C.N.R.S.
 
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     ÉTOURDIR     
FEW XIII-2 428a turdus
ESTOURDIR, verbe
[T-L : estordir ; GD : estourdi1/estourdi2 ; GDC : estordir ; AND : esturdir ; DÉCT : estordir ; FEW XIII-2, 428a : turdus ; TLF : VIII, 271a : étourdir]

I. -

Empl. trans. "Ébranler qqn (physiquement), lui faire subir une violente commotion (par des coups, des violences, du tapage...)" : Li roys si n'est point mors, mes il est estourdis (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 512). Et quant Remondin, qui bien savoit le contraire, l'ouy, si fu moult doulens, et lui debaty tant les temples du poing atout le gantelet, qu'il fu si estourdiz qu'il ne veoit, ne ouoit, ne entendoit, ne se sentoit chose que on lui feist. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Une pestilence sourdy Ou pays, qui si estourdy Gent et conquist de maladie Qu'adont n'y a celluy, qui dye Qu'il hait voulenté de combatre, Tant les faisoit le mal rabatre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 28). ...et aussi férirent ung advocat de ladicte ville, en la teste, (...) monté sur ung très bon cheval, qui avoit nom maistre Phelippe de Coux. Lequel fut du coup si estourdi qu'il féry son cheval des esperons, et par grant desroy ledit cheval se porta parmy une grosse cheyne de fer tendue au travers d'une rue (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 50). Je suis tant mate et estourdie Par leur fait [de Crainte et Honte] que, quoy que nul die, Ma douleur va de mal en pis. (Narcissus, p.1426, 282). ...je croy que qui en pourroit ferir ... son aise, il estourdiroit ung homme en une salade. (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 221). Tous [deux] furent de ce coup sy estourdyz que les yeulx eurent [si] troublés que d'une grant piece ne sceurent de quel cousté ilz sont tournez (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 48). Fyrebras, tout estourdis et remplys d'une grant ire pour le coup qu'il avoit receu, a son espee nommee Plourance vint courir sus a Olivier et luy donna sur son heaulme forretez sy asprement qu'il luy fist tourner la teste (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 49). ...et fit ployer le chevalier jusques sur la croupe de son destrier, si estourdi du grand coup qu'il avoit reçu que si tost on n'y fust accouru pour le soutenir, il fust tombé sur le sablon (Faits Lalaing K., c.1470, 59).

 

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Estourdir la tête, les oreilles... à qqn : Espoir, confort des malheureux, Tu m'estourdis trop les oreilles De tes promesses non pareilles, Dont trompes les cueurs doloreux (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 460).

 

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La tête estourdit à qqn. "Qqn est pris d'étourdissement" : Dont print son espee sanz plus dire et fery Aigres de si grant vertu que tout le chief lui estourdi, ne il ne sçot en quel point il fut. (Bérinus, II, c.1350-1370, 143).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Frappé d'une sorte d'engourdissement, d'étourdissement, qui a perdu ses esprits" : Atant Romaine s'en parti et vint au chevalier tout souef, sans lui noise faire, mais il estoit un pou estourdi pour le travail qu'il ot eü. (Bérinus, II, c.1350-1370, 10). Adont s'en vint a son mary qui estoit tout senglant et estourdi, pour la jouee qu'il reçut (Bérinus, II, c.1350-1370, 92). Toutevoie je me levai Et mon vis et mes mains lavai, Car j'estoie tous estourdis, Tous pesans et tous alourdis. (MACH., Voir, 1364, 230). Les vi, n'estourdis ne testus, Ains, par semblans, coys et rassis. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 45). Mesmes Entendement, ce jeune et advisé bachelier qui m'avoit suy une foiz de loing, l'autre de pres, selon ce que Dieu m'en donna l'acointance, abreva elle de si estranges et merveilleux bruvages confis en forcenerie et en descongnoissance, que le bon et sage, qui a ce besoing m'avoit conduit jusquez au lit, demoura de coste moy estourdi, estonné, et comme en litargie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 4). Et les trois compaignons, qui reposé n'avoient passé a trois jours, si s'endormirent tant et si longuement que point ne s'esveillerent jucques a ce que le vent se renforça si fort que (...) du (...) branlement du vaisseau s'esveillerent les trois vassaulx tous estourdis et pres que malades. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 103). Et entre les autres ledit Jacques de Lalaing atteignit ledit messire Jehan de Boniface en la joue de son heaume si grand coup qu'il demeura grand temps tout estourdi, et ne savoit où il estoit (Faits Lalaing K., c.1470, 85).

 

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[Avec une allusion à la grive (lat. turdus, l'étymon du mot), la grive ivre de raisin] : Nostre yvroigne, plus estourdy que une grive partant d'une vigne, commença, s'il vous plaist, sa devote confession (C.N.N., c.1456-1467, 61).

 

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[D'une pers. à qui l'on a fait prendre un somnifère] "Abruti, assommé" : Diex ! conme il sera estourdy Demain, ce croy ! (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 43).

 

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Estourdi de + inf. : SAINCT MARTIN. Jhesucrist, qui bien recompense A la fin tout, en paradis Aura de mon don souvenance ; Et pour ce, cessez en voz ditz. LE DUC. Plus que luy sommes estourdis D'ainsi souvant nous desbaucher. LE MARQUIS. Je m'en raille. (LA VIGNE, S.M., 1496, 200).

 

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD III, 630b.

B. -

Coup estourdi. "Coup violent, qui ébranle"

 

Rem. Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 6537 (GD III, 630b).

III. -

Part. passé en empl. subst. "Étourdissement, choc qui le provoque" : Nous irons de bon estordi Prandre de tors et de travers, Puis que luy baille ung revers Sur la joue s'il en quaquette. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 189). Mais venir de bon estordis, Prandre devant, prandre darriere, Frapper : ce n'est pas la maniere ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 209).

 

Rem. GD III, 630b (estourdi2).

 

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À l'estourdi(e). "Jusqu'à l'étourdissment, inconsidérément" : ...ne doit mie ferir à l'estourdi mais amesureement, affin que plus longuement puist souffrir le travail. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 223). Et quant l'odeur l'ala poignant Au cuer, elle ala empoignant Le raym qui tant estoit poignant, Et se sourdi Ainsi comme un homme assourdi De pasmoisons, a l'estourdi (CHART., L. Dames, 1416, 254). Item, est il homme qui dye Qu'il vaille mieulx a l'estourdye Frapper ens sans nulle cremeur Qu'avoir volenté mains hardie Et estre plus froit et plus meur ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.3, 1440-1442, 123). Par trois dimenches Je m'y fourray a l'estourdy, Je m'en alloye riant aux anges, Quant j'avoye bien esté fourby (B. veoir, p.1480, 20). SATHAN. Allons m'en tous a l'estourdy, Faire plus fort que feu d'Enfer ! (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.1567).

V. aussi estourdi
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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