Empl. trans.

A. -

Au propre

1.

"Mettre en terre, inhumer, mettre dans une sépulture (un mort)" : Si ne vous doy autre merci requerre Fors tant qu'Amours mon cuer mais ne desserre, Qu'est enserrez En vo prison où il n'a clef ne serre, Et qu'il vous serve en tel guise qu'il n'erre, Et que de vous soie, einsois qu'on m'enterre, Amis clamez. (MACH., Compl., 1340-1377, 261). ...Femme et enfans et parens sont Qui jusques a la fosse vont Ou le mort enterrent et bournent (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 269). ...li mort furent enterré Et tuit li navré defferré Des viretons et des sajettes Que li Turc leur avoient traites... (MACH., P. Alex., p.1369, 169). Le roy fu enseveliz le plus honnourablement que on pot, et furent dictes vigiles et la messe, et fu fait l'obseque, et fu enterrez moult richement a l'usaige du pays. (ARRAS, c.1392-1393, 123). Las ! Mon amy, se tu ne m'eusses faussee, je estoye gettee et exemptee de paine et de tourment, et eusse vescu le cours naturel comme femme naturelle, et feusse morte naturelement, et eu tous mes sacremens, et eusse esté ensevelie et enterree en l'eglise de Nostre Dame de Lusegnen, et eust on fait mon unniversaire bien et deuement. (ARRAS, c.1392-1393, 256). Treves pristrent atant yceulz, Pour enterrer les mors (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 123). ...a esté dit que ledit Gilet sera enterré en terre saincte. (BAYE, I, 1400-1410, 270). ...lesquelz lendemain furent portez à chartées et enterrez es cimitieres des eglises de Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 137). ...ains morust josne homme, vivant son pere, et fust enterré a Napples, en l'esglise de Saint Dominicque, au costé de son ayeul. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 176). Il [le tombeau] est tout neuf a mon semblant ; Aussi nul n'y est enterré. (Pass. Auv., 1477, 262). Item, les mors tant des leurs que des nostres demourerent ou ilz estoient toute la nuyt jusques au lendemain, que les ennemys envoyerent demander saufconduyt au roy pour enterrer leurs gens mors (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289).

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Mort et enterré. "Bel et bien mort"

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Empl. pronom. à sens passif : ...et à Tours fut maistre Nicolle de Lorrix qui prenostica de la famine, qui fut l'an IIIIe de l'empereur Henri et de la très grefve mortalité, qui fut quasi universelle par tout le monde et si fervente que plusieurs s'enterroient avecques les mors qui n'estoient encore expirez, et à peine souffisoient les vifz pour en sepulturer ceulx qui mouroient. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 110 v°).

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"Mettre en terre (une partie de corps)" : Et quant assez l'ot baisiee [la tête de son ami que ses frères avaient trenchée], la mist en un biau cuevrechief, et l'enterra dedens un de ses grans poz ou l'en plante vyoliers, et dessus planta de trop belles plantes d'une herbe belle et souef flairant que on nomme baselic (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 949).

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Empl. pronom. réfl. au fig. "Causer sa propre perte" : Or lui fault vertu acquerre ; Et grace de Dieu exquerre, Qui merites lui asserre, Par qui il puisse conquerre Ceulx qui le viennent surquerre ; S'il chiet, s'il fault ou s'il erre Luy mesmez tout vif s'enterre Et pert toute sa deserre Et le bien qu'il devoit querre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 169).

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Loc. Qu'on m'enterre tout vif si... : LE TURC. Pour achever la presente entreprise A l'excercice de perilleuse guerre, Sur l'empereur la querelle avez prise ; Pour ce, pençons tous de courir sa terre. CONNESTABLE. Je suis contant que tout vif on m'enterre Se je ne fois le deable de Vauvert. CAPITAYNE. Pour avoir bruyt et pour honneur aquerre J'ay le couraige et le bras assez vert. (LA VIGNE, S.M., 1496, 230).

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[Dans un contexte métaph.] "Enfermer (l'âme d'un défunt)" : En oultre que ceste povre ame soit ensevelie en la cimetiere d'enfer - car la sont enterrez les parrochiens de l'ennemy : patet de divite qui sepultus est in infernum - l'ennemy fait chanter vigiles de mors. (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

2.

"Mettre en terre"

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[Une plante] : Or a poinson pour enterrer Les cholz, la bette et la porée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 118).

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[Un objet] : ...une fiche pour planter et enterrer des bastons à faire une palice (Doc. Poitou G., t.7, 1416, 292).

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Empl. pronom. réfl. [D'un grain] "Pénétrer en terre (en développant des racines)" : Le grain qui chet en bonne terre Et la s'engrossist et enterre Tant qu'il ait ses racines dure, Signiffie les creatures Qui humblement et de cueur preu Ouyent les parolles de Dieu Et, en les ouyant, moult proffitent Et, en profitant, se delictent Puis, en delictant, perseverent (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 135).

3.

"Remblayer qqc., remplir de terre" : ...pour faire le dit dam bien et souffissanment et ycelluy enterrer que l'eaue ne sorgaist ne passaist parmi (Doc. 1408. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 627).

4.

Empl. pronom. réfl. [D'un animal]

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[Du renard] "Entrer dans sa tanière" : Et, quant le renart vendra pour soy enterrer et il verra blanchier les bastons, il cuidera que ce soit aucun engin contre luy, si n'i aproucheroit jamés. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 243).

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"Se préserver du froid de différentes manières (entre autres en s'enfouissant)" : L'an mil CCC.jx et sexante, Eu temps que froide bise vente (...) Que li oisillon et li ver Et mainte autre beste s'enterre, L'une ès maisons, l'autre en la terre... (MACH., P. Alex., p.1369, 247).

B. -

Au fig. Enterrer une chose abstr. de qqc. "Recouvrir qqc. de qqc., étouffer qqc. sous qqc." : O vivant, vivant sur la terre, Ton entendement pas n'enterre De ces frivolles et follies (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 419).

C. -

Empl. pronom. "Venir sur terre" : Quant pour moy [Dieu] se vint enterrer, Se il ne se veut desterrer [quitter la terre], Encore puis s'amour acquerre. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 122).