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ESPONGE, subst. fém. |
[T-L : esponge ; GDC : esponge ; AND : espunge ; FEW XII, 207a, 209a : spongia ; TLF : VIII, 29b : éponge1] |
A. - | "Éponge (en partic. utilisée en méd.)" : ...et si avoit esponge par desouz au droit du piz et en la senestre jambe avoient il jambierez de fer et leurs hyaumez avoient cretez pour sambler plus grans estre ([BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.3, 73]). Aussi est ce moult seure chose, Sentir souvent eaue de rose Avec vinaigre, sans mençonge Portez en boiste ou en esponge. ([LA HAYE, P. peste, 1426, 82]). Esponge, spongia en latin, est une chose commune de chaulde et sèche nature, et sèche fort et attrait et consume les humeurs. ([LA HAYE, P. peste, 1426, 197]). Se la matiere est colorique si la lachés par une herbe qui s'appelle volubilis et puis metés souvent sur l'oeul une esponge baignee en eaue chaulde ([GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 7]). ...pour menues parties servans a l'office de ladicte espicerie (...), tant en pilles, espoingnes comme eaue de rose ([Comptes argentier Ch. le Téméraire G.L., t.1, 1468, 170]). Item, pour douze estoilles pour servir en ladicte escuierie, a 4 s. piece font 48 s. Item, pour 12 puiques garniz d'espoinges pour servir en icelle escuierie, a 2 s. piece ([Comptes argentier Ch. le Téméraire H.B., t.4, 1471-1475, 142]). |
| - | En partic. [L'éponge avec laquelle les soldats romains mouillèrent les lèvres de Jésus sur la croix.] : Avec la croix estoient les clos et la lance, l'esponge, la canne et la digne cotte de Nostre Seigneur Jhesu Crist ([Voy. Jérus., c.1395, 30]). Et en celui temps il [le roy Saint Louis] achata la Sainte Croix, le Fer de la Lance et l'esponce à quoy on donna à boire à Nostre Seigneur en l'arbre de la Croix ([CAGNY, Chron. M., 1436, 32]). Cecy luy reviendré le poulx. Donne luy l'esponge sucer. ([Pass. Auv., 1477, 222]). |
B. - | P. métaph. au fig. [À partir de l'idée que l'éponge retient l'eau] |
| - | [Comme image d'une personne qui amasse (des biens) et qu'on pressure en lui faisant violence] : Vray est qu'un empereur muoit ses officiers pour en user comme d'une espurge ou esponge ; il leur ostoit tout ce qu'ilz avoient amasse [l. amassé] par les espraindre en prison ou aultrement. ([GERS., Réf. roy. G., 1405, 1175]). |
| - | Sans esponge. "Sans rien qui retient, en grande quantité (?)" : .... L'un fiert devant et l'autre rue Par derrier, li uns l'autre abaye, De la langue chascun s'i playe [à la cour], Venin s'i baille sanz esponge, Bons n'y vient qu'on ne le delaye [À partir de l'utilisation en méd. ? Éd. : "cause, fondement"] ([DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 407]). |
| - | "Ce qui retient qqc., ce qui permet à qqc. de durer (?)" : Princes, mentir est trop grant villenie, Et Veritez est des loyaulx amie ; C'est de douçour et d'amisté l'esponge, Qui fait regner les seigneurs en partie, Et mentir fait des bons la departie [Éd. : "cause, fondement"] ([DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 405]). |
DMF 2020 - Article revu en 2015 |
Robert Martin / Pierre Cromer |
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