A. -

[D'une pers.] "Lâche, perfide, traître" : Qu'Amours, qui est de si noble nature Qu'elle scet bien qui aimme sans fausser, Scet bien paier aus amans leur droiture : C'est les loiaus de joie saouler Et d'eaus faire savourer Ses douceurs en habundance ; Et les mauvais par sentence Sont com traïtre failli De sa court bani. (MACH., R. Fort., c.1341, 73). M'aist Dieu, sire, sauf vostre grace, Fault il, se je sers ung seigneur Lasche, failli, qui ne pourchasse D'estre vaillant ne son honneur, Ou se j' ay ung prince si beste Que les bons il ne recognoisse, Qu'a sa folie je m'areste Tant que mon honneur je n'acroisse ? (CHART., D. Her., p.1415, 425). Que direz vous d'un failli escuier, qui par deux foiz a donnee sa foy a une dame... ? (LA SALE, J.S., 1456, 12). Vez, certes, cy ung beau bailly. Semble il bien truant failly ? Contrefait le papelart (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 52).

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Coeur failli. "Coeur méchant, mauvais" : Chascuns dit que c'est celi Qui miex tient la droite voie Pour avoir des biens le tri Que Nature as siens ottroie. Pour quoy dont ne l'ameroie ? Trop aroie Le cuer divers et failli, S'il m'aimme et je ne l'amoie, Et creoie, Quant il l'a bien desservi. Se d'amer me repentoie etc. (MACH., Ch. bal., 1377, 606). Et dit on qu'il a cuer failli : C'est uns coquars, c'est uns meschans (DESCH., M.M., c.1385-1403, 263). Et se je y doy mon temps user, Au moins n'en puis je estre repris De cuer failli ne de mespris Quant envers vous fais ceste queste (CHART., B. Dame, 1424, 348). Mais cuer failli, lascheté, varïance, Quantqu'ilz ont fait gastent en peu d'espace : Ennuy les ronpt (CHART., B. Nobles, c.1424, 408). ...failli cuer que vous estes, d'ou sont venues les grans vaillances, les grans emprises et les chevalereux faiz de Lancelot, de Gauvain, de Tristan, de Guron le courtois, et des autres preux de la Table Ronde ? (LA SALE, J.S., 1456, 9).

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Empl. subst. : Bons dix, quant ilz sunt bons et de bonne , gens de bien, d'onneur et de grant sapiënce, Pour ouïr et conter, y maitent leur entente ; Mais faillis et jaloux sy n'y veulent entendre. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 36).

B. -

[D'une chose] "Précaire, éphémère, illusoire" : Qui trop doncques habandonne son vouloir, met son plaisir et occupe son temps es failliz et caduques biens temporelz cy devant declairiez se pert piteusement (RENÉ D'ANJOU, Mortif. Vaine Plais. R., 1455, 24).

V. aussi faillir