Empl. pronom.

A. -

S'entrefaire qqc. "Se faire qqc. l'un à l'autre, se faire qqc. réciproquement" : De pis de chevaulx s'entrefierent, Comme ceulx qui fort et fiers yerent, Et de grant coeur mal s'entrefirent. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 188). Mais Uriiens, qui bien perceut qu'elle avoit l'esprit troublé, la saisi doulcement par le bras, et la dreca contre mont, en lui enclinant contre elle ; et, en ce faisant, s'entrefirent moult d'onnour. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Les deux freres s'entrefirent grant joye. (ARRAS, c.1392-1393, 135). ...et s'entrefaisoient et disoient de grans oultrages (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 161). ...[elle] se mect a escripre unes lettres qui narroient tout du long et du lé les amours d'elle et Girard, comme les promesses qu'ilz s'entrefirent au departir (C.N.N., c.1456-1467, 179). ...car, combien qu'ilz s'entrefeissent grant guerre, si ne povoient ilz pas conquester grant avoir l'un sur l'autre (BUEIL, I, 1461-1466, 25). DEMANDE. Quelz sont les deux choses au monde qui s'entrefont le plus grant recognoissance ai aborder ? RESPONSE. Ce sont deux culz, masculin et feminin. (Devin. R., c.1470, 159). Adonc commença la bataille de eulx deux, laquelle fut forte et dure, et s'entrefaisoient grans playes (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 56).

-

S'entrefaire compagnie : Et metent les acteurs ["les auteurs"] l'une significacion avec l'autre concordialement, a ce que dit Seneque que supersticion et misere ou male aventure s'entrefont compagnie. (ORESME, Divin. C., c.1366, 82).

-

[De deux pers.] S'entrefaire + adv. "Se faire, s'adapter (l'un à l'autre)" : Estraiyye est de grant baronnie Et de anchïenne lignie (...). Et vous estes estrais de roys, De nobles hommes et de bien ; Vous vous entrefferrez monlt bien. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 1).

.

S'entrefaire + inf. l'un à l'autre : ...ilz [deux combattants] sentrefaisoient [l. s'entrefaisoient] sentir le fer lun a laultre [l. l'un à l'aultre] (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 375).

B. -

Empl. abs. [Latinisme (à partir de interficere "tuer, massacrer") ?] "(Se) faire du tort l'un à l'autre" : ...Les bergiers, en lieu d'amourettes (...) Ont entr'iaux haÿne contrait, Et quant deüssent chapraux faire, L'un l'aultre voelent entrefaire. (Pastor. B., c.1422-1425, 112). On vit de rap, on oste, L'un l'autre tue, freres s'entreffons, L'hoste n'est plus asseuré chiez son hoste, Le filz combat contre le pere et joxte L'homme a la femme, et la femme son homme La mort desire, et n'y a ung seul joxte D'amour entre eulx (Cene dieux, c.1492, 114).