I. -

Empl. intrans.

A. -

"Mourir, rendre l'âme, expirer" : ...la vierge, quant le vit expirer, Dist plourant a voiz haultaine (Mir. st J. Paulu, c.1372, 148). ...l'an mil IIIIc quatre vingts et deux, le jeudi... jour de may, environ l'eure de IIII à V heures de..., très noble, puissante, saincte et des bonnes vivans l'exemplaire, c'est assavoir ma très redoubtée dame madame Jehanne de France, femme et espouse de mons. Jehan, duc de Bourbonnois et d'Auvergne, expira et rendit l'ame à Dieu en son chasteau de Molins en Bourbonnois, par le moien d'une forte fievre si merveilleuse que l'art de medicine n'y peut pourveoir, et fut son corps inhumé en l'eglise de Nostre-Dame dudit Molins. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 112). Et quant cela fut fait, l'empereur vint a son oratoyre, qui avoit heu victoyre de ses ennemys, et trouva tous ceulx qu'il avoit enclos leans mors et expirés. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 193). Mais l'empereur Charles, auquel il touscha mieulx au cuer que a nul des aultres, se davancza d'y aller et trouva Roland expiré, les mains en croix sur son visaige, tout estendus (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 211). De tristesse le cuer me casse, Car de vous suis tant amoreuse Que, quant vostre cher precïeuse Voy souffrir ung si grant martire, La passion m'est si trespeneuse Que d'eure en heure, las, j'espire. (Pass. Auv., 1477, 220). ...et de la très grefve mortalité, qui fut quasi universelle par tout le monde et si fervente que plusieurs s'enterroient avecques les mors qui n'estoient encore expirez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 v°). Entre six et sept heures du soir, il expira et paya le debit de nature, comme roy estant très craint et redoubté. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 397).

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[P. méton. du sujet (de l'oeuvre d'une pers. décédée)] : Par ceste Mort tout bel escript expire, Plus n'y congnois personne si experte (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 171).

B. -

Au fig. "Prendre fin, arriver à son terme, échoir, expirer" : ...on laissa les quinze jours espirer, et ne furent point secourut ne conforté. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 109). Sitos que li mois fu passés et espirés, li signeur englès qui là estoient, requisent au dit chevalier que il leur tenist couvent, et de ce avoit il livret bons plèges. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 162). En ce dangier furent il tant que li jours Saint Mikiel espira, et que li rois vei et cogneut bien que il ne poroit tenir sa journée devant Touwars. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 95). ...se une dame ou damoiselle noble prent un non noble homme, et pluseurs fiefs ou 1 fief est tenu de lui, cellui qui en est en foy n'entrera point en foy du mari non noble, mais est la foy expirée qui lui fu faite avant qu'elle preneist le non noble. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 199). ...lesquelz lui avoient commandé et ordonné que tous telz gens qui se advoueroient et porteroyent pour clers, auquelz temps et terme avoit esté prefix d'enseigner de leurs tiltres de tonsure, et qui ne saroient lire ou cognoistre lettre aucunne, et lequel terme seroit expiré, que pour savoir la verité de leurs bouches (...) ilz feussent mis à question (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 247). ...icellui prisonnier fu lors bany de la ville et viconté de Paris jusques à dix ans prouchainement lors après ensuivans, et qu'il est homme de très-petite et foible renommée, et que ledit temps et banissement n'est aucunement expiré, mais dedens icelli, sanz grace du roy, est entrez en la ville de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 142). Quant les dierainnes quaraintaines furent expiréez, cascons soy retrahyt sor sa fortrece, là ilh devoit estre en warnihon (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 15). Des habitans de la ville de Gand, lesquelz depuis le jour de la Nostre Dame mi aoust l'an mil quatre cens et unze que l'ottroy qu'ilz avoient de feu monseigneur, que Dieu pardoint, pour faire courre assiz en ladicte ville expira, ont par le sceu et consentement de Godefroy Le Sauvage, lors receveur general de Flandres, fait courre, lever et cueillir assiz en icelle ville jusques au rappel de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 418). ...comme par le trespas de feu mon tres cher seigneur et pere, que Dieu absoille, tous ses offices, tant en maniere de receptes que autres, feussent et ayent esté expirez (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 617). ...et quant la commission estoit expiree il [le roi] estoit prés de la renouveller et y vacquer (JUV. URS., T. crest., c.1446, 126). ...trois ans sont ja passez et expirez que tousjours ainsi m'avez dit, mais vous n'en avez rien fait (C.N.N., c.1456-1467, 458). ...la premiere année, avant qu'elle fut expirée, print desplaisance de demourer a l'ostel en oysiveté (C.N.N., c.1456-1467, 558). Ou moys de may ensuyvant, nonobstant que ladicte treve ne feust expirée ne faillie, les manans et habitans de la ville de Cambray mirent et bouterent les Picars, Flamens et aultres ennemys du roy tenans le party dudit duc en Auteriche dedens ladicte ville de Cambray et d'icelle en dechasserent et myrent dehors les gens de guerre qui estoient dedens le chasteau de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 85). ...pour ce que, comme savez, la treve, qui a esté prinse à Compiegne entre mes gens et ceulx du duc de Bourgoigne, expirera le XV^e jour de ce present moys de juing, j'ay deliberé faire retirer tous mes cappitaines (...) pour marcher le lendemain que la treve sera faillie. (Lettres Louis XI, V., t.5, 1474, 271). ...pour les [les Anglais] grever et leur porter dommaige de tout nostre povoir (...) nous avons deliberé d'envoyer incontinent ces treves expirées et passées grosse armée sur la mer. (Lettres Louis XI, V., t.5, 1475, 337).

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 1774 (T-L III, 1538).

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Empl. pronom. : Mais riens n'y fut entreprins, ny ne survint audit pas aultre chose pour icelluy mois, ne jusques au mois de septembre que l'an de l'emprinse s'expiroit (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 173).

II. -

Empl. trans. Expirer qqn de qqc. "Mettre fin à qqc. touchant qqn, priver qqn de qqc." : L'un des nepveuz du cardinal de Genes Et l'un des filz de messire Frigource, De leurs façons tres beaulx enfans et jeunes, Furent happez et gruppez a la course. Domp Frederic, chief de telle rencontre, Fut de povoir et puissance expiré ; Raison pourquoy, car en sa malle rencontre Ce fait avoit lourdement conspiré. D'avoir deffait les gens qu'il assembla, Ou fut la fleur de toutes les Ytalles, Toute la mer jusqu'a Napples trembla, Et grant partie des villes capitalles. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

Rem. V. aussi espirer3.