A. -

"Jouer du flageol, de la flûte, du chalumeau" : Et quant [le géant Polyphème] deduire se voloit, De sa flahute flajoloit Et de ses .C. roisiaus ensemble, Si que tous li pays en tremble (MACH., Voir, 1364, 628). Puis doivent les deux a cheval environner les bestes petit a petit, en chantant, en flajolant et prenant leurs tours touz jours plus pres de elles, et en les aproichant sanz leur fere effroy, mes petit a petit les doivent amener vers les archiers. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 274). Qu'esse quant Robin et Jennette Sont en l'ombre d'une hayette, Que l'un jue du flagolet Et l'aultre fait ung chapelet Pour donner a cil qui flagole ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 18). A force de bien flageoller, De bien chanter, saillir, voller, Je seray bon maistre tenu. (Roy sotz, c.1450-1500, 225). ...il [Pan] tenoit une fleute ou il flojolloit a .VII. challemiaulx (LA SALE, Sale D., 1451, 172).

B. -

P. métaph.

1.

"Bavarder" : A ! sanc Dieu, comme il flaigole ! C'est ung droit advocat soubz l'orme ; Il est aussi asseuré comme Est ung espreuveur de triaicle. Je luy bailleray ung ostaicle, Par Dieu, ou je fauldray au traire. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 172). Faites le taire ! Et, par Dieu, c'est trop flageollé ! (Path. D., c.1456-1469, 178). Femmes n'ont jamais le cueur vain De caqueter et flajoller. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 374).

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"Tenir des propos légers, plaisanter" : Et vous alez cy flajolant, Dont le cuer ay forment dolent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 169).

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"Perdre son temps en bavardages, lambiner, muser" : RAULET. Or sus donc, mettons-nous en voye Vistement ; il n'y a que aller. RAOUL MACHUE. Mais d'où viens-tu ? de flagoller ! Menez la par la main, Lubine. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 241).

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Flageoler de qqc. "Bavarder, parler de qqc." : Cest vray ien ouy parler A plusieurs qui en flagelloient Et me semble quilz disoient Que cest archeuesque martin Faisoit et fait soir et matin A toutes heures ne scay comment Ou en veillant ou en dormant Miracles et guarist les gens (Myst. st Martin K., a.1500, 366).

2.

Flajoler qqc. "Raconter, divulguer qqc." : Qu'est ce, a dit li païsant, Que m'ales vous ci flagolant ? Voulez vous tenir a fable L'Euvangile et mencongable ? (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 172). Et quant sus pierre ne sus mole N'est fondée [la statue : Fortune], fors seur frivole, Cils se honnist bien et affole Qui tant la prise Qu'il retient riens de son escole ; Qu'adès ses escoliers rigole Et partout leur meschief flajole [var. flagolle] Et les desprise. Je ne tien pas celui pour kaut Qui vuet faire un ouvrage haut Seur fondement qui riens ne vaut, Sans grant damage. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). Amis, par Dieu, c'est chose voire Qu'il ha plus d'un asne a la foire, Car vo dame ha pluiseurs acointes, Juenes, jolis, appers et cointes, Qui la vont visiter souvent. Et encor(e) vous ay je couvent Que par tout vos lettres flajole Et moustre, ne(i)s a la carole, Dont ce n'est c'une moquerie Et poi y ha qui ne s'en rie (MACH., Voir, 1364, 656). Ainsi chascuns me rigoloit, Pour ce que ma dame voloit Que nos amours fussent chantees Par les rues et flajolees Et que chascuns apperceüst Qu'elle m'amoit et le sceüst (MACH., Voir, 1364, 666).

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"Marmotter qqc." : Ne sçay quoy qu'i va flageolant : Il s'en va si fort grumelant Qu'i semble qu'i poye resver. (Path. D., c.1456-1469, 116).

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Empl. abs. "Grommeler, murmurer" : PILATE. ...Ainsi ont ilz [les Juifs] beau flageoller, car j'en feray a mon plaisir. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 448).

3.

Flageoler qqn. "Dire des sornettes à qqn, le duper (comme l'oiseleur dupe les oiseaux en jouant du flageol)" : Et le me laissez flageoler, Car il n'en aura aultre chose. (Path. D., c.1456-1469, 90).

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Prov. Tel en beaux termes te flageole qui est un assuré pipeur : Tel en beaulx termes te flageolle Qui est ung asseuré pipeur (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 96).