A. -

"Estimation, appréciation, jugement" : Je vous demans sanz plus ce mot : Respondez en selon vostre esme. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 233). ...et en occistrent bien onze mille, tant en la place que en la chasse, selon l'esme des gens d'armes (Chron. Valois L., c.1377-1397, 180). De li ne peut estre autrement, Puis qu'il a receu baptesme Ou nom vostre Dieu, c'est mon esme, Qu'il ne s'en voit a mort le cours (Mir. Clov., c.1381, 252).

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À mon/son... esme. "À mon/son avis" : ...par le gré de ma dame Je pooie, tant qu'a mon esme, Avoir par sa discretion Un peu de recreation De parolles et de regars (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 155). Par quele manière et pour quoy Est devant noté ou Proesme Suffisantement à mon esme, Et lesquelz Maistres, bien méuz, De sens et bonté pourvéuz, Démonstrèrent lors et escrirent, En icellui Traictié qu'ilz firent (LA HAYE, P. peste, 1426, 17).

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Faillir à son esme. "Se tromper dans son appréciation" : De telz tourmens feray son corps Tourmenter (...) Qu'il dira de son Jhesu fi, "Je vueil tenir la loy paienne (...) Ou je fauderay a mon esme." (Mir. st Ign., 1366, 89).

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Mettre qqn à esme(s) de qqc. "Laisser qqc. à l'appréciation de qqn" : Certes bien je vous mech a esmes De tout ce que vous m'orrez dire. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 73).

B. -

P. méton. "Ce qui permet d'apprécier, d'estimer"

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"Faculté d'appréciation, de jugement" : ...Le medecin guerir s'esforce Le malade, et n'a pas la force De se scavoir guerir lui mesmes, Aussi veult ung fol par ses esmes Reprendre des aultres les meurs. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 238).

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Perdre son esme. "Perdre la raison" : ...Tantost après en chemin rencontray Une dame plus layde que boesme Donc, je cuiday perdre sens et esme Quant je me vy de telle dame assailly (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 263). LE MARQUIS. Qu'esse cy ? Dea, je pers quasi mon esme ; Hau, chevalier, sus, chevaulchez a point ! LE DUC. A sa façon brief je ne m'entens point : Que veult fairë ? Il est tousjours derriere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 195).

C. -

P. ext.

1.

"Intention, but" : Et pour ce te vueil commander, Deprier, enjoindre et requerre, Que pais faces de ceste guerre Qu'empris as contre toy meësmes, Car c'est fole emprise et fols esmes [var. aismes]. (MACH., R. Fort., c.1341, 75).

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Faire esme de + inf. "Avoir l'intention de, manifester l'intention, la vélléité de" : Mainte injurieuse reprouche Li dist (...), Et oultre plus du coustel traire Et de l'en ferir fist maint [l. mainte (R. Glutz)] esme (Mir. parr., 1356, 21). Les Lupalois souvent font esme Et samblant de tuer quaresme,Mais uns limachons plains d'aïr Les feroit bien trestous fuïr. (Pastor. B., c.1422-1425, 158).

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Parvenir/venir à son/ses esme(s). "Arriver à ses fins, réaliser ce qu'on souhaite" : Or, pour parvenir a mon esme, Amoureux fu de toutes trois. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 341). Il est aujourd'uy samedi Qui est de may le VIIe, Si nous fault penser aujourd'uy, En nom Dieu, venir a nostre aisme. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 463). Dont j'espoir que a nostr'esme Pervendrons et a bonne fin, Ne plus en France n'aront cresme Anglois, mes de bref prandront fin. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 597). Ne vous en challe, Mes que nous venons a nos hesmes ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 276). Puis Jupiter engendré de mes cresmes Se [trouvera] le septiesme du moins, Que je rendray, se je viens a mes esmes, Delibere de tuer proesmes et Boesmes Et de prendre [vengance des humains]. (Cene dieux, c.1492, 107).

2.

"Désir" : JESUCHRIST. Le premier pere, Adam, Fist grandement son dam Quant par aymer son esme, En suyvant ses plaisances, Se despartit de moy. (ALECIS, Dial. crucif. pèler. P.P., 1486, 63).

-

Faillir à son esme. "Etre déçu dans son attente, ne pas réaliser ce qu'on souhaite" : J'ay long temps failly en mes esmes, Mais temps passé point ne retourne. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 120). ...et furent les Englois là depuis le mardi de Penthecoste jusques au lundi après le Sacrement ensuiant mil .CCCLXXVIIJ. qu'i s'en ralerent, et faillirent à leur esme bien et lourdement. (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 149). Combien, s'oÿr veult [mon seigneur, Thibault d'Aucigny] que l'on prie Pour luy, foy que doy mon baptesme, Obstant qu'a chacun ne le crye, Il ne fauldra pas a son esme : Ou psaultier prens, quant suis a mesme, Qui n'est de beuf ne cordouen, Le verselet escript septiesme Du psëaulme Deus laudem. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 26). Le roy Saül par desplaisance Qu'il avoit failli à son esme De s'espée feit la vengeance Et illec se tua luy mesme. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 29). Ayons l'abbé de Sainct Benigne Qui est personne trés benigne, Si ne fauldrons pas a noz esmes (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.7647). J'ay essayé par moyens et tendu A refroider sa grant chaleur extreme, Mais de certain j'ay en vain pretendu Et sur ce point ay failly a mon esme (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 113).

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Prov. Tel cuide venir a ses fins qui faillira bien a son esme : Tel cuide venir a ses fins qui faillira bien a son esme (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 105).