A. - | "Détruire, anéantir, ruiner qqn ou qqc. (au propre ou au fig.)" : Par moy fu pres tout essilhie Roy Dauid et le feme Urie ([Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 218]). Car j'estoie devant desconsilliez, Povres, perdus, despris, et essilliez, Sans nul ressort, Quant je failloie a son trés dous confort. ([MACH., J. R. Beh., c.1340, 80]). Vez que li las a perdu tout secours, Ne ses cuers n'a refuge, ne recours, Fors a la mort qui a li vient le cours. Car travillier Le volez trop, et dou tout essillier. Or a trouvé, s'il vous plaist, consillier Bon et loial ; laissiez le consillier ; Si ferez bien. Car il est pris en si estroit lïen Qu'il n'i scet tour d'eschaper, ne engien. ([MACH., J. R. Beh., c.1340, 129]). Et pour ce vous vueil je rouver,Dame, que vous me consilliez, Ou perdus suis et essilliez, Qu'en monde riens tant ne desir Com vëoir ma dame a loisir ([MACH., R. Fort., c.1341, 115]). Com li signeur leur subgiez pillent, Roubent, raembent et essillent Et mettent a destruction Sans pitié ne compation, Si que grans meschiés, ce me samble, Est de vice et pooir ensamble. ([MACH., J. R. Nav., 1349, 139]). Quant cil d'Athennes eurent mort Androgeüs, si grant remort En ot Minos, li rois de Crete, Que par voie sage et discrete, Par force d'armes et de guerre Fist essillier toute leur terre ; Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme... ([MACH., J. R. Nav., 1349, 230]). Ly qui vous devoit conseillier, Faisoit vostre vie essillier A tort ([Mir. mère pape, c.1355, 380]). Jà seroient chus orghieus abatus par envie, La cité de Buillon et arse et excellie ([God. Bouillon R., t.2, c.1356, 44]). ...ly roys Maladras, (...) Est en le tour maudite, où il s'est renforciés, Et atent le secours ; mal est apparelliés, Sekeure le nous faut, qu'il ne soit exselliés. ([God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 217]). Si vous suppli en charité Pour Dieu que vous me conseilliez, Ou d'ame et de corps essilliez Suis a touzjours. ([Mir. parr., 1356, 42]). Et s'il avenist que pris fusses, Certes, jamais joie n'eüsses, Car tu fusses si fort pilliez, Si destruis et si essilliez, Qu'on te demandast dis fois plus Que n'eüsses, et au seurplus De ton tans perdisses la rose, Qui ne m'est pas petite chose, Eins me samble la riens, sans feindre, Que tu deüsses plus fort pleindre... ([MACH., C. ami, 1357, 100]). L'endemain, le noble roy se parti de d'emprez Ardre et s'en ala ardant et exillant le pays ([LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 213]). ...là il trouverrent foison de gens assemblez qui gastoient et exilloient tout le pays ([LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1360, 308]). Mais trop me plaing de l'Archeprestre Et des Bretons qui font le mestre, Si que li pays est pilliés, Tous gastés et tous essilliés. ([MACH., Voir, 1364, 486]). Car li corps iert tost excilliez, En feu bruiz et greilliez ([Mir. femme, 1368, 212]). Et sans doute il se travilloit, N'à riens plus ses cuers ne veilloit, N'à riens ne voloit travillier Fors qu'à Sarrasins essillier. ([MACH., P. Alex., p.1369, 97]). Là vuet il le temps differer Pour veoir que ce devenra Et se son Tricoplier venra ; Et s'il ne revient, c'est s'entente De passer la mer, sans attente, Et d'aler devant Alixandre, Car bien la cuide avoir et prendre, Et tenir, ou toute essillier, S'on ne li rent son Tricoplier. ([MACH., P. Alex., p.1369, 202]). Ainsi ne fina toute jour D'occire, et sa gent de pillier Pour toute la ville essillier. Et quant elle fu bien pillie, Bien destruite et bien essillie, Li roys le feu dedens bouta, Car bien vit, et pas ne doubta, Qu'il ne la peüssent tenir, Et veoit le vespre venir. ([MACH., P. Alex., p.1369, 209]). Depuis qu'ay esté chevalier, Des abbaies essillier Et desrober m'ai moult pené ([Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39]). Quant celle grosse ville, qui Garlande estoit appellée, fu ensi gaegnie et robée et essillie, il ne sceurent où aler plus avant pour gaegnier. ([FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 157]). Et quant il estoient entré en une ville, et il le trouvoient raemplie et pourveue largement de tous vivres, et il s'i estoient refresci deux jours ou trois et il s'en partoient, il essilloient le demorant, et effondroient les tonniaus plains de vin, et ardoient bleds et avainnes. ([FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 3]). ...se Dieux proprement n'y eust ouvré, le royaulme d'Angleterre eust esté perdus et destruit et esilliez de luy-meismes sans recouvrier. ([FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 26]). ...ilz treuvent et trouveront le pays tout gasté et esseilliet, et plus yront et mains de pourveances trouveront. ([FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 91]). ...chil seigneur envoioient as bourgois de la ville, en yaus remonstrant que il se faisoient trop guerrier et essillier leurs biens sans raison et abatre ou plat païs leur maison. ([FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 80]). De moy ferés toute joie eslongier, Si qu'en mon cuer toute dolour sera, S'entroublier me volez et laissier. De moy ferés toute joie eslongier Pour autre amer, car mon corps essillier Ne porrés miex, dame, quant ce venra. ([MACH., L. dames, 1377, 143]). Courir nous convient sur aux hommes De ce pais et les pillier, Femmes et enfans essillier ([Mir. Clov., c.1381, 262]). La commença la bataille fort. Et le roy Uriien se peine moult de exillier ses ennemis. Et y fait tant d'armes que il n'y ot si hardy Sarrasin qui l'ose attendre, mais le fuient comme l'aloe l'esprevier. ([ARRAS, c.1392-1393, 137]). Non contretant, se j'eusse sceu ceste nouvelle, sachiez que, tout sans cella, je feusse alez combatre le jayant pour aumosne et pour pitié du peuple qu'il destruit, et aussi pour honneur acquerre. Sachiez que je m'en yray avec vous, et, avec l'aide de Dieu, j'essilleray le jayant. ([ARRAS, c.1392-1393, 249]). Ensi ala de l'abeie de Marchiennes. Elle fu toute arse et essillie, dont ce fu damages ([FROISS., Chron. D., p.1400, 439]). ...or commence la guerre, Dont puis fu gaste mainte terre, Maint vaillant mort et exillé Et maint bon paÿs besillé. ([CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 201]). Item, en ce temps fut ordonné de par nostre Saint-Père le pape une croisière sur les Pragois, de laquelle furent conducteurs l'arcevesque de Coulongne, l'évesque de Liège, l'arcevesque de Trèves, l'évesque de Maience, le conte Loys du Rin et plusieurs autres grans seigneurs de la haulte Alemaigne et des marches d'environ. Si entrèrent ou pays desdiz Pragois qui fut par eulx moult exillié, et prindrent ung fort chastel nommé Nansone et la forte ville de Caldes, avec aucunes autres. ([MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 408]). Dont Saturnus avecques Mars, Pour leurs faulx et mauvaiz regars Furent tous deux d'une partie Pour exillier humaine vie ([LA HAYE, P. peste, 1426, 34]). O Paris tresmal conseillié ! Folz habitans sans confiance ! [Aymes]-tu mieulz estre essillié Qu'à ton prince faire accordance ? ([CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 38]). Lequel Hardi, fol et enragé et non aiant Dieu devant les yeulx, et non voulant congnoistre que, se ladicte execucion eust esté acomplie, où Dieu a bien pourveu, tout le bon et très noble royaume de France estoit du tout perdu, destruit et exillé, s'en parti et tira tout droit où le roy estoit. ([ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 303]). Nous voulons avoir vostre avis Pour encontre eulx remedyer, Aussi pour garder le pays Qu'i veullent venir exciller. ([Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 145]). James d'eulx vous n'oirez parler Pour venir devant vostre ville, Ne pour vous voloir exciller, Ne pour faire autre chose vile. ([Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 499]). Pour quoy vouloyez tu essieiller Tous mez biens (...) ? ([Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 255]). MARS. Qui fait piller eveschez, abbayes, Bruller villes et exiller pays, Forcer femmes comme souvent [le] vois, Fors seullement le peché des mauvais ? ([Cene dieux, c.1492, 119]). |