C.N.R.S.
 
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     FÉMININ     
FEW III 451b femininus
FEMININ, adj.
[T-L : femenin ; GDC : feminin ; DEAF, F232 feminin ; AND : feminin ; FEW III, 451b : femininus ; TLF : VIII, 732a : féminin]

A. -

"De femme, qui appartient à une femme" : La beaulté du viaire, les yeulx rians, les maxelles tacees de vermau, le aournement du chief, la lieure des cheveux et vestemens precieulx, la resplendeur des pierres precieuses, le bon odeur, et autres choses appartenans au monde feminim, sont griefves choses pour troubler le corage s'il n'est enclos de grand vigueur de chasteté. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 372). Car conment que sa char fust femenine Si la fist Dieu si pure et si viergine... (Mir. st Sev., 1362, 240). G'y ay mamelle conme fame ; (...) Les autres membres secrez touz Femenins ay (Mir. Oton, c.1370, 386). ...car fuir choses penibles et laborieuses, ce est une mollesce et vient de feminin et de chetif courage. (ORESME, E.A., c.1370, 210). Je scé en la rue du Plastre Un biau visage femenin Que trop convoite un turlupin. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 249). Car je congnoistray sanz devin S'il ara sexe feminin Ou s'en son piz mamelles porte. (Mir. fille roy, c.1379, 97). Et quant il [le roi Elinas] approucha de la dicte fontaine, il entrouy une voix qui chantoit si melodieusement que il ne cuida pas pour l'eure que ce ne feust voix angelique, mais toutes foiz il entendy assez, par la grant doulcour de la voix, que c'estoit voix femmenine. (ARRAS, c.1392-1393, 6). Faictes les bien nourrir, et aussi sachiez que je m'en prendray garde, combien que je ne veulle pas que vous ayez esperance nulle que, moy de cy partie, laquelle chose sera bien brief, vous me voiez jamais en forme femmenine. (ARRAS, c.1392-1393, 258). Mais quant Remond scot par les norrices que Melusigne venoit visiter ses enfans tous les soirs, si lui alega moult sa doulour pour l'esperance qu'il ot d'encore recouvrer et ravoir Melusigne. Mais pour neant y pense, car jamais il ne la rara, ne ne la verra en figure femmenine, combien que pluseurs lui ayent depuis veue. (ARRAS, c.1392-1393, 262). ...neantmoins il avient bien aucunesfoiz que aucuns sont en partie masle et en partie femele, pour ce qu'ilz ont une partie du sexe masculin et une autre partie du sexe feminin. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 410). ...chevalereuses manieres Ot et condicions humaines Plus que femenines ne vaines. Sage fu et bien emparlee, Semiramis fu appellee (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 182). ...generaument aucques en tous traittiez philosophes, pouettes, tous orateurs desquelz les noms seroit longue chose, semble que tous parlent par une meismes bouche et tous accordent une semblable conclusion, determinant les meurs femenins enclins et plains de tous les vices. (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 618). Lundi, VJe jour de ce mois, la femme d'un laboureur (...) enfanta une fille gemelle, ou deux filles joingnans ensemble en ung seul ventre, ayans tous autres membres feminins entiers et formez hault et bas doubles (FAUQ., II, 1421-1430, 310). ...elle adossa la teneur feminine, et s'adouba de virile vertu. (C.N.N., c.1456-1467, 178). ...je vous mectray en tel estat que jamais n'arez volunté de marteler sur enclume femenine [Adresse à un séducteur] (C.N.N., c.1456-1467, 494). ...[il] consyderoit aussi la muableté et variableté de courage femenin (C.N.N., c.1456-1467, 559). Corps femenin, qui tant est tendre, Poly, souëf, si precïeulx, Te fauldra il ces maulx attendre ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43). ...elle commença sa complainte et lamentacion à voix piteuze et femmenine. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 154). JAUNE BEC. (...) L'une des voys est femenine. CUIDER. (...) Il a le cuer a la cuysine, Se jaune bec en son sotoys. (Pipée R., c.1470-1480, 189). Elle en ressemble la mere, Et par Dieu je l'en aime mieulx. Mes arregardés quieulx doulx yeulx Et quel visacge femenin ! A elle j'ay mon cuer enclin (Pass. Auv., 1477, 91). (S'ensuyvent les noms de plusieurs mignons, familiers et domestiques du roy.) Mignons du roy (...) Pour assailir ung feminin donjon Trop plus propres que dix autres miliers. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 152).

 

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"De sexe féminin" : Les vesves et les orphenins, Tant masculins com femenins, Et les eglises dois deffendre... (MACH., C. ami, 1357, 139). ...Mais si sui pris que je nul mot ne sonne, Car trop fort pense a la belle et la bonne Qui de tous biens est la mette et la bonne, S'en sui honteus. Mais si mes cuers en ce penser s'ordonne Qu'il ne vit pas femenine personne, Tant ait biauté ne tant porte coronne, Qui me fust preus, C'est a dire, qui garir me peüst Ne qui remede en moy mettre sceüst... (MACH., F. am., c.1361, 178). Et la dame avoit la char tendre ; Si souffroit mervilleus martyre ; Des yeux pleure, dou cuer souspire. Et certes c'estoit grant durté, Et très grant inhumanité, De creature femenine Faire estendre et mettre à gehine. Encor y ot chose plus lede ; Qu'on aporta de l'iaue tede, Où il avoit oile d'olive, Pour faire boire la chetive... (MACH., P. Alex., p.1369, 261). Habiter avec creature Feminine nourrist luxure (DESCH., M.M., c.1385-1403, 199). J'ay Herode mis en desroy, Et en si fole abusion Qu'il a fait faire occision De tous les enfans masculins Et a laissés les féminins Qui dedans Bethléem estoient Et qui environ demouroient (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 59).

 

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"D'une femme" : Cieux là qui va portant l'ymage fémenine, Porte moult fièrement celle lance sapine (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 417).

 

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[De la lignée] "Par les femmes" : Et fault dire necessairement quod deficiunt lignee agnatorum [ , c'est a dire que les lignees des filz deffaillent ], ergo [ , c'est doncques ], elles viennent a ceulx qui attiennent du lignage femenin, c'est asçavoir au roy de France Charles VJe et a vous sire qui a present estes, son filz, par le moyen des conjonctions des mariages fais des filles de France aux roys d'Engleterre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 160).

 

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Sexe feminin. V. sexe "Les femmes" : Laditte dicque avoit de .XXX. piedz de large et fut paracomplie au jour que les femmes, environ de .XVI. à .XVIIIc., y labouroient, dont la gloire s'en debvoit attribuer au sexe femenin. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 42). JESUS. Soyés fortes et vertueuses, Car fragilité est annexe Bien souvent au femenin sexe. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 253).

B. -

"Typique de la femme" : ...et a l'aventure elle est femme blanche et feminine et de petite corpulence (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 38). ...la roine (...) estoit elle tres belle dame et feminine et doucement enlangagie. (FROISS., Chron. D., p.1400, 49).

 

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Empl. subst. "Ce qui est propre à la femme" : Item, encor voions nous que en ceste maniere se a le masculin ou resgart du feminin, car par nature le masle ou masculin est le melleur et le feminin est le moins bon (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 53). Le masle y prant le femenin, La femelle le masculin, Et, saichiez, les femmes y vont Pour ce que les hommes y sont, Et les hommes pour vir les femmes, Les damoiselles et les dames Qui voluntiers les hommes voient Com les hommes qui les conjoient (DESCH., M.M., c.1385-1403, 135).

 

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[Avec une connotation péj.] : Tarquins, demenés de forceneries feminines, se prist a avironer et a acointier les peres, et especialment les peres de meneurz gens, et lez amonester car il fussent recors du benefice paternal et que il leur en demandoit a present recompensation. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 47.7, 79). Comme doncques Hercules par ses choses ordes et feminines eust ahontagié les nobles oeuvres que par avant il fist, il m'eust attrait de sa partie pour escrire ses fais (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 161). Item, avec ce affiert au dit grant courage, si que dit est desprisier basses choses esquelles sont entendues qu'il ne perde le temps qu'il doit emploier au bien du gouvernement de sa seigneurie et subgiéz en fatras et choses enfantelines et femenines en fait et en parolles (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107). ST BARTHÉLÉMY. Ce sont paroles femenines Qui ne servent riens que pour rire : On scet que femmes scevent dire Ainsy que leur vouloir les meut [Réf. à l'annonce de la résurrection du Christ aux disciples par Marie-Madeleine ( Marc 16, 10-11)] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 862). Cueurs femenins, Surprins d'impascïence, Hideux souspirs, Injurïeuse offense... (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 124).

 

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[D'un homme, de sa complexion...] "Qui a les caractères de la femme, efféminé" : LE MARQUIS. (...) Müer me fauldra mon coraige Par la vertu du marïaige, Et mon cuer faire feminin, Se je vueil tenir le chemin D'avoir en marïage paix. (Gris., 1395, 14). LE QUINT CHEVALIER. (...) marïage fait müer Par sa grant vertu les corages, En mieux se müera li saiges, Et le fol ja bien ne fera ; Ne ja pour ce ne devendra Ta complectïon feminine, Car bien scez que pas ne domine La femme, maiz ce fait li homs ; Si changent les complectïons Su subget par le dominant. (Gris., 1395, 15). ...ung prince nommé Agi[s]elaus feit devestir tous nuz devant ses chevaliers aucuns de leurs ennemis pour leur monstrer leur belle et blanche couleur, affin que bien semblassent gens femenins, non excercez en peines et en labeur (GERS., Concept., 1401, 417). O hommes forvoiez du chemin de bonne cognoissance, feminins de couraiges et de meurs, loingtains de vertuz, forlignez de la constance de voz peres... (CHART., Q. inv., 1422, 10). Et non ayant hoir masle, vint la succession à Pierre son frère, lequel, fémenin et non cler guères en nulle réputation, n'a esté guères de long règne. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 159).

 

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[D'une chose] "Qui a des caractères féminins" : La lune est une planette froide et moiste excessivement ; et est feminine et nocturnal et demeure en chascun signe .II. jours et six heures, et acomplist son cours en .XVIII. jours ["faible en comparaison du soleil" ?]. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 351).

C. -

GRAMM. Feminin genre/le feminin. "Genre féminin" : Quel mot est femenyn genre ? Cil qui parle de chose femmelle, cest a dire resemblant par nature a une femme (Donat Oxf. S., p.1400, 208). ...pluseurs noms terminez en if et en ifve, en if pour le masculin, en ifve pour le femenin (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 57). Par masculin genre est exprimee la personne de la trinité. Par le feminin genre la notion, par laquelle les personnes sont distinguees comme paternité, filiation, procession. (Somme abr., c.1477-1481, 155).

 

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RHÉT. [D'une syllabe, d'un vers] "Qui se termine par un e muet" : Oultre plus tu dois savoir que en nostre françois aucunes sillabes sont appellees femenines et les vers qui se terminent en ceste sillabe sont appelléz feminins. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 142).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin / Pierre Cromer

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