A. -

[D'un aliment, d'un médicament] "Qui n'a pas de goût, insipide" : Nez reconforte les malades, A qui les viandes sont fades (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 92). A sa femme pris conseil a, Et celle bien le conseilla, Car lui dist que ainsi feist, En tel remede y meist Com fait le medecin savant Que, quant ne va appercevant La garison de son malade Par medecine amere ou fade, Ou tel com lui cuidoit propice, Lui donner d'une autre malice Il s'avise, et tout au contraire Lui donne (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 241). Quiconques homme vouldra prendre Ces trocisques pour soy défendre, En reçoive courtoisement Une dragme tant seulement, à la foiz o vin de grenades Acétouses et nompas fades (LA HAYE, P. peste, 1426, 146).

-

[De la bouche] : Et lors si durement enferme de corps et de pensee, fus renversé sur ycelle et tres ennuyeuse couche, ou j' ay depuis plusieurs jours demouré a fade bouche, et fally a appetit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 5).

B. -

P. anal.

1.

[D'une chose] "Qui est mou" : Fades, c'est à dire vaines et moles. (LA HAYE, P. peste, 1426, 202).

2.

[D'une couleur, du teint (surtout d'un malade)...] "Qui est sans éclat, pâle" : ...et ceulx qui ne s'entretiennent et sont esparpilliez et de fade ou moicte couleur, sont de vielle prise. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 242). Nota que la bonne reglisse est la plus nouvelle et est en la taille de vive couleur vergaye, et la vieille est de plus fade et morte et sesche. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 263). Si en y a de mahaignez De leurs membres et affollez, Et de leur sens tous affollez, De tieulx y a et de malades, A grant foison, a couleur fades (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). La est le lieu ou Amours le gentis Tient son escole a tous ses apprentis Sains et malades, Dont les plusieurs portent leurs couleurs fades. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 167). Adonc je cheu aux piez d'Amours malade, Et semblay mort, tant euz la coleur fade (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 9). ...Foible et malade Vint au dur jour a couleur fade, Aprés que ot fait mainte balade Au lict (CHART., L. Dames, 1416, 240). Le flegmatique (...) est moult obliuieux, paresseux et sommilleux, de char mole et fluxible, de couleur fade et blanchastre, le cuer orguilleux et enfle, plain de crachemens et de humeurs habondant (CIB., p.1451, 219). Item, pour ces veilles flestries Qui ont la coulleur sale et fade, Vecy, en escript, drogueries Pour leur faire le visaige sade. (Dorib., p.1480, 250).

3.

[D'une pers., de son apparence...] "Faible, sans vigueur, affaibli (par la maladie, par la douleur...)" : Confortez moy, trop sui malade : Le corps m'est si pesant et fade Que plus ne peut. (Mir. st J. Cris., c.1344, 303). Or arrestons ci un petit Pour penre amoureus appetit En un po de comparison Qui porroit faire garison A aucun qui seroit malades Par desespoir, vains, vois et fades. Prenons c'uns amans est espris D'amer une dame de pris, Et elle aussi de vray cuer l'aimme.... (MACH., D. Aler., a.1349, 327). ...je me muir tant sui malade : J'ay le cuer si vain et si fade Qu'avis m'est de touz poins me fault (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 36). Certes, mon fait est mal proppice, Je suis veillart, fable et fade, Doloreux et toujours malade. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 25). LE DRAPPIER. Hé ! deablë, il n'a pas visaige Ainsi potatif ne si fade ! Ne vous laissé je pas malade Orains dedens vostre maison ? (Path. D., c.1456-1469, 186). Ce villain est de douleur fade, Tant est, se croy, nice et fetard ; Et si fait tant du papelart Qu'i ne veult cheminer du pié S'il n'est hasté et bien torché Tousjours a chascun pas qu'il marche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 713). Trois sepmaynes, sans reposer, Ma fille les fievres a heu Et au lit depuis lors a geu, Maigre, deffaicte, macte et fade, Sans jamais partir dudict lieu Tant estoit de son corps malade. (LA VIGNE, S.M., 1496, 469). ...gettez ces pourpointz vers, Ostez ces plumes, ces jaquètes coquardes, Frisques gambades, car, en lieu d'avangardes, Fault que, maulsades, servez d'arrières gardes, Tristes et fades, de piteux noir couvers, Pis que convers, sans estre descouvers Ne recouvers (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 396). ...Triste, afflictée d'enorme passion Pour esmouvoir cueurs à compassion, Sade, fade et fantasmade macte, Matriculée de liqueur lacrismacte, Ainsi que celle qui ne peult esmouvoir Ses membres las (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 401).

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Faire chere fade. "Avoir l'air malade" : J'ay pensé bon appointtement : Il escouvient que je me couche, Comme malade, sur ma couche, Et, quant il viendra, vous direz : "Ha ! parlez bas !" et gemirez En faisant une chere fade. "Las !" ferez vous, "il est malade Passé deux moys ou six sepmaines." (Path. D., c.1456-1469, 90).

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Faire chere fade à qqn. "Faire grise mine à qqn" : ...jamais ne vy ambassade A qui on fist chiere tant fade Qu'on a fait a voz chevaliers. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 37).

C. -

Au fig.

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"Irritant, déplaisant" : Ce villain [Jésus] si est douleur fade : Il ne vueult cheminer du pié S'il n'est hutiné et torchié Tousjours a chascun pas qu'il marche (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 256).

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"Insignifiant, inepte" : ...est ce a bon essiant (...), que sy fade responce m'avez faicte... ? (LA SALE, J.S. E., 1456, 404).