C.N.R.S.
 
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     FILLE1          FILLE2     
FEW III 516b filia
FILLE, subst. fém.
[T-L : fille ; GDC : fille ; AND : fille1 ; DÉCT : fille ; FEW III, 516b : filia ; TLF : VIII, 889b : fille]

A. -

[Dans la filiation]

 

1.

"Personne du sexe féminin considérée quant au lien de parenté qui l'unit à ceux dont elle est née" : ...Guillemete, fille feu Denis Bachelier, du Bournuef en Aunis, nous a fait son heritier (Doc. Poitou G., t.2, 1344, 274). Mais Susanne, de Juda fille, Vostre iniquité orde et ville Ne volt soustenir ne vëoir, Car mieus ama estre et chëoir En vos mains et la mort attendre Que Dieu son createur offendre. (MACH., C. ami, 1357, 15). ...Et Troïllus moult se traveille Pour la fille Calcas de Troie, Briseyda. (MACH., F. am., c.1361, 191). A Nicossie ot une dame Qui estoit bonne et sans diffame, Fille de monsigneur Henri, Suer au vallet dont je vous di, Qui mariée estre soloit. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). Et aprés ce il quierent par aguet et par decepcions les voies comme il pourront acomplir leur desir, si comme fortraire la femme leur voisin, ou la fille, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 385). Jehennete, fille de Jaquemart Le Guiternier, demourant ou Bourc l'Abbé (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 257). Hainsselin Planiete et Agnesot, sa femme, fille de Jehenne Herberde, dite la Petite (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 328). ...plusieurs biens meubles appartenans à Martine, sa fille (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 347). Ma dame la royne Presine, vostre femme, vous a apporté les trois plus belles filles qui oncques feussent veues. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Vous dictes ce que vraye fille doit dire a pere, dist le roy. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Lors appella le roy Uriien et lui dist : Beau filz, je vueil que vous espousez demain ma fille, et vous vueil couronner de ce royaume, car sachiez que je ne puis gueres vivre. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Si fu comme fille nommee Et bien nourrie et bien amee De ma mere (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 21). Ce jour, le roy d'Angleterre et la royne, sa femme, fille du Roy nostre souverain segneur, vindrent du Bois de Vinciennes au giste à Paris, en l'ostel du Louvre (FAUQ., II, 1421-1430, 50). ...Marcia, qui estoit fille de Cathon (LA SALE, J.S., 1456, 4). ...les raiz du soleil (...) firent mere et fille bien a haste lever. (C.N.N., c.1456-1467, 99). ...beaucop de gens, voire de gens de bien, luy eussent voluntiers donné leur fille a mariage. (C.N.N., c.1456-1467, 131). Et ilec ce jour fut fiancée la fille naturelle du roy à mons. le bastard de Bourbon (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 138). Oudit temps, fut pendu et estranglé oudit gibet de Paris ung gros Normant, natif de Coustantin en Normandie, pour ce qu'il avoit longuement maintenue une sienne fille et en avoit eu plusieurs enfans, que lui et sadicte fille, incontinent qu'elle en estoit delivrée, murdrissoient (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166). ...et avecques lui y avoit amenée madame Charlote de France, sa femme, fille naturelle dudit feu roy Charles et de damoiselle Agnès Sorel (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 16).

 

-

[Dans une compar.] : ...Mais trop bien fu acompaingnie De chevaliers, d'escuerie, De dames et de damoiselles, Juenes, gentis, gaies et beles, Et tout fu de si bel arroy Com ce qu'elle fust fille a roy. (MACH., D. Lyon, 1342, 176).

 

-

[En apostrophe] : Lors fu le roy moult doulent, et lui dist : Hermine, belle fille, vous monstrez que vous ne m'amez gueires (ARRAS, c.1392-1393, 121). Et Florie, qui moult desiroit leur venue, leur vint a l'encontre et se humilia moult contre son pere. Et le roy lui dist : Ma fille, faictes feste a ces nobles gens (ARRAS, c.1392-1393, 126). Ma filhe, sus, diligenment ; Faictes vous coinde et jolie Pour plaire a la companie. (Pass. Auv., 1477, 89). SATURNE. Juno, ma fille et ma mignotte, Vien souldain, il te fault complaire A ton pere, comme devotte, Et le vouloir des dieux parfaire. (Cene dieux, c.1492, 130). SAINCT MARTIN. (...) Doncques, ma fille bonne et belle, Puisque ce grant bien vous est fait, Soyez tousjours vraye pucelle Et servez Dieu de cueur parfait. (LA VIGNE, S.M., 1496, 471).

 

-

Venir en ligne de fille. V. ligne

 

-

Fille d'Eve. "Descendante d'Ève, femme" : Excuse premierement Eve, Excuse la et puis ses filles (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 142).

 

-

[À propos de Marie ; en raison de la nature trinitaire de Dieu, la Vierge Marie est considérée à la fois comme fille et comme mère de Jésus-Christ] : ...Qui est de Jhesu fille et mere, J'entens la pucele Marie (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 143). Dame qui es et fille et mére Au doulx Jhesu... (Mir. abbeesse, 1340, 85). A quil me reconforteray ? Car je pers mon filz et mon pere ; J'estoie sa fille et sa mere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 216). JOSEPH. Car ma femme est vierge et pucelle De Dieu mere, fille et ancelle (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 23).

 

-

Fille adoptee : La premiere [adoption] est attendue entre moy et le pere adopteur et ma fille ou ma niepce adoptee. La seconde est attendue entre mon filz naturel et ma fille adoptee. La tierce, c'est a scavoir legale affinité, est attendue entre moy et la femme de mon filz adoptif, et samblablement entre mon filz adoptif et ma femme. (Sacr. mar., c.1477-1481, 60).

 

-

Belle-fille. V. belle-fille : Et tantost après, [la duchesse d'Orléans] se parti de Paris, avec elle sa belle fille, femme au jeune duc d'Orléans, et retourna à Blois. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 388). ...et tantost madame de Bourgoingne, la mere, emmena la noble espouse, sa belle fille... (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 120).

 

2.

[Filiation sprituelle]

 

a)

[Relation de parenté créée par le sacrement du baptême] Fille espirituelle : Question a scavoir se ung clerc ou lay constitué en moindres ordres puist contraire mariages avec Katherine qu'il a baptisié de ses propres mains ? Response : il ne puet contraire avec celle, car c'est sa fille espirituele comme celle qu'il rechoit. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

 

b)

[Par rapport à Dieu le Père] : CHARITÉ. Esperance, m'amye, je n'y feray demeure. Je voy bien et congnois que le monde perille Se par moy n'est requeux, quil suis s'aisnee fille. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 46).

 

c)

[En apostrophe ; d'un évêque à une religieuse de son diocèse] : L'EVESQUE. Par le sacrement de l'autel, De ce suis je moult esbahiz. Belle fille, gardes que diz De ton abbesse. (Mir. abbeesse, 1340, 78).

 

d)

Fille Dieu. "Religieuse (initialement dans des communautés de prostituées repenties)" : Item, je laisse aux Mendïans, Aux Filles Dieu [Filles Dieu de Paris, religieuses dont la maison-mère est située dans le faubourg Saint-Denis] et aux Beguines, Savoureux morceaulx et fryans, Chappons, flaons, grasses gelines, Et puis prescher les .XV. signes Et abatre pain a deux mains. Carmes chevauchent noz voisines, Mais cela, ce n'est que du mains. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 26).

 

Rem. Sur les Filles Dieu, cf. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.1, 1997, 594.

 

-

[Comme lieu] : Et devant les Filles Dieu avoit une fontaine a IIII tuiaux (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 193).

 

3.

Au fig. [Pour marquer la dépendance d'une institution par rapport à une autre, par rapport au roi...] : Et fut adonc ordineit que ly egliese de Tongre seroit tout devant miese aprés l'egliese de Liege, et devant touttes les aultres afforainnes seroit filhe de l'egliese de Liege (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 68). A ce propos que le roy Charles amast science et l'estude, bien le moustroit à sa tres amée fille l'Université des clers de Paris, à laquelle gardoit entierement les previleges et les franchises (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 46). ...et grant multitude de gens tant nobles comme autres, tant de nostre aisnée fille l'Université de l'estude de nostre dicte ville de Paris, comme des bourgeois et autres d'icelle ville (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., 1408, 197). Nostre bien amée fille l'Université de Paris, Nous a fait exposer [Charles VI] en complaignant, que... (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1413, 155). ...nostre fille [du Roi de France] l'Université de Paris... (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6 c.1444-1453, 114). ...nostre fille l'Université de Paris, aournée par la justice souveraine exercée... (Paris domin. angl. L., 1431, 334).

 

Rem. Sur les quatre filles de Citeaux, cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.3, 1962, 129. P. ext., dans une filiation d'arbres : M. Devèze, La Vie de la forêt fr. au XVIe s., I, 1961, 84-85.

 

-

Fille de une chose abstr. : ...voirement estes de ignorance fille (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 145). Comment, fille d'estude, as tu ja remis et fichié en mue l'outil de ton entendement... (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 7).

B. -

P. ext. [P. oppos. au garçon, à l'homme] "Enfant ou personne jeune du sexe féminin"

 

1.

"Enfant du sexe féminin" : Or advint qu'elle [Présine] fu enceinte de trois filles et les porta son terme et delivra au jour. (ARRAS, c.1392-1393, 9). Lundi, VJe jour de ce mois [de juin], la femme d'un laboureur, demourant à Haultbarviller-leiz-Saint-Denis en France, enfanta une fille gemelle, ou deux filles joingnans ensemble en ung seul ventre (FAUQ., II, 1421-1430, 310). ...a la bonne heure d'une belle fille se delivra (C.N.N., c.1456-1467, 104). Question se le filz d'un prestre qui a baptisié une fille puet avoir a mariage celle fille. Non, car tel mariage n'est pas de valeur. (Sacr. mar., c.1477-1481, 58).

 

-

Petite fille. "Petit enfant du sexe féminin" : ...une petite fille de l'aage de sept à huit ans ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 378).

 

2.

"Jeune personne du sexe féminin, jeune femme" : Et se Dieus si ton fait adresse Que lieu pregnes ou forteresse Ou il ait dames, damoiselles, Bourgoises, filles et pucelles, Eu nom de la vierge Marie A ton pooir ne sueffre mie Que des tiens soient violees, Corrompues ne desflourees. (MACH., C. ami, 1357, 120). Biaus signeurs, dames, damoiselles, Dames vefves, filles, pucelles, Je vous requier, pour Dieu merci, Chastiez vous et mirez ci. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Durant lequel voyage il est reccord que à IIJ ou IIIJ filles pucelles il ot compaignie charnelle oultre leur gré et volenté. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 66). LE GAUDISSEUR. Le lit on fist tost preparer La ou je m'alay reposer, Puis la fillë on me bailla. (Gaud. sot, c.1450, 14). ...un riche marchant de la cité de Jennes (...) se maria a une belle et jeune fille (C.N.N., c.1456-1467, 21). ...au dit Vrelenchem avoit une tres belle fille, gente de corps et en bon point. (C.N.N., c.1456-1467, 154). ...une fille, de l'eage d'environ de XV a XVJ ans, fut donnée en mariage a ung bon gentil compaignon (C.N.N., c.1456-1467, 470). Et si y avoit encores trois bien belles filles, faisans personnages de seraines toutes nues (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 27). C'estoit devant que a luy vince, Qu'il sussita la filhe morte. (Pass. Auv., 1477, 123). CUPIDO. [Et] demandés ? LA FILLE. Provision D'amours, car il m'est necessaire. CUPIDO. Vous estes d'aage pour ce faire, Propre, gente, mixte et habille Et me semble pour une fille Que bien estes appropriee, Mais n'estes vous point mariee ? LA FILLE. Nenny encor, dont ce me poise. (P. moyne, a.1500, 45).

 

-

Jeune fille. "Jeune personne vierge du sexe féminin" : ...pour ce que l'en dit que elle est maquerelle publique et commune, et aussi que, puis naguere, elle a vendu, baillé et livré une jeune fille nommée Margot, seur dudit son mary, laquelle estoit aprentisse en son hostel, à un chevalier, lequel a eu son pucelage. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 42). ...en la ville de Rungy avoit, en l'ostel du curé d'icelle ville, une belle jeune fille (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 225). ...et pour ce se doubtoit le dit suppliant que elle ne voulsist soubztraire, subourner et mettre à mauvaise voie ses filles qui sont très belles jeunes filles (Doc. Poitou G., t.6, 1399, 344). ...la Court avoit eu plainte d'une juesne fille, d'environ VIIJ ans, née de Bourges, de bourgoisie, que voloit marier icellui duc à un peintre alemant qui besoignoit pour lui (BAYE, I, 1400-1410, 248). ...defloracions de jeunes filles, enforcemens de femmes et destructions de villes (LA TAVERNE, Journ. Paix Arr. B., 1439, 42). Noble chevalier, j'ay grant plaisir que vous estes cy venu. Car grant desir avoie de parler a vous, et combien qu'il ne soit deue chose que une jeune fille doyve parler a ung homme seul tant priveement comme je fais (Belle Maguel. C., 1453, 18). En pensant de laquelle il diroit (...) se appensa de nommer une josne fille de la court en l'aige de dix ans (LA SALE, J.S., 1456, 15). ...[Amour] fist allyance a une jeune fille, belle, gente, gracieuse et en bon point en sa fasson (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...une belle, bonne et fresche jeune fille (C.N.N., c.1456-1467, 250). Oudit temps, fut grandes nouvelles par tout le royaume de France et en autres lieux de une jeune fille de l'aage de XVIII ans ou environ, qui estoit en la ville du Mans, laquelle fist plusieurs folies et grandes merveilles, et disoit que le dyable la tourmentoit, et sailloit en l'air, crioit, escumoit et faisoit moult d'autres merveilles, en abusant plusieurs personnes qui l'aloient veoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 13). Vous eussez ouy sonner trompillez Pour faire dancer jeunes filles... (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).

 

.

[Sans réf. à la virginité] : ...faisons venir a nostre logis deux jeunes filles de noz cousines, et couchons avec elles [Il s'agit de prostituées] (C.N.N., c.1456-1467, 363).

 

-

Fille à marier. "Fille nubile" : Dont icelui feu Bernart fu tèlement apovry qu'il n'avoit bonnement de quoy vivre ne tenir son estat, ne nourrir sa femme et enfans, ne marier ladicte Jehanecte et sa suer, qui alors estoient filles à marier, de l'aage de quinze à vint ans ou environ. (Ch. VI, D., t.1, 1399, 156). D'une faulse Langue qui parloit et decevoit filles a marier. (ALECIS, Martyrol. faulses langues P.P., c.1475, 344). ...durant ledit assault et le siege et à l'entré de laditte ville, furent occis et mis à mort, hommes, femmes, enffans, religieux et religieuses, jeunes femmes et filles à marier et religieuses violées par les Bourguignons. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 218).

 

-

Fille de bien. "Fille honnête" : Item, et a filles de bien, Qui ont peres, meres et antes, Par m'ame, je ne donne rien (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 123).

 

-

[P. oppos. à femme] : Pareillement vïolateurs, Vïolentement oppresseurs De filles, femmes sans respit... (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 69). ...ravissement de filles ou de femmes (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 73). ...et femmes et filles prenoient à force (Journal bourgeois Paris T., 1435, 306). ...entre aultres femmes et belles filles ses voisines, la plus digne d'estre amée et desirée estoit la fille a une simple femme vefve (C.N.N., c.1456-1467, 97). ...tantost s'en fuyt en aultre païs, ne sçay quel, une aultre femme ou fille decevoir (C.N.N., c.1456-1467, 104). ...mais d'amer Fille en chief ["sans coiffe"] ou femme coeffee, Ja n'en ayt la teste eschauffee ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 137). Pareillement monsieur de Taillebourg (...) Eut en sa garde les filles et les femmes Pour les garder de deshonneur et blasme (LA VIGNE, V.N., p.1495, 245).

 

-

Péj. Fille des bois. V. bois "Sauvageonne, coureuse de bois"

 

3.

P. ext. "Personne du sexe féminin, femme" : M'amye, pource que vous estes belle fille et bonne, et que j'ayme bien vostre mary. (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...puis qu'il se trouvoit en quelque part a descouvert avecques quelque belle fille, il luy monstroit qu'il estoit homme. [L'homme s'est déguisé en femme pour mieux approcher les femmes qu'il veut séduire] (C.N.N., c.1456-1467, 303).

 

-

Fille de + nom de lieu. "Personne du sexe féminin issue, native de" : Si je suis lié, mis en ostage, O filhes de Jherusalem, par verité vous dy "Amen", Q'ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190).

C. -

"Personne du sexe féminin considérée quant à son statut social"

 

1.

"Servante" : ...ilz se accorderent aler disner à Roquencourt, oultre la ville de Saint-Clou ; auquel lieu il, par le commandement de la fille de l'ostel où ilz buvoient, trait du vin une choppine, beurent icelle ensamble (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 562). ...et à un soir, en l'ostel où pend l'enseingne de l'Espée, ouquel elle avoit acoustumé d'aler jouer et esbatre bien souvent avec les filles et chamberieres dudit hostel, pour ce que elle estoit leur voisine (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 125). A la fille de la bastide du roy, près Aix, (...) neuf paulmes et demy de pers (Comptes roi René A., t.2, 1478, 69).

 

2.

"Prostituée" : ...il a ouy dire et affermer que icellui Perrin estoit un très-grant et fort larron, murdrier, houllier publique, qui tient une fille en Glatigny, nommée Lucete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 164). Faiz es villes et es cytez Farces, jeuz et moralitez ; Gaigne au berlanc, au glic, aux quilles, Aussi bien va, or escoutez, Tout aux tavernes et aux filles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131). A Chartreux et a Celestins, A Mendïans et a Devoctes, A musars et clacque patins, A servans et filles mignoctes Portans seurcoz et justes coctes, A cuidereaux d'amours transsiz Chauçans sans mehain fauves boctes, Je crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 148). Mais, las, telz m'ont voulu saisir Et metre en chanbre com on fait Les aultres filles en effet. Et en la chambre proprement Dudit mauvais gouvernement, Ou long temps, yver et esté, Ont fait de moy (a) leur volenté. Tant qu'ilz m'ont toute mutillee... (Sots mal., c.1480, 87).

 

-

Fille amoureuse : ...ilz leur firent responce qu'ilz alloient querir une fille amoureuse avecques les clers du Palais, et pour desroquer les escoliers, s'ilz les trouvoient. (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 226). En petiz baings de filles amoureuses... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 115).

 

-

Fille commune : Huguenin, j'ayme trop mieulx faire reverence a dix filles communes que avoir failly a une femme de bien (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 12).

 

-

Fille secrete : Et qui eust a faire d'aucune fille secrette, elle en eust fait plaisir pour gracieux vin, et c'estoit la practique de quoy elle s'entretenoit le mieulx (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 107).

 

-

Fille de joie : ...oye la supplication qui faicte nous a esté de la partie des filles de joye du bordel de nostre ville de Thoulouse, dit la grande Abbaye (...) elles seront tenues de porter entour l'un de leurs bras, une ensaingne ou difference d'un jaretier ou lisiére de drap d'aultre couleur que la robe (Ordonn. rois Fr. S., t.7, 1389, 327). Et après que ledit suppliant eut beu, il s'en ala en ung villaige nommé le Chasteau, auquel lieu on luy dist que, en la maison d'un nommé Jacques Grelier, où ne demouroit personne, y avoit une jeune fille de joye qui y estoit mussée. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 317). ...qu'il envoyast hors dudit logeys une fille de joye qui ceans estoit (Lettres rémission René II P.D.H., 1483, 134).

 

-

Fille de peché : ...il se acompaigna et accointa d'une femme nommée Guillemete, fille de péché, avecques laquelle il coucha par plusieurs nuis, tant en la ville de Saint-Denis comme ès blez estans emmi les champs (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 53). ...lequel Gervaise n'est point clerc, parce qu'il a espousé une fille de peché qui est putain publique (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 83).

 

-

Fille de vie : ...lui estant couchié avec une fille de vie nommée Alison (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 122). ...il se acointa d'une fille de vie seante au bordeau (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 208). ...fu faite venir et attainte des prisons dudit Chastellet, Marion de La Court, lingiere, fille de vie, prisonniere detenue oudit Chastellet (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 422). Jehan le Godelier, Jehan de Sainte-Lumière, Marguerite (...) et Sézille de Drion, filles de vie, eussent souppé ensemble (Ch. VI, D., t.2, 1400, 242).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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