C.N.R.S.
 
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     FÈVE     
FEW III 339a faba
FEVE, subst. fém.
[T-L : feve ; GD : feve1 ; GDC : feve ; DEAF, F327 feve ; AND : feve ; FEW III, 339a : faba ; TLF : VIII, 820a : fève]

A. -

Au propre

 

1.

"Plante potagère dont la graine est comestible ; graine de cette légumineuse, fève" : Et s'estoient gens de vilages, Norris de lais et de frommages, De chos, de feves, de naviaus ; N'avoient pas tous leur aviaus ; De vin estoient si delivre Que po en y a qui s'enyvre, Eins buvoient de la fonteinne Et dou puis jusqu'a pense pleinne. (MACH., D. Lyon, 1342, 213). ...pour les patrons (...) qui sont en chascune galee (...) faudroit (...) une mine de pois, une mine de feves, une mine de sel (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1355, 144). LE FOL. (...) En un jour m'aprist le sautier En mangant féves au brouet. (Mir. parr., 1356, 18). Il n'avoit pas tous ses aviaus, Car souvent mangoit des naviaus, Des feves et dou pain de soile, D'un haran, d'une soupe a l'oile, Par deffaut de bonne viande. (MACH., C. ami, 1357, 104). Et se aucun obiçoit de ce que se une pesante mule [l. meule] descendoit et trouvast en sa voie une feive ou une petite pierre reposante souz soy, ceste meule commenceroit a mouver ceste pierrete par certain et grant degré de isnelleté et non pas a non gradu (ORESME, C.M., c.1377, 414). Or fault pourveance de vin, De l'uille, des feves, des poys (DESCH., M.M., c.1385-1403, 62). ...Bertrandon de Vez, capitaine de Rochefort (...) lui envoya audit Roc de Vendas, de sa voulenté, et sanz ce qu'il feust envers lui, pour cause de patis ou autrement, tenu en aucune maniere, trois sommes de feves, paravant que l'en meist le siege au devant de lui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 198). En may trouve l'en feves nouvelles, navectz, raves. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 121). Aussi vis la gent de villages Nourris de feves et laictages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 77). Item quattre muys de feves, deux muys de pois (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 54 r°). Hé beaul Dieu, largesse de feves ! Il n'est homs quil n'ait trop grant force S'il en mangue atout l'escorce, Qu'elles ample trop bien la pence ; En feves a trop grant substance. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 29). On luy bailla pour desjunee Une tresgrosse fricassee De deux feves et de deux pois. (Gaud. sot, c.1450, 12). Et ce pendant survint ung serviteur dudit Aymer d'Exès, suppliant, nommé Jehan, archier dudit suppliant, qui venoit de querir des fesves (Doc. Poitou G., t.11, 1466, 57). ...tant fromens, orges, mil, blave, pois, febves que autres grains a vivre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 262).

 

-

[Comme expr. d'une valeur minimale] : ...toutes leurs explanacions ou addicions ne vallent pas une feve (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 383). Nostre loy ne vaudra deux fevez. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 148).

 

.

Feve lombarde. "Grosse fève" : ...Tels est li us. N'i vaut une feve lombarde Clef n'huis de fer, tour n'avant - garde, Que tout n'aquiere et que tout n'arde Dame Venus. Si qu'il n'est rien qu'amour ne face, Puis que Venus est en la place. (MACH., F. am., c.1361, 228).

 

Rem. Cf. FEW V, 160b s.v. Langobardus : Drôme fava loumbarda "grosse fève".

 

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N'estre qu'une feve en un puits. "Être peu de chose" : Et qui plus est, il [Darius] est fugitiz et fait fuians par la crudelité, raddesce et hardiesce de ses anemis, qui au regart de sa puissance ne sont c'une feve en ung puch. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre Hé., a.1440, 293).

 

-

[Considérée comme la plante des fous ou la plante qui rend fou] : Oudit moys de juing, que les feves florissoient et deviennent bonnes, advint que plusieurs hommes et femmes perdirent leur bon entendement, et mesmement à Paris qu'il y ot entre autres ung jeune homme, nommé maistre Marcial d'Auvergne, procureur en la court de Parlement et notaire ou Chastellet de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 160).

 

.

Bouter qqn aux feves. "Rendre qqn fou d'amour" : ...il n'y a aujourd'ui plus dangereuse chose en amours que de telz faulx rappors, car c'est pour bouter ung homme aux febves jusques au tiers ciel et en avient plusieurs innconveniens (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 201).

 

.

Entrer aux feves nouvelles. "Entrer en folie nouvelle" : Doux yeux jectans feu aux oreilles, Qui font gallans nuyt et jour courre Et entrer es féves nouvelles, Qui ne leur chéent pas pour escourre. (Amant cord. M., 1490, 67).

 

Rem. La croyance qu'au printemps, au moment où les fèves fleurissent, les fous sont pris de nouveaux accès proviendrait d'un contresens sur un texte de Pline, affirmant que les maladies mentales sont particulièrement fréquentes cum faba florescit (cf. Gottschalk, Die Sprichwörtlichen Redensarten der französischen Sprache, Heildelberg, 1930) in Rey-Chantreau.

 

-

[Dans un cont. grivois] Planter feves en roie : Mon ronchinet ne voeult planter febves en roie, Souflés, riflés et deschirés lincheux, J'en ay mon saul, plus avoir n'en volroie, tant qu'est a moy, devenu suis prescheux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 800).

 

2.

[Trad. du lat. faba inversa] Feve enverse. "Légume aux cosses pendantes, probablement le sénégré ou le fénugrec" (éd.) : Il a en cele montaingne qui est ardant, si conme l'en i monte, croist une herbe qui est apelee feve enverse, et est bien aussi haut conme le jeton d'une nois plantee d’un an ou de .ij., et autelz fueilles conme de noier, et le fruit de ceste feve croist ausi conme autres feves en cosse, mes tant i a que lé cosses des autres feves croissent droit contremont, et le fruit de ceste feve croist droit contreval (VIGNAY, Oisiv. emp. G., a.1330, 181).

B. -

En partic. "Petit objet qu'on place dans le gâteau des rois, fève" : DEMANDE. Quel grain de semence crie on le plus hault et plus joieusement ? RESPONSE. C'est une feve noire, quant l'en la treuve ou gasteau. (Devin. R., c.1470, 132).

 

Rem. T-L III, 1799.

 

-

Roi de la feve. "Celui qui a trouvé la fève dans le gâteau des rois" : LUCIFER. Comment va nostre herault d'armes ? Es tu venu, roy de la feve [Satan] ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 30). ...en souvenir de ce que j'ay esté roy de la feuve (Comptes Lille L., t.3, 1475, 418).

 

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Reine de la feve : ...en faveur qu'elle a esté royne de la fève à la Paricion nostre Dame dernière passée (Comptes Lille L., t.3, 1475, 419).

 

-

Trouver la feve. "Faire une belle découverte, faire une belle affaire" : Que vous fault-il, gent maleurée ? Avez vous la feve trouvée Que vous menez telle ruychon ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 237).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

C. -

P. anal.

 

1.

Une feve de. "Une quantité équivalant à une fève" : Se ung esprevier est malade tellement qu'il regecte sa viande quant il a esté peu, ouvrez luy a deux mains le becq et luy boutez dedens la gorge comme une feve de beurre fraiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 166).

 

2.

"Tache noire sur les dents antérieures d'un cheval (germe de fève)" : Au .VIe. an viennent les crochez dont le fons est creulx, et est le feve ou fons du creulx. (...) Au .VIIe. an les bors du creux des crochés si usent, et n'y a maiz point de creux ne de feve, et devient tout plat et tout aonny, et de la en avant on n'y congnoist aage (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137).

 

3.

FORTIF. Feve de fer. "Pointe acérée emmanchée sur un pieu (servant à empêcher le passage d'un gué ou d'un fossé)"

 

Rem. Doc. XVes. (modernisé ?) ds GD III, 777b (Feves de fer fournies par un maréchal pour rendre impraticable le passage de blanque tacque).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin / Pierre Cromer / Hiltrud Gerner

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