C.N.R.S.
 
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     FATROUILLER     
FEW III farsura
FATROUILLER, verbe
[T-L : fastroillier ; GD : fastroillier ; DEAF, F158 fastroillier ; FEW III, 422b : farsura]

A. -

"Farfouiller"

 

-

Empl. intrans. [Dans un cont. grivois] : Il vauldroit mieux de cachier aux fouans, Ou fastoullier dedens ces argillieres, Que de pesqueir en ces viviers puans (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 799). Affin d'avoir ceste despoulle, Dont chascune avoit son espee Ou a tout le mains sa quenoulle. L'une crye et l'autre fatroulle (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 94). Le matin, oster la brayere : Aprés baiser et fatrouller (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 287). Sur ma conscience, Quant j'ay ung petit fatrouillé, Je ne puis soustenir ma pence. (B. veoir, p.1480, 14). Je croy qu'il y a quelque mouche Qui luy fetrouille soubz la fesse. (Gent. Naudet T., c.1500, 273). Il m'a le ventre barbouillé Et entre les cuisses fatrouillé (Serm. fiancé K., a.1500, 250).

 

Rem. Cf., pour le sens, COQUILL., Oeuvres F., 287, note au vers 265.

 

-

Empl. trans. : Ce plaisant dard est venu esveiller Mon povre cueur, dont presque m'en resjoye, Et tellement l'est venu catoiller, Taster, saisir, bouter et fatroiller Que j'ay senty que trop a veu de joye. (Chasse am. W., a.1509, 127).

 

Rem. Ex. de 1499 (éd. : Desconfort de ses mains me taste ; Il me fatrouille, il me tempeste, Le povre entendement me gaste) ds GD III, 726c.

B. -

Empl. trans. "Barbouiller, embrouiller"

 

1.

"Barbouiller, salir" : La y eult laide bra[ie]rie : Les foeuilles trouva sy souliés, Sy fatrouilliés [et] sy moulliés Qu'on n'y sçavoit lettre congnoistre. (MOLINET, Serm. st Billouard K., c.1460-1500, 126). Chantés comment Franchois furent gallés (...) Escarmouflés, fatroulliés, badrouilliés, Trainés, tailliés, retournés, retailliés, De sang soulliés en tres grant abundance (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 129).

 

-

En partic. Région. (Picardie) "Couvrir (ici, le visage) d'une substance salissante" (J. -P. Chambon) : [C'est un plaisir de voir] Ses beaux petits enfanchonnés, Tant propre et tant mignonnetz Et ainsi [com] il est d'usaige, L'ung fatroulle l'autre au visaige (Serm. plaisant K., c.1500, 471).

 

Rem. J.-P. Chambon, Dial. de Wallonie, 19-20, 1991-1992, 86-87 : « probablement » un «équivalent pic. de wall. fastrouyî "abîmer (vêtements)"».

 

2.

"Embrouiller" : "Nous voulons", distrent ilz, "que nostre cause soit exposee devant la royne par ung preudomme simple et groz, qui ne voise pas en fatrouillant nostre cause, et le bien commun de l'ancienne noblesse, par argumens et par sophismes, mais dire plainement sans flacterie en brefves parolles et simples." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 265).

 

-

"Bâcler" : Il n'a point d'encre en son cornet : Quel gibet veult il fatrouillier ? (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 138).

 

Rem. Sens obscur ["encombré (?)"] dans l'ex. suivant : ... si l'ay trouvé [l'huis] verrouillé, serré, bandé, fatrouillié (GRÉBAN, Pass. J., t.2, ms. de 1473, 315 [add. apr. le vers 29799]) qui corresp. à l'ex. défini «faire un ouvrage d'une manière grossière, cameloter, fagoter, ravauder» ds GD III, 726b (cf. aussi R. T. Holbrook, 185).

C. -

Au fig.

 

1.

Empl. intrans. "Ne rien faire qui vaille, s'occuper de bagatelles" : Y ne font riens que fatroiller, En eulx n'a ryme ne raison ; On les doit du tout la lesser, Que en eulx n'est qu'abusion. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 267).

 

-

"S'occuper de bagatelles (?)" : Or avant, preparez les doncques [les ustensiles de table, en partic. les récipients à boire], Qu'il n'y ait plus que fatrouller [Éd. : "Tâter, prendre en main" ; défini par "se livrer à la débauche de boire" ds GD III, 726c ; également relevé par R. T. Holbrook pour qui le sens paraît obscur. L'idée semble être que ce qui reste à faire n'est plus que bagatelle]. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 36).

 

2.

Empl. trans. "Baragouiner, bredouiller qqc." : Il est encor en resverie : Il resve, il chantë, il fatroulle Tant de langaiges, et barbouille. Il ne vivra pas demye heure. (Path. D., c.1456-1469, 122).

 

Rem. Cf. R. T. Holbrook, Mél. A. Jeanroy, 1928, 185.

 

3.

Part. passé en empl. adj. Fatrouillé. "Qui a l'esprit brouillé, embrouillé" (cf. Éd.) : Ha ! je suis tout enquenouillé, Et de mon bon sens fatrouillé. (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 159).

REM. Sur ce mot cf. L. Sainéan, Langue de Rabelais, 2 , 1923, 99-100, R. T. Holbrook, Mél. A. Jeanroy, 1928, 184-185, N. Dupire, Molinet, 1932, 224, et H. Lewicka, La Dér., 1960, 339, J.-P. Chambon, Dial. de Wallonie, 19-20, 1991-1992, 86-87.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Béatrice Stumpf

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