C.N.R.S.
 
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     ESCOURRE1          ESCOURRE2     
FEW III 287a, 289a excutere
ESCOURRE, verbe
[T-L : escorre ; GD : escoudre ; AND : escure1 ; FEW III, 287a, 289a : excutere]

A. -

"Secouer" : Messagiers et garsons d'estables Dressent fourmes, trestiaus et tables. Qui les veïst troter et courre, Herbe aporter, tapis escourre, Braire, crier et ramonner Et l'un a l'autre araisonner, François, breton et alemant, Lombart, anglois, oc et norment Et meint autre divers langage, C'estoit a oïr droite rage. (MACH., R. Fort., c.1341, 144). ...et tantost que vous verrez autre gros air seurvenir, avant qu'il soit venu vers vous, faictes mectre vos robbes a couvert, et escourre pour oster la grosse pouldre, puis nectoier a unes verges seches. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 132). Quant l'aloette choisy la pierre, quy estoit moult clere et luysant, en son bec le prist, sy l'escoust tant que l'anel luy glacha par my la teste et chey autour du col. Alors l'aloe prist son vol par my une petite fenestrelle, dont Euryant fu moult dolante (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 83). Comme ung chien, qui ne fault que escourre la teste au matin quand il se leve qu'il ne soit prest, estoit monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 189). ...et doibt le fourrier battre et escourre le lict, c'est ... sçavoir la coustelle et le coussin où le prince doit gesir (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1474, 18). LE PREMIER SOT, TROTE MENU, commence. Ne suis je pas ceans venu Assez toust pour nappes escourre ? Vous ne scavés qu'est advenu ? Ne suis je pas ceans venu [Assez toust pour nappes escourre] ? (Tr. Men., c.1480-1500, 287).

 

-

Empl. abs. : NYVELET. Ouy, plus de sept, Aussy bien garny que de bourre. MALOSTRU. Ilz ne cherront point pour escourre. NYVELET. Point ne s'en guectent les gallans. SOTIN. Ha ! saincte sang bieu, quelz chalans ! [Ou est-ce escourre1 ?] (Copp. lard., a.1488, 169).

 

-

PEAUSS. "Secouer (les peaux) par des mouvements vifs et répétés (pour les préparer)" : ...pour deniers paiez aux varlez pelletiers qui ont batu et escous les pennes et fourreures dessus contenues en plusieurs chapitres par my ce compte ès parties d'icelluy Robert, et fait les fournitures ès tailleries du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 290). À Jehan Pinchon, varlet peletier et fourreur des robes du Roy nostre sire, pour ses gaiges de 18 d. p. par jour, pour batre, escourre et apecier la peleterie pour fourrer les robes ordinaires et autres garnemens du Roy nostredit seigneur (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 256).

 

-

[Cont. métaph.] : La trouveray ma pel escosse Se je n'ay mieulx (CHAST., Temps rec. D., 1451, 90).

 

-

[Dans un contexte grivois] : Brulés les a bonnes chandelles [les poils du pubis], Brulés de XV en XV jours, Sans faire en ce point tousjours A vo mary la laine escorre, Ou la gardés a faire borre Et la mectés en ung cabas Pour faire remborer le bas Puis que si chier la tenés Et si long temps la retenés. (Barbes brayes A., a.1450, 256).

 

-

Escourre jus (qqn qui est juché sur un arbre). "Secouer (l'arbre) pour faire tomber qqn (qui est juché sur l'arbre)" : Quant l'esprit vey ce, il print a hochier l'arbre comme pour l'escourre jus, et lors fust le chevalier tumbé sur la roche s'il ne se fust tenu a une branche (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 891).

 

Rem. Passage correspondant dans Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 318 (...il print l'arbre a hochier aussi comme pour le scourre [sic] jus [le chevalier qui y est juché]).

B. -

P. ext.

 

1.

Escourre qqc.

 

a)

"Agiter, brandir (une arme, le bras...)" : Le roy de Craquo fu revenu a lui, et tenoit une archigaye a un fer trenchant et large, et voit le roy Fedric qui moult dommage ses gens. Il s'approuche de lui et escout l'archigaye et la laisse aler devers le roy Fedric par telle vertu que il le perce de part en part. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Gerars advisant le serpent, la gorge ouverte pour l'englouttir, prist s'espee par la croisye, sy escoust le bras qu'il avoit fort et roide, et lancha son espee en la gorge du serpent (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 25). Beau personnaige fut l'escuyer, et si tost qu'il tint sa lance, il la commença à manier et escourre, comme s'il ne tint que une fleche d'archier (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 71).

 

b)

"Agiter, jeter" : ...nonobstant que nostre parole s'adrece a entre vous, religieuses, doit estre entendu que semblablement y peuent tendre l'oreille toutes femmes (...) - et aussi, se aucune goute ou miete en puet cheoir sur les hommes, ne la vueillent pas par despris escourre ne gicter la aval (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 166).

 

-

Escourre qqc. de qq. part. "Faire tomber qqc. de qq. part" : Il [Geoffroy] boute l'espee ou feurre, et vint au destrier qui gesoit a terre, et prent la mace d'acier, et vint au jayant, qui vouloit enteser le flayel. Mais Gieffroy le haste et le fiert sur le bras tellement qu'il lui escout le flayel de la main. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

c)

"Renverser, mettre sens dessus dessous" : Et, s'il est nul qui contre moy s'ingere Ou, par inde(h)ue querelle reffrigere, Entreprennent d'escourre noz pailliers, De desriver pastoureau ne bergiere, Prandre berbis, bon homme ne grangiere, Ilz y lairront les filz et les cailliers. (LA VIGNE, S.M., 1496, 155).

 

2.

Escourre qqn. "Battre, frapper qqn" : Sus, dyables, tost, qu'il soit froté Escouez son dors pour la pourre, Nul ne se fainde de l'escourre. Frapez de tors et de travers. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 28). Lesquelz, de première venue, sans enquérir à cuy ils étoient, furent très bien escous et batus. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 385). ...et fus en dangier d'estre bien escous, mais j'avoye encores mon espée et mon bon tarquais (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 149). Mais je vous prie droictement Qui soit bien escoux vivement. (Pasté T., c.1475-1500, 207). Tien sur le cul ! tien sur la cuisse ! Pas ne me faindray, que je puisse. Tien si du long ! tien si du lay ! Appelle ton dieu l'avollay, Affin qu'il te viengne secourre. Tien ! tien ! c'est pour ta peau escourre, Affin que la pouldre n'y prengne. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 224).

 

3.

Empl. pronom. "S'agiter" : Quant Remondin ouy son oncle, si ot grant vergoingne, et sault du courcier a terre, l'espie ou poing, et s'en vint vistement devers le porc, et le fiert en l'escu, de grant ayr. Et le porc s'escout et le getta a genoulx a terre, mais il ressault sus comme preux et vistes, et le cuide renferrer. (ARRAS, c.1392-1393, 18).

C. -

P. anal.

 

1.

"Délivrer qqn de" : Si fist comme femme esbahie Coiement aller son message Au roy de Vaudeis en Cartage, Pour Dieu qu'il la venist secourre Et du malvais tirant escourre. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 108).

 

Rem. Synon. de rescourre. Cf. FEW III, 289a.

 

2.

[D'un vassal] Escourre (de) qqc. à qqn. "Reprendre par la force qqc. qui a été enlevé, en droit, par un seigneur ou son représentant" : Gentil homme qui escoust à son seigneur de que il prent sus luy, pert son meuble. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 239). Homme coustumier fait LX s. d'amende quant il brise la saisine son seigneur ; (...) Ou se il escout à son seigneur ou à son prévost aucune chose, il fait LX s. d'amende. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 347).

V. aussi escouer
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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