C.N.R.S.
 
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     ENTROUÏR     
FEW XXV 853b audire
ENTR'OUÏR, verbe
[T-L : entr'öir ; GD : entroir ; GDC : entr'oir ; DÉCT : entröir ; FEW XXV, 853b : audire]

A. -

"Entendre à demi, percevoir par l'ouïe de façon plus ou moins indistincte" : Et puis entroÿ gens acourir de tous lez (Flor. Rome W., c.1330-1400, 278). N'il n'avoient la instrument, Ne menestrels, fors chansonnettes Deduisans, courtoises et nettes.Quant je les vi, moult m'esjoy, Et plus, quant je les entroï. Lors alai tantost celle part. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). Si qu'einsi fui lonc temps en mue, Si comme un esprevier qu'on mue, Et tant qu'une fois entroy [var. entray oy] - Dont moult forment me resjoy - Cornemuses, trompes, naquaires, Et d'instrumens plus de set paires. (MACH., J. R. Nav., 1349, 153). Lors entroy une murmure, Que chascune d'elles murmure De ce que si fort soustenoie Ce que des dames dit avoie (MACH., J. R. Nav., 1349, 245). Ainsy qu'il estoit en telle pensee, sy entrouy un cheval hennir et esproer, qui gratoit et feroit moult radement et durement des piez. (Bérinus, I, c.1350-1370, 238). ...adont il entrouy une voix, si ne sceut dont elle vint (Bérinus, I, c.1350-1370, 241). Et ainsi qu'ilz estoient au sery et regardoient le temps, ilz entroÿrent un cry d'omme qui moult estoit angoisseux (Bérinus, II, c.1350-1370, 7). En ce moment print grant soif au roy Elinas, et tourna son chemin vers la fontaine. Et quant il approucha de la dicte fontaine, il entrouy une voix qui chantoit si melodieusement que il ne cuida pas pour l'eure que ce ne feust voix angelique, mais toutes foiz il entendy assez, par la grant doulcour de la voix, que c'estoit voix femmenine. (ARRAS, c.1392-1393, 6). Devotes gens, en ceste maniere me sembloyent parler ensemble Raison la saige et l'Ame devote, de la benoite Divinité et de sa haultesse et majesté. Et quant je entreoy la fin de ces paroles, lors parfondement je souspiray et tramblay ; par grant admiracion je, tout espouenté et presques ravy hors de moy mesmes, criay avec l'apostre saint Pol... (GERS., Trin., 1402, 164). Elle n'eut pas finé son dire que son mary entra dedans, qui aucunement ce luy sembloit avoit noise entreoye. [Surprise par le retour de son mari, une femme a prié son amant de se cacher] (C.N.N., c.1456-1467, 243). La dame, qui avoit l'oeil et l'oreille tousjours a son amy, l'entreoyt d'adventure, dont elle eut grand frayeur au cueur, doubtant que son mary ne l'oyst aussi. [Une femme a dû cacher son amant dans le retrait, mais il tousse !] (C.N.N., c.1456-1467, 436).

B. -

"Prêter l'oreille à" : Et s'uns amans dit qu'il vit en tristece Et qu'il languist en paour de sa vie, Quant sa dame est de s'onneur si maistresse Que deshonneur et fole amour renie, Elle ne doit de son plour Avoir pité n'entroïr sa clamour, Pour ce que bien puet veoir et sentir, S'il cuide amer, ne fait il que haïr. (MACH., L. dames, 1377, 198).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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