C.N.R.S.
 
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     ESMERER     
FEW III exmerare
ESMERER, verbe
[T-L : esmerer ; GD : esmerer ; AND : esmerer ; DÉCT : esmerer ; FEW III, 300a : exmerare]

I. -

Empl. trans. "Rendre pur, éclatant" : Li premiers apportoit une couppe en sa main, riche et esmeree de fin or et faite de soubtil ouvrage, telle que je ne le vous savroie deviser, et estoit couverte d'un vert poile. (Bérinus, I, c.1350-1370, 104).

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Pur, fin, éclatant" : Vierge digne (...) Gemme esmerée, vray rubis... (Mir. enf. diable, c.1339, 30). Sa vesteure toute doree Estoit, luisant et esmeree, Toute semee estoit d'affiches Moult precieuses et moult riches (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 104).

 

-

[D'un liquide] "Pur" : ...Char et poissons, vin esmerez Hont en yvers et en estelz [Les moines blancs] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 57). Dedens la fontaine avisa, qui estoit clere et esmerée La tieste d'or fin couronnée (JEAN DE LE MOTE, Regr. Guill. S., 1339, 66).

 

-

Or esmeré. "Or pur" : ...Une couronne ou chef de fin or esmeré (Tristan Nant. S., c.1350, 233). ...un arbre qui est de fin or esmeré (Bérinus, I, c.1350-1370, 68). ...et puis dont .I. anel de fin or esmeré Li a moult doucement dedens son doit bouté (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 38). Et toutes ces .IIJ. manieres de proferer e aucunefois se monstrent en un mot seulement, si comme se on disoit, "Le ciel est bien estellé," "C'est fin or esmeré" et plusieurs autres semblables mos. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 76). La ot de fin or esmeré Un ymage de leur grant dieu Jupiter (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 41). Or en alons sans plux retraire. Quant a moy je ly offreré Plainté de fin or esmeré (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 83).

B. -

Au fig. "Pur, délicat" : La vertu de droit est troblee. Clere seult estre et esmaree, Mais les plus granz l'ont fuerlignie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 75). Mais esplourée Fu moult forment sa face coulourée ; Et nompourquant de coulour esmerée Et de fine douçour estoit parée. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). Si vueil user mon vivant, En servant Vo biauté fine esmerée, Et faire vo dous comant. (MACH., L. dames, 1377, 98).

 

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Joie esmeree. "Joie pure, sans mélange" : Com plus fort point, et plus agrée. C'est fins deduis, joie esmerée, Qui vient d'une douceur parfaite Qui tous en deduit les affaite, Jusques a tant qu'une chaleur, Qui naist d'une amoureuse ardeur, De ceste pointure s'engendre Es cuers qui aimment sans mesprendre. (MACH., D. verg., a.1340, 31).

 

-

[De la douceur de la dame] : ...quant je pense bien a vostre pure, fine et esmeree douceur, qui est dedens mon cuer enfermee comme tresor en coffre et enclavee comme pierre en or, il m'est souvent advis que je soie aveuc vous aussi doucement que je fui onques. (MACH., Voir, 1364, 426). Biauté parfaite et bonté souvereinne, Grace sans per et douçour esmerée Me font languir en contrée lonteinne En desirant ma dame desirée. (MACH., L. dames, 1377, 132). Ainsois vo douçour esmerée, Dame honnourée, Tant desirée, D'onneur parée, Qui mon corps teint et mon cuer art, Deüst ma joie avoir doublée. (MACH., Les lays, 1377, 286).

 

-

[D'une pers.] "Qui possède toutes les qualités les plus rares" : Depuis que roy est coronnez, Purs doit estre et esmarez Plus que n'est le ciel cristallin. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 76). Signeur, chelle puchielle sage et bien doctrinee Fu Flourenche de Ronme par son non appiellee Et au ber Esmeré fu la dame espouzee, Le milleur chevalier qui rengna en l'anee (Flor. Rome W., c.1330-1400, 132). Mais moult tost me vinrent sus destre Deus dames, les plus esmerees, Plus gentes et mieuls coulourees Que ymage fait de painture. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 46). Car loyal, secrée, De bonne renommée, Sans faus tour, Franche et esmerée, Nette, pure, affinée, La millour De toutes et la flour, Sans mal, sans deshonnour, Estes apellée. (MACH., Ch. bal., 1377, 592).

 

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En partic. [De la Vierge Marie] "Pur" : C'est Marie, la dame esmeree, De toutes vertus aournee. (Propr. choses Rosarius Z.S., c.1330, 50). Et a sa dextre estoit posee La poissans Vierge coronnee, Qui est a ce puissant fruit mere, La est la roÿne esmeree, La douce, la boine euree (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 129). Vassaulx, s'a dit le roy, par la Vierge esmeree, Ceste raison doit estre de tous bons ceurs louee (Tristan Nant. S., c.1350, 556).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin / Pierre Cromer

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