A. -

"Artisan, ouvrier" : Derechief Jhesuchrist si est appellé fevre, conme il appiert, Marcy sexto capitulo, et ainssi il appiert que Jhesuchrist amet miex labourage que mendycité. (Songe verg. S., t.2, 1378, 228). Et fut celle esmeute faite pour une chaine destendue par nuit envers la boucherie, par ung fèvre qui demouroit entre deux murs. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 198).

B. -

En partic.

1.

"Artisan qui travaille le fer, forgeron, ferronnier" : Il me fault un févre aler quere (...). Maistre, (...) Voz instrumens de fer prenez, Et avec moy vous en venez Argent gaingnier. (Mir. st Guill., c.1347, 26). À maistre Estienne Regnault et Perrin Langlois, fevres, pour pluseurs forgeures faictes par eulz oudit fort (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 307). Et ce pourroit estre esprouvé en la mole du feivre et en pluseurs autres choses. (ORESME, C.M., c.1377, 436). ...il print et embla une coignée à un sien compaignon qui estoit avecques lui oudit boys, laquelle coigniié il vendi depuis IIJ s. et demi, à un fevre demourant à Damery. Et aussi embla à un autre compaignon une serpe, qu'il vendi audit fevre IIJ s. par. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 241). Quant le jayant sent le coup, si lui escrie : Maudit soit le bras qui de tel vertu scet ferir. Et le fevre qui forga ceste petite alemelle soit pendu par la gorge (ARRAS, c.1392-1393, 264). ...toutes les ars ensement Et mestiers (...) en .II. manieres les nomme Et enseigne : l'une est en oeuvre, L'autre en parolles se descueuvre ; Celle d'oeuvre sont les mestiers Comme fevres et charpentiers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 125). Or parle CAYPHAS a Bot. (...) Ad ung favre vous convient aler, Et luy dictes que je luy mande Que il face apertemant Troy cloz de ffer Pour se ribaut clavellé. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 193). À Roland Buusse, fevre (...) pour avoir livré un noquet à deux clefz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 597). Va t'am tost, Marque, ne tarde pas, Cheux le fevre Nichodemus, Va tost et ne sejourne plux, Et ly fait trois gros clox forgier Pour ce pautonnier clofichier (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 202). ...six moles de faure et sept moles de molin (Journal Bellev. H.D., 1424-1425, 100). Item plus passé Guichert Chiviliart troys moles de molin et une de faure la de la feste Nostre Dame d'Avens, paié demi franc. (Journal Bellev. H.D., 1424-1425, 102). Et après ce, le doyen des fèvres, ung cousturier, et pluiseurs aultres commencèrent fort à murmurer et à contrarier ledit accord (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 328). ...car si comme une petite nue empesche la ray du souleil, touteffois le souleil atrait a lui aulcune chose forte a atraire, et ainsi les veons nous des souffles des fabres qui atrayent l'air et pouldre et estrain. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 26). ...achapt fait de Symonet Papart, fabre, de six quintaulx et quarante livres de cledes de fer, à raison d'ung gros la livre, par mectre à la sale basse, comme sont fenestres (Comptes roi René A., t.1, 1458, 63). À Cornilles Solle, feure, demourant en la ville de Bruges, paié, le XXe jour de juillet, la somme de quarante huit solz six deniers - d'ouvraige de fer, que j'ay fait et livré pour atachier et faire tenir les sparres ou comble de la grant salle pour y tendre les draps dont on a ciélé la dicte salle en hault (Comptes Lille L., t.2, 1468, 321). Et c'est ce que disoit Galien au commencement du Terapentice contre Thesilum : se les bons medecins n'avoient mestier et besoing de sçavoir aucune chose de geometrie, d'astronomie, de logique et des autres, tantost tous les mecaniques autres comme couroieurs, charpentiers, fabres et autres delesseroient leurs ars et vouldroient estre medecins. (Chirurgie Chauliac B.-T., p.1472, 62). Jugement du segneur Pierre le prebtre d'une pairt, et de Jehan, de Leubei, le feivre, d'aultre pairt, pour le fait d'un travault et d'une forge que ledit Jehan avoit fait faire. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1344], 233).

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[Dans une compar.] : ...Vous orriez bien ces poings sonner Com fevre qui sur roe fiert. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 3). ...Bruns marteloit sur lui plus Que fèvres de martel quant bien est esmoulus (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 120). S'Amours allume Un cuer en son grant feu qui fume, Tel le forge ou de tel volume Qu'il veult, com fevre sus enclume, Qui par feu mue Un glaive en un soq de charue Et sa nature lui remue ; Le soq nourrit, le glaive tue. (CHART., L. Dames, 1416, 268). ...et fierent sur Cleriadus come fevre fait sur enclume (Cleriadus Z., c.1440-1444, 620).

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Charbon de fevre : Chil quatre signeur et gouvreneur de tous les Escos (...) entrèrent en mer à toute leur compagnie, et fisent pourveance d'avainne, de blanche farine, et de carbon de fèvres. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 51).

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Prov. En forgeant on devient fevre. V. forger

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À pauvre fevre pauvre enclume : A pouvre febvre pouvre englume. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 827).

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Il vaut mieux parler au fevre qu'au fevrel : Il vault mieux parler au fevre que au fevrel (E. LEGRIS, Anc. prov. fr., p.1400. In : Bibl. Éc. Chartes 60, 1899, 585).

2.

"Charpentier" : Car des claus, dont fu enclöé Le fil au fevre et fort rivé... (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 51). Haha ! malvoix, malvoix, malvoix, Tu [Jésus] est filz de Joseph le fevre Et Marie la rouse ta mere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 159).

Rem. Réf. à Matth. 13, 55 : «Nonne hic est fabri filius ?». D'après une ancienne tradition, Joseph était charpentier. Cf. cependant F. Möhren, “Jésus le forgeron – Analyse de signification et savoir extralinguistique”, In : Historische Sprachwissenschaft als philologische Kulturwissenschaft, éd. M. Bernsen, E. Eggert, A. Schrott [Mél. Franz Lebsanft], Bonn, University Press, 2015, 451-477.