre chevance, ne vous demanderay je rien. Par foy, sire, dist Uriiens, demandez hardiement, car se c'est chose de quoy je puisse finer, je le vous acompliray. (ARRAS, c.1392-1393, 120). ...il sera enjoint et commandé aux procureurs (...) qui doresenavant auront à respondre à articles, qu'ilz parlent à leurs maistres, se bonnement finer en pevent, avant ce qu'ilz respondent aux articles de partie adverse (FAUQ., II, 1421-1430, 255).

 

3.

Empl. abs. "Parvenir à ses fins" : Adès fine il qui a argent [Éd. "trouve ce qu'il veut"] (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 22). Car tout adiés fine haus hons, Ou par proumesses ou par dons, Ou par acroire ou par paiier (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 134).

 

-

Prov. : C'est tropt fole demesurance D'avoir grant cuer en povre pance. Finer ne puet senz grant domaige. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 97).

B. -

"Parvenir à trouver qqn ou qqc. (pour en disposer), disposer de qqn ou de qqc."

 

1.

"Parvenir à trouver qqn (pour en disposer), disposer de qqn"

 

a)

Finer qqn : En cellui temps assembla le roy Edouart les princes et autres gens de guerre, que il peut finer en son royaume (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 63). Et aussi concuilli le dit monseigneur Bertran en Bretaingne et en la Basse Normendie ce qu'il poult finer de gens d'armes pour mener avec lui en Espaingne (Chron. Valois L., c.1377-1397, 194). Item l'en doit savoir que un prevost doit estre receu en ceste fourme : l'en doit faire venir des tenans du fief jusques au nombre de XII, se ils sont resseans eu fief, ou tant comme l'en pourra finer, et par leur oppignion accordable il doit estre nommé (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 59). De prebstres assez on finera (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 48). ...et disoient que de son pareil ne sçaroit on finer en nulle terre (Comte Artois S., c.1453-1467, 11). Cestui Dorothée escripvit sur toutes les huit parties de astrologie et eut avecque soy hommes les plus renommez qu'il peut finer, pour lui enseigner d'icelle science (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 82 r°).

 

-

"Parvenir à (finir par) obtenir qqn (en mariage)" : ...si je la puis recouvrer, je l'ayme trop mieulx que vous, quelque pouvre qu'elle soit ; mais vous n'en yrez pas, si je ne la puis finer. [D'un jeune homme à qui, par mégarde, le curé a donné pour épouse une vieille femme au lieu de sa jeune fiancée] (C.N.N., c.1456-1467, 342).

 

-

[Un animal] : Et aucunefoiz quant l'en en peut finer, il convient avoir des jennes piatz et les y faire voler aux champs (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 155).

 

b)

Finer de qqn : En dementroes qu'il a disné On euïst mal de moi finé ["on aurait eu bien du mal à me trouver"], Car les lettres que li messages Aportoit, c'estoit mes usages De regarder avant toute oevre. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 163). Et Gieffroy et Thierry s'en partent, et leurs gens, et emportent le cuer de leur pere. Et en toutes les villes la ou ilz gisoient, font autour du cuer beau luminaire et dire toute la nuit par religieux, s'ilz en pevent finer, pseaulmes et vigilles. (ARRAS, c.1392-1393, 293). Et en ce point fut couché et ne pot onques finer de mire jusques a lendemain que le Pont de l'Arche fut ouvert a grant heure de jour (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 314). ...de ce qu'ils peurent finer et ramasser hastivement de gens dedens Londres (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 52). ...le jeune espousé (...) se veoit frustré de ses amours ; et encores l'eust il legerement passé s'il eust peu finer de la vieille a tout son argent. (C.N.N., c.1456-1467, 342). ...creez que si j'en peusse finer d'un a ceste heure, il ne m'eschapperoit jamais devant qu'il m'eust monstré comment je fuz gaignée. [D'une jeune fille qui regrette de ne pas avoir accepté les propositions de ses amoureux] (C.N.N., c.1456-1467, 347). Je ne scay où pourray finer De nostre curé à ceste heure. Aller me fault où il demeure (Test. Path. T., c.1470-1475, 173). Celluy prince envoya a la religiëuse ses moyenneurs, maqueriaulx et sathalites, dont on treuve et fine plus largement que de devotz prescheurs (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 72).

 

-

"Profiter, jouir de qqn" : ...elle prent ung compaignon dont elle ne peut finer sinon a grant paour et a la goulee et est tout affamé et fait merveillez quant il y peut avenir (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 59).

 

-

"Conquérir (une femme)" : ...bien finassent de dames, s'ilz en voulsissent finer. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 418).

 

2.

"Parvenir à trouver qqc. (pour en disposer), à rassembler, à se procurer qqc., à disposer de qqc."

 

a)

Finer qqc. : ...car s'avoie autant Dis foiz com pourroie finer, Que tout vous voulsisse donner, N'aroie je pas satisfait Assez a ce qu'avez ci fait (Mir. st Val., c.1367, 145). Se j'avoye toute la richesse Qu'on fineroit dedans Paris, De la donner vous faiz promesse (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 103). Et sont lesdis fondemens douze pieds dedans terre dessous l'yave, esquels fondemens il a fallu brouissier tout du long et massonner des grandes pierres de roche de cinq pieds de long et trois pieds de large, des plus grandes que on a pu finer pour maçonner lesdis fondemens. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 595). ...ceulx de Gand envoyèrent quérir par toutes contrées, à huit à neuf lieues à la ronde, toutes les viandes dillicieuses qu'ilz peurent finer (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 89). Il vous fault finer des viandes Qui soient savoureuses, friandes, Car le roy veult faire ung disner. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450,). Et quant à la somme de 507 escus et quart restant de nect ledit Quercin m'a dit et affermé, en la présence des dessusdiz, qu'il avoit fait toute diligence possible de cueillir et amasser argent de toutes pars pour fournir à ladicte somme qu'il devoit de reste et qu'il n'avoit pu finer ne recouvrer jusques à présent que ladicte somme de 833 escus (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 53). ...et d'autre part a la royne fist presenter cent aulnes de la plus fine toille de atours, et autres cens aulnes de la plus fine toille de Rains que a Paris il avoit peu finer (LA SALE, J.S., 1456, 135). ...et d'y comparoir et estre mesme en personne aveuc tout ce que pourra finer de pouvoir et d'effort (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 74). Et y fault graine, giroffle, gingembre et fleur de canelle qui en pourra finer ["si on peut s'en procurer"] ou de la melleur canelle qu'il pourra finer. (Recueil Riom L., c.1466, 73). Et que on mecte l'ongnon avec la gresse et que on pregne lez espices : girofle, et gingibre, et de la fleur de canelle qui en pourra finer. (Recueil Riom L., c.1466, 76). Le pere estoit de paix insigne signe, Le filz sera des bons la bonne bonne, Le pere es cieux trouve gourdine digne, Le fils querra gloire ains qu'il fine fine ["avant de trouver sa fin, avant de mourir"] (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 276). Brisepierre, peult on finer De vous meshuy pour ["de quoi"] machonner ? (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 330). ...il sema tant de grains qu'il peut finer (MACHO, Esope R., c.1480, 159). Vecy de la farce aussi fine Que l'en scauroit jamais finer. (Copp. lard., a.1488, 175). ...ce qu'elle pouoit finer ou avoir des biens de son seigneur et d'elle, elle le donnoit pour dieu (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 66). Avisons les moyens prefilz Où pourrons le venin finer Pour les humains empoisonner... (Cene dieux, c.1492, 126). Cestui ayma tant la science de astrologie qu'il fist translater tous les livres qu'il peut finer et trouver de la science des estoilles (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°).

 

-

Finer que. "Obtenir que" : Ma dolente vie finer Je vueil, et sy ne puis finer A la mort (,) que tant pour moy face. (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 120).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : Mais s'il veult faire ung beau disner, Vivres sourdront de toutes pars, Autant qu'il s'en pourra finer ["autant qu'il est possible de s'en procurer"] (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 44). ...un diamant des milleurs qui se fine (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 50).

 

-

"Parvenir à dépasser qqc., à l'emporter sur qqc., à surpasser qqc." : Mais Souvenirs li va aidier Et moult trés humblement prier Et ramentevoir qu'il repreingne Dous Penser, et qu'il li souveingne De la trés noble biauté fine Qui toutes autres veint et fine, Et dou trés gracieus viaire Qui dou dous regart le vint traire, Et de la maniere jolie Qui en loial amour le lie... (MACH., D. verg., a.1340, 37).

 

b)

Finer de qqc. : Et estoit l'espousee tant belle et si tres noblement paree que chascuns disoit que oncques si belle n'avoient veue, ne si richement atournee, et s'esmerveilloient tuit de sa grant beauté et de la grant richesse de son habit. La contesse mesmes dist que en tout le monde ne cuidoit royne, ne roy, ne empereur qui peust finer d'autant que les joyaulx qu'elle avoit sur elle, valoient. (ARRAS, c.1392-1393, 39). Item, deux portechappes, dont l'un chappellera pain et fera tranchouers et salieres de pain, et porteront et le sel et le pain et tranchouers aux tables. Et fineront pour la sale de deux ou troiz couloueres ["ils se procureront"] pour gecter le groz relief comme souppes, pain trenché ou brisié, tranchouers, char et telles choses, et deux seaulx pour gecter et recueillir brouet, saulses et choses coulans. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 187). ...où elles pourront mieulx finer de conseil (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 531). ...lors vient vng aultre poisson qui a nom ydre et lui entre dedens le corps [du crocodile, par la bouche ouverte] et s'en yst par vng trou qu'il lui fait au costé en telle maniere qu'il l'occist. Et s'il [le crocodile] fiert homme ou blesce s'il peult finer de fiens de beuf il en garist [il s'agit bien du sens normal de finer et non pas d'une var. de fienter comme le supposent les Éd. (note 82)] (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 490). De feu je n'eusse peu finer, Si m'endormis, tout enmouflé (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30). Quelque chose qu'il allegue ne remonstre, il ne peut finer d'aultre response que ceste presente. (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...si m'a desja accordé tout ce que je luy ay osé requerre ; mais encores n'ay je peu finer d'un pouvre baiser. (C.N.N., c.1456-1467, 316). Le baiser vous ay je refusé, et ne vous y attendez point ; vous n'en finerez jamais. (C.N.N., c.1456-1467, 317). ...le dit Thomas vouloit tousjours ravoir le dit dyamant ; mais n'en peut finer. (C.N.N., c.1456-1467, 392). ...deffaire ce poussin en la compaignie de beau vin de Beaulne, ou aultre meilleur, s'il est possible d'en finer. (C.N.N., c.1456-1467, 529). ...toute abondance y estoit [à cette table] en tant que pour argent on en pust finer (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 374). Sur la mer [Jacques Coeur] avoit à ses despens pluseurs grans vaisseaux, qui alloient, en Barbarie et jusques en Babilonne, querir touttes marchandises, par la licence du souldan et des Turcqs infidelles ; aussy, en leur paiant treuaiges, faisoit venir desdis pays draps d'or et de soye, de touttes fachons et de touttes coulleurs ; fourrures, tant à hommes comme à femmes, de diverses manières, tant martres, jennettes et autres choses estranges, de quoy on n'eust sçeu finer pour or ne pour argent ès marches de par deça. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 280-281). Et combien que ledit Mahiot, en ce martire, cria pluseurs fois avoir confession, neantmoins n'en peut onques finer (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 305). ...et, se vous poiez finer de deux tres nobles marguarites resplendissans en ce val de misere... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 154). Sa, s'il fault rien [pour un repas], je fais devoir D'en finer, s'il est proffitable. Buvez, faictes chere notable, Mon maistre le veult ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 431).

 

-

"Profiter de qqc., jouir de qqc." : Tous ne pevent de sens finer. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 62). Esleve ung peu mes esperis ! Donne moy finer de ton essence, Et varrey avec toy mon filz. Treshault, bonté de gloire plaine, Ou j'ay mis toute m'esperance, Ta charité a toy m'amaine. (Pass. Auv., 1477, 279). Tel a bon droit qui de raison ["de ce qui lui donne raison"] ne fine (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 104).

 

3.

[Doubles constr.]

 

a)

Finer qqn de qqc. "Parvenir à procurer qqc. à qqn, fournir qqn de qqc." : Vous avez le hernoiz pour vostre corps : m'en fineriez vous d'un aultre qui servist a cest chevalier (...) ? (LA SALE, J.S. E., 1456, 426).

 

b)

Finer à qqn de. "Parvenir à obtenir de qqn de, obtenir de qqn de" : ...et comment à grant paine ils avoient finé au duc de Bourgongne de là estre venus (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 310).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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