C.N.R.S.
 
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     FÉTARD     
FEW III festa
FETARD, adj.
[T-L : faitart/fetart ; GD : fetard ; FEW III, 482b : festa]

"Nonchalant, négligent, paresseux" : Ce sont les fils de Tristece, Gens endormis en parece, Gens negligens et pareceux Lasches [et] fetars et huiseux (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 176). Autres ouvriers y envoia ausi dans la vigne : Unz a tierce et unz a midi, Unz a nonnë, autres plus tart Que chascun tenoit a fetart Pour ce que plus tost n'estoient Venus, et musé avoient. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 191). Trop longtemps ay esté fetard. Il me fault faire diligence. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 29). Et, vieulx fetard et nice [Simon] Et raemply de rebellion, Vous sortirez, vueillez ou non. Chargiez ygnellement le fais [la croix de Jésus] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 327). Ça a fait envie la fetarde Qui toute bonne euvre retarde (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 381). LE PREMIER [SERGENT]. Puisqu'il vient ung peu sur la brusne, Il est temps d'aller a l'escart. LE .II. SERGENT. Allons men happer quelque prune Puisqu'il vient ung peu sur la brune. LE .I. SERGENT. Se Fortune m'est opportune, Pas n'y fauldray. LE .II. SERGENT. Trop es(t) fetard. Puisqu'il vient ung peu sur la brune, Il est temps d'aller a l'escart. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 98). LE GREFFIER. Si font ilz [le juif et le chrétien] bien longue demeure ; Il aproche ja sus le tart. LE JUIF. J'ay esté un peu trop fetart ; J'aperçoy le prevost au lieu. Vous, sire prevost, le grant Dieu Si vous tienne en joye et santé. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 128). Ta voulenté nice et fetarde T'a causee telle infection. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 67).

 

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Prov. Aise fait l'homme estre festard : S'elle treuve qui la dodine, Elle chome du jour la plus part. Ayse fait l'homme estre festart. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 371).

 

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Fetard envers qqn. "Qui montre peu d'empressement à l'égard de qqn" : Messire Virgille est ung seigneur de Romme Qui vers le roy ne fut oncques fetart ; Et pour monstrer qu'il estoit loyal homme, Devers le roy transmist son filz bastart (LA VIGNE, V.N., p.1495, 228).

 

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Fetard de + inf. "Qui met longtemps à, qui est paresseux pour" : Lors d'aler vers Pinart ne fut mïe fetart, Mais pas ne le fery en guise de musart (Galien D.B., c.1400-1500, 81). Sy prieray pour luy [mon seigneur, l'évêque Thibault d'Aucigny] de bon cueur, Pour l'ame du bon feu Cotart ; Mais quoy ! ce sera donc par cueur, Car de lire je suis fetart. Priere en feray de picart : S'il ne le scet, voise l'apprendre, S'il m'en croit, ains qu'il soit plus tart, A Douay ou a L'Ysle en Flandre ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 25). Jadiz extraict il [maistre Jehan Cotart] fut de vostre ligne, Lui qui buvoit du meilleur et plus cher, Et ne deust il avoir vaillant ung pigne. Certes, sur tous c'estoit ung bon archer ; On ne lui sceust pot des mains arracher ; De bien boire ne fut oncques fetart. Nobles seigneurs, ne souffrez empescher L'ame du bon feu maistre Jehan Cotart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 102).

 

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Empl. subst. : ...au contraire a fetars et cuers failliz de vertus faire parole vaut autant comme chanter devant un sourt. (JEAN DE MONTREUIL, Traité cheval. G.O.O., 1413, 91).

REM. Sur l'étymol., cf. TLF VIII, 798a, s.v. fête (fêtard). Cf. aussi FEW III, 484b, n. 8, et FEW III, 349b, s.v. facere ("Npr. fai-tard" "nonchalant").
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin / Pierre Cromer

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