C.N.R.S.
 
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     ÉTEUF     
FEW XVII *stôt
ESTEUF, subst. masc.
[T-L : estuef ; GD : esteur ; GDC : esteuf ; FEW XVII, 249a : *stôt ; TLF : VIII, 241a : éteuf/esteuf]

JEUX "Balle du jeu de paume" : Un estuef me faut pour jouer Et une crocë a souler (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 370). Mais ce seroit Moult grant maistrie au garder qui l'aroit. Car en un lieu son cuer n'arresteroit Nès que feroit un estuef [var. estuet] seur un toit. Et vostre amour, Qui tant avoit de pris et de valour, Ne pouez mais recouvrer par nul tour, Dont vous avez veinne et pale colour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 93). Et chevauçoient si serré que on ne peuist jetter un estuef que il ne cheist sus pointe de glave, tant les portoient il proprement roides et contremont. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 153). ...et pour ce sont de telle figure les pierres d'engin et les pelotes ou esteufs dont les enfans se esbatent. (ORESME, C.M., c.1377, 492). Jehan le Noble, mercier, lequel a baillé au Roy par pluseurs foiz esteufs à jouer à la paume, pour don fait à lui par ledit seigneur (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 115). ...Perrin Darien (...) prisonnier detenu oudit Chastellet pour souspeçon d'avoir mal prins et emblé en l'eglise mons. Saint-Eustace à Paris une chauffrete ou lavoir à mains (...) et aussi de certaine cire blanche, comme de cire concueillie, contenant le gros d'un esteuf ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 463). Et ce peut on assez veoir par les bons que un esteuf fait quant il est gecté sur aucun pavement ferme et solide. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 705). Pour 2 chappeaulx de festuz, 5 solz tournois, Pour deux esteufs à jouer à la paume, 10 deniers tournois (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419-1420, 197). Sont ce coups d'esteufs ou de billes Que ferez, tesmoing voz voisins ? (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 334). Et après ces parolles et choses dessus dictes, ledit suppliant et ses parties parachevèrent leur jeu, et puis alèrent boire chieux ung nommé Jehan Sermigneau, dudit lieu de Lacloistre, et rendirent les estues qu'ilz avoient empruntez (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 211). De Jehan Beaumepris, compagnon Guillaume Guerin, de Rouen, pour etufs 10 s. (Comptes Paris M., t.2, 1457-1458, 64). Je congnois approucher ma seuf, Je crache blanc comme coton Jacoppins groz comme ung estuef. Qu'esse a dire ? Que Jehanneton Plus ne me tient pour valleton, Mais pour ung viel usé rocquart : De viel porte voix et le ton, Et ne suis q'un jeune cocquart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 70).

 

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[Dans un cont. métaph.] : ...les ungs veulent estre honnourez de leur science et ceulx cy se debattent ensemble par argumens, cuidens et s'esforcens de oster le nom et la gloire l'ung a l'autre, qui est signifié par l'esteuf d'argent qui premierement vient de sapience. Cest esteuf est la saincte escripture et doctrine de sapience laquelle vient du ciel a terre (Déclar. Hyst. S., a.1449, 190).

 

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Courir après l'esteuf. "S'activer" : Ledit duc de Bourgongne se mist à courir après son esteuf et remettre le siège devant Nancy. (COMM., II, 1489-1491, 135).

REM. Forme esteur : Le herichon (...) est vne petite beste auironnee de toutes pars d'espines ou de picans et sont ses armes pour soy deffendre quant son ennemy lui court sus, et s'enveloppe dedens, tout ront comme vng esteur si que son ennemy ne lui ose touchier. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 473). LE IIIe GALANT, (atoult un esteur blanc a sa main et, a l'aultre main, un esteur noir.) ...Le maistre va jouer son jeu. Je vois aveugler en ce lieu Le Monde. [Prob. en lui bouchant les yeux avec les deux balles] (Troys Gal. P., c.1445, 28). LE IIIe GALANT. Quel est cet esteur ? LE MONDE. Il est blanc. LE PREMIER GALANT. Il est noir. Chausés vos lunettes ! LE MONDE. C'est bien dict, mymin a sonnettes ; Et fust il de sire, il est jaune. (Troys Gal. P., c.1445, 29).Gloss., Paris B. N. lat. 7679, c.1400-1500 (pilliludum : du jeu d'esteur ou de pelote) ds GDC IX, 561b, s.v. esteuf et doc. 1454 (Conches, [des rentes] tant en deniers, grains, oyseaulx, gans, espisses, esteurs et chappeaulx de roses a plusieurs termes) ds GD III, 611c. GD VIII, 359 a (Errata) signale l'identité entre esteur et esteuf. FEW XVII, 241a. Même mot ds l'ex. suiv. (?) : ...buffetiers, potiers de terre, natiers et faiseurs d'esteufs (Mét. corp. Paris L., t.1, 1467, 54).Ou esteu "sorte de vase servant pour les liquides" (T-L III, 392 ; GD III, 611a ; FEW XVII, 223b : *staup) ? Mais l'ex. relevé par GD est un hapax.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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