A. -

"Fenêtre, ouvrage de menuiserie avec ses accessoires placé dans une ouverture pratiquée dans un mur, toit, paroi pour faire pénétrer l'air et la lumière dans un local" : Si comme un esprevier qu'on mue, Et tant qu'une fois entroy - Dont moult forment me resjoy - Cornemuses, trompes, naquaires, Et d'instrumens plus de set paires. Lors me mis a une fenestre Et enquis que ce pooit estre... (MACH., J. R. Nav., 1349, 153). ...Si virent par une fenestre Qu'il aouroit le Dieu celestre... (MACH., C. ami, 1357, 38). Denys le Lombart, de Londres, charpentier, pour la façon de 4 fenestres pour la chambre du Roy en la Tour de Londres. C'est assavoir : pour le bois des 4 châssis, 3s. 2d. Item, pour cloux, 2s. 2d. Item, pour une peau de cuir, 5d. Item, pour 6 livres et demie de terbentine, 4s. 4d. Item, pour oile, 3d. Item, pour 7 aunes et demie de toile, 9s. 4d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 245). Lors entrouvri une fenestre Pour vir quel heure il pooit estre. (MACH., F. am., c.1361, 180). Si ouvrirent une fenestre Pour mieux veoir et plus à plain S'il avoit nelui seur le plain. (MACH., P. Alex., p.1369, 150). Si tenrons les fenestres closes De la chambre sur toutes choses (Mir. Berthe, c.1373, 205). Et pour ce, un ange peut estre en un lieu sanz soy mouver nonobstant que en ce lieu pluseurs corps succedent un apres l'autre, aussi comme le ray du soleil qui passe par une fenestre n'est pas meu aveques l'aer que le vent emporte ou chace, mais samble demourer tout un combien que non soit, car ce n'est pas du tout semblable. Mais par ce peut estre entendue la verité en cest propos. (ORESME, C.M., c.1377, 290). Et la veissiez dames et damoiselles aux fenestres (ARRAS, c.1392-1393, 117). Lors fu Florie moult joyant, et vint a la fenestre et regarde en la mer (ARRAS, c.1392-1393, 143). Ces dames et ces damoiseaulx les regardent par les fenestres des souliers (ARRAS, c.1392-1393, 165). ...et tant le chaca d'estage en estage qu'i vint au derrenier, prez du toit. Et le conte avise une fenestre qui yssoit sur le toit, et monte sus, et Gieffroy le suit, l'espee traicte, et le cuide ferir. (ARRAS, c.1392-1393, 268). Le roy, en une de ses tours, Se seoit, a haulte fenestre Qui bien sembloit riche roy estre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 267). ...en l'ostel dudit S. Pol, le Roy estant en la grant court de sondit hostel par devers l'eglise de S. Pol, à une fenestre (BAYE, II, 1411-1417, 125). Et lors Madame et elles vers unes fenestres se traÿrent, puis le firent a elles venir (LA SALE, J.S., 1456, 55). Ha ! meschante, Viens sa ! T'avois je fait ouvrir Ces fenestres ? Vien moy couvrir ! (Path. D., c.1456-1469, 106). En ce temps, fut grant bruit à Paris de larrons et crocheteurs, alans de nuit crocheter huis, fenestres, caves et celiers. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166). Or vint le jour de la bataille par ung jeusdi que le temps se monstroit moyennement et que une infinité de monde s'assambloit sur le marchié de Valencines, tant es fenstres [l. fenestres] comme par l'embaz sur le pavé, pour veoir ces deux chevaliers combattre. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 160). ...il dist que plusieurs prodiges se apperroient, ce qui fut veriffié, car peu de temps après se apparurent, come en temps serain et cler, à obscurcir le Soleil duquel les raiz estoient sanguinolentes, quand paressoient ès vitres ou fenestres de maisons. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). ...parmi les fenestres, portes, et autres lieux des maisons (LA VIGNE, V.N., p.1495, 275). Et incontinant qu'ilz apparceurent ledit signe, icelluy Jehan de Harmes referma laditte fenestre, et ledit bastard et Voyau s'en allerent à l'entour de la Bastide. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 172).

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Fenestre à bellevoisine. "Fenêtre à la manière de Beauvais" : ...faire oudit toit une fenestre à bellevoisine toute nuefve, pour aller et venir par dessus le toit pour doutte des feux. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 614).

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Fenestre à verre dormant. "Fenêtre fixe qui ne s'ouvre pas" : ...se povent faire fenestres à verre dormant de sept piez de hault sur son voisin. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 247).

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Fenestre coulisse. "Fenêtre dont le châssis glisse verticalement entre deux rainures" : A Richard Delaplache pour avoir fait IIII fenestres en l'escriptore près la chambre Monseigneur le Vicaire, reffait l'uis de la bucherie, deux fenestres couliches sur la porte (Comptes Archev. Rouen J., 1455-1456, 297).

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Fenestre croisee. "Fenêtre se composant d'une baie rectangulaire divisée en quatre parties" : ...en la cuisine près icelle chambre, avoir fait l'attre tout neuf de tielleaux et argille et restouppé plusieurs trous et avoir fait troys marches de degré tout de pierre de taille et machonnées de plastre ou l'en va au cellier et avoir estoupé une fenestre croysée sur la rue par laquelle l'en avait getté les terres et graviers de la court devant les fours. (Comptes Archev. Rouen J., 1437, 155).

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Fenestre flamande : ...une maison ou demeure, en laquelle ledit Denisot, ses hoirs et aians cause seront tenus de faire faire à leurs despens par manière de bastide, un planchier et II frenestres flamanges doubles à pignon, pour asseoir et mestre haussepiez et espringales ou canons pour la défenses de nostre dicte ville de Paris se besoing en estoit. (Ch. VI, D., t.1, 1415, 272).

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Fenestre pendante : ...XXIIII fenestres coulliches et VIII pendantes (Comptes Archev. Rouen J., 1464-1465, 342).

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P. métaph. RELIG. [À propos de Marie] : Ainçois iras a la fenestre Hurter de la gloire celestre, C'est a l'umble vierge Marie (Mir. pape, 1346, 374). C'est celle qui en l'escripture Est appellée et de droiture Fenestre du ciel en mains lieux (Mir. pape, 1346, 374).

B. -

En partic. "Fenêtre du palais de justice, à laquelle sont proclamées certaines ordonnances ou lettres royaux" : Ceste cedule dessusdicte a esté cedit jour publiée en la grant sale à la fenestre par Robert Chaurre, huissier. (BAYE, I, 1400-1410, 95). Et, après plusieurs altercations, finablement ont esté leues lesdictes lettres, et publiées à la fenestre et enregistrées ou livre des Ordenances. (FAUQ., I, 1417-1420, 19). Ce jour, la Court a fait publier à la fenestre de la sale du Palais les lettres royaulx, faisans mencion de certain aide nagaires advisé et accordé par les prevost des marchans (FAUQ., I, 1417-1420, 181). Ce jour, furent par le premier huissier publiées à la fenestre de la sale du Palais les ordonnances de la fin de cest Parlement et du commencement du Parlement prochain à venir. (FAUQ., II, 1421-1430, 325).

C. -

P. anal. "Ouverture"

1.

"Ouverture ajourée dans un meuble" : ...un bel dressouer ouvré, ou il y a deux fenestres fermans à clef (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 173).

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"Ouverture pratiquée dans un mur, niche aménagée dans l'épaisseur d'un mur, clos par des portes ou par une grille" : ...les portiers (...) seront tenus de mectre les clefz de ladicte porterie en une fenestre fermant a clef, de laquelle fenestre l'un desdiz portiers aura et prandra la clef afin que l'en ne puisse faire faulte esdictes clefz (Reg. Poitiers F., t.1, 1441, 296).

2.

"Ouverture dans un tonneau" : ...un tonneau clos, fors que par dessus avoit un huisset qui se cloit et fermoit quand l'en vouloit, parmy la quelle fenestre une personne peust entrer et issir ; ou quel tonneau avoit un pou de rappé, senz vin ne eaue (Doc. Poitou G., t.6, 1391, 46).

3.

[Dans la lame d'une épée] : Pour faire et forger la garnison toute blanche d'une espée dont l'alemelle estoit à fenestres. C'est assavoir, faire la croiz, le pommeau, la boucle et le mordant, et un coipel (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 127).

4.

"Dans une boutique, baie formant devanture, étalage" : Item, cogneut oultre que, VIJ mois a, auprès et joignant de Sainte-Katherine, sur la fenestre d'un cordouennier demourant assez près d' illec, il mal print une paire de solers, lesquieulx il vendi IJ s. à un homme qu'il ne cognoist. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 75). ...icellui prisonnier en passant pardevant l'ostel de lui qui parle vit comme à son col il avoit pendue ladite sainture d'argent, laquele dès lors il lui vendi la somme de IIJ frans et demi, qu'il lui bailla comptans ; et en cest estat l'a gardée et mise à sa fenestre pour la vendre à qui acheter la vouldroit. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 477). Les autres mendient tous nuz Et pain ne voient qu'aux fenestres (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 38).

5.

P. méton. "Boutique" : Item, pour assigner la vie Du dessus dit maistre Robert, Pour Dieu, n'y aiés point d'envye, Mes parens, vendés mon haubert, Et que l'argent, ou la plus part, Soit emploié dedens ces Pasques A acheter a ce poupart Une fenestre emprés Sainct Jacques. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 18).

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Clore fenestre. "Fermer boutique" : [Avec une connotation grivoise] Et vous, la gente Saulcissiere, Qui de dancer estes adestre, Guillemete la Tappiciere, Ne mesprenez vers vostre maistre : Tost vous fauldra clore fenestre ; Quant deviendrez vielle, fleterye, Plus ne servirez q'un viel prestre Ne que monnoye c'on descrye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58).

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Lever fenestre. "Ouvrir une boutique" : ...li foureur de draps payeroient d'ore en avant telle ordenance que chi-apres s'ensuit : C'est assavoir que quiconques d'ore en avant levera feniestre dou mestier, il paiera 10 s. d'entrée (Drap. Valenc. E., 1362, 39). ...queconques hons qui levera feniestre dou dit mestier, mis huers chiaus qui tiennent estal en le viesware, devens le banliuwe de le dicte ville de Valenchiennes, il payecent et soient tenut de paiier a chiaux qui commis y seront dou rechevoir 20 s. tourn. (Drap. Valenc. E., 1372, 43).

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Tenir fenestre et compagnons. "Tenir une boutique avec des ouvriers" : ...lequel suppliant, XXV. ans a ou environ, se party de la dicte paroisse de Vertou et s'en ala demourer en la ville de la Rochelle, pour aprendre le mestier de cousturier, lequel il a telement continué et conversé qu'il a depuis tenu fenestre et compaignons avecques lui au lieu de Montagu, où il a demouré dix ans et plus. (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 95).

6.

P. plaisant. "Trou" : Comme vaillant compain te tiem. Es piedz ly feray tel fenestre, Mieulx ly vaulsist qu'il fust a naistre, Le faulx guars quil tant sceit de guille. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 211).

D. -

Au fig. "Ouverture" : ...quant grant fenestre et preparacion ont fait a leurs ames de soudainement cheoir en enfer ceulx qui sont mors en telz faiz ! (JEAN DE MONTREUIL, Lettre prince G.O.O., 1394, 34).