C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     ESDRESSER     
FEW III *directiare
ESDRESSER, verbe
[T-L : esdrecier ; GD : esdrecier ; FEW III, 84a : *directiare]

A. -

"(Se) redresser"

 

1.

Empl. trans. "Redresser, relever" : Pou de soing est a paines a tous envers verité et justice, les pecheurs esdreichent leurs cornes comme de limachons, et tantost qu'ilz estoient en la haultesse des vertus, ilz en estoient deprimez et abatus. (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 12). esdresciés vos faces et contournés vos yeulz a regarder icelle, que Dieux admena en ceste terre par marchans (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 110).

 

2.

Empl. pronom. S'esdresser. "Se redresser" : O fenme esplouree, qui laboures en trop desesperé pleur (...). Esdrece toy et haulce la face (Fille comte Pontieu B., c.1465-1468, 83).

B. -

Au fig. "(Se) diriger, (s') élever vers"

 

1.

Empl. trans. Esdresser qqn en qqc. "Élever qqn en qqc." : Il fut esdrecé par discrecion en science, car aux Juifz, aux publicains et aux chevaliers , il donna propre loy selon la convenableté de chascun. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 552).

 

2.

Esdresser qqc. à/en/sur... "Diriger, élever qqc. vers" : Et une autre tres principal circonstance, c'est la fin a laquelle esdresce son intencion celui qui fait l'operacion (ORESME, E.A., c.1370, 182). Et pour ce que les raiz et les influences de telz corps du ciel sont appliquiéz et esdreciés sus les corps de cibas par le mouvement du ciel et par ce les eschaufent, comme dit est - pour ce dist l'en que le mouvement du ciel est cause de chaleur. (ORESME, C.M., c.1377, 444). Servir, vierge glorieuse, Vous doit on en loyauté De benigne voulenté Et de pensée joieuse Esdrecée en verité (Mir. st Alexis, 1382, 338). Une fois elle regardoit les plaies de son cher et ame [l. amé] fil, l'autre fois elle esdrechoit sa vue vers ses yeulx.. (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 145).

 

-

Esdresser qqc. "Mettre qqc. en oeuvre" : De quoy disoit Homerus le poëte en racontant comme .I. autre enseignoit Hetor pour combatre et li disoit ainsi : "Met vertu et la mesle avecques fureur, et esdresce et met en oeuvre et vertu et fureur." (ORESME, E.A., c.1370, 214).

 

-

Esdresser son coeur/sa pensee en. "Tourner, élever (son coeur, sa pensée) à" : E ! tresdoulx Dieu misericors, En toy amer mon cuer esdresce (Mir. st Guill., c.1347, 40).

 

-

Esdresser qqn/une institution. "Soutenir qqn" : Dieu et droit vers toy mettras. Tel pourchaz Doublera ta hardiesse. L'Eglise et le peuple esdresse, N'entrelaisse Bien a faire ou tu pourras (Cent ball. R., c.1388-1396, 32).

 

3.

Empl. pronom. S'esdresser en/vers. "Se diriger, s'élever vers" : Son cuer tellement s'esdreça En joie et prist si grant delit C'onques puis ne leva du lit (Mir. Berthe, c.1373, 210). Ses piéz descendent a la mort et ses pas s'esdrecent en enfer (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 219). Et que l'en doie estre amiable a ses cogneus il appert par signe ; car le courage se esdrece ou eslieve et se dilate vers ceulz qu'il a acoustumés et vers ses amis plus que a ceulz qu'il ne cognoist, aussi comme se il se reputast estre peu prisié des non cogneus (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 299).

 

-

"Se dresser, s'appliquer" : ...nos adversaires En françois en ont fait grans naires, Et en françois par tout le preschent : Si est mestier qu'aucuns s'esdrestent [l. s'esdrescent] En françois aussi, pour reprendre Lès et nos amis aprendre Pour nous en françois soubstenir, Qui ne sceurent [l. sceuvent ?] latin tenir, Pour ce qu'ilz n'entendent point lettre Qu'en metre latin soulon mectre. Et quant cecy aront apris, En françois d'eulx seront repris Les adversaires prestement. (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 16).

 

-

S'esdresser à + inf. "Viser à" : Mais voise par voie de verité ; si comme il est dessus dit, et ne croie a nul fors de verité, si que il ne se esdrece pas par aucune cause a donner grief a sa mesnie ne a ses gens (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 46).

C. -

Empl. pronom. au fig. S'esdresser (contre qqn). "Se dresser (contre qqn)" : Mes ire est plus souvent operative et oevre plus ou fait que ne fait haine ; car ceulz qui sunt en ire se esdrescent et emprennent plus forciblement, plus imperieusement ou plus asprement. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 240). Premierement, occire les excellens. En puissance et en richeces afin que il ne se esdrecent contre le tirant. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 244). Lucifer se esdrecha contre son createur, Dieuel.z (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 122).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

Fermer la fenêtre