Empl. trans.

A. -

Au propre

1.

"Mettre au monde (un enfant)" : Pallas le mist [l'enfant] dedens un coffre Et se jura par saint Honoffre Qu'elle verroit que ce seroit Et que bien garder le feroit, Et ne voloit pas qu'on sceü[s]t Que la terre enfanté l'eüst. (MACH., Voir, 1364, 694). Après ce que la feste fu departie, Melusigne, qui estoit moult enceinte, porta son terme, et, au plaisir de Dieu, elle enfanta un filz masle, qui fu de toutes figures bien formez, excepté qu'il ot le visage court et large au travers, et avoit un oeil rouge et l'autre pers. Il fu baptisiez et ot a nom Uriien. (ARRAS, c.1392-1393, 47). Las, dolente ! et se mon enfant que j'ay conceu, porté et enfanté, me refuse et m'est dur et me oublie, qui me aydera ? (GERS., Déf., 1400, 228). ...quant filz masles enfantoient, A leurs peres les tramettoient (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 9). Si fu comme fille nommee Et bien nourrie et bien amee De ma mere a joyeuse chiere, Qui m'ama tant et tint si chiere Que elle meismes m'alaicta, Aussitost qu'elle m'enfanta, Et doulcement en mon enfence Me tint et par elle ot croiscence. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 21). ...la royne d'Angleterre, femme dudit roy regent (...) estoit nouvellement retournée du royaume d'Angleterre, après ce qu'elle y ot conceu et enfanté ung filz, nommé Henry, dudit roy regent. (FAUQ., II, 1421-1430, 50). Sipio l'Affriquant respondit a ung qui le semmonoit de battaille : ma mere, dist il, me enffanta pour emperreur et non pas pour gladiateur (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 62). Cestui predist (...) que la niepce ou prouchaine parente du pappe enfanteroit quasi enfant monstrueux, ce qui advint, car elle enfanta ung enfant velu comme ung ours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 131 v°). Mauldit soit l'eure et la journee Que jamais terre me porta Et la mere desordonnee Qui de son ventre m'enfenta ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 321).

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Enfanter de : ...a Dieu vint a talent Qu'enfanta [la reine Oriabiel] d'une fille au Dieu commandement, Qui fu belle et plaisant et moult ot le cors gent (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 379). Celle Rea ou Ylia, comment ne par quelle maniere que ce fust, elle enfanta de deux beaux filz qu'elle eust a leur terme et a une fois. (LA SALE, Sale D., 1451, 170).

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Empl. abs. : ...a celle sainté fu adjointe, quant elle [Marie] enfanta, jonesce. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 207). Tu demandes a veoir celle Qui enfanta, vierge pucelle, En sa glorieuse biauté : Aroies tu la voulenté Que l'ueil senestre on te crevast, Par si qu'elle a toy se monstrast Visiblement ? (Mir. emp. Julien, 1351, 217). Se une fame qui n'est pregnant, ou qui n'a enfanté, a lait en ses mamelles, les menstrues lui sont deffaillies. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 85). ...c'est que en tristesse enfenteront et en engoisses ? Je scay que point ne le dira, car sans travail doit enfanter et en leesse. (GERS., Concept., 1401, 402). Les Rommains aussi orent une loi que en tel cas la femme estoit enfouye toute vive et jamais n'avoit grace, excepté que se elle estoit grosse on attendoit qu'elle eust enfanté. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 374). MARIE (à Elisabeth) Si ay pensee enterine De targer en vostre maison, S'il vous plait, tant que la saison Soit venue qu'enfanterez (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 322).

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En partic. [De la Vierge Marie] : La doulce vierge, a brief parler, Qui le filz Dieu vierge enfanta, Et qui vierge aussi l'alaitta Du vierge lait de sa mamelle, Pour un murtrier vous y appelle, Et que par vous, a grant ahan, Morut nostre evesque Jehan (Mir. ev. arced., c.1341, 137). Car Dieu enfanta sanz brisier De riens sa vierge affeccion, Et pour c'en grant devocion On doit bien la dame prisier En qui prist par dileccion Dieu le filz incarnacion. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 215). ...quant il [fil de Dieu] nasqui de elle et que elle l'enfanta virginaument pour nostre redempcion. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 207). ...Et par devine pourveance, Fait au commandement dou Pere, Conçut vierge, sans violence, Porta vierge, sans desplaisence, Enfanta vierge, sans grevence, Le Fil Dieu qui prist no samblance Pour nous tous geter de misere. (MACH., Les lays, 1377, 407). ...[Dieu] volist dessendre Au ventre d'une vierge pure Qui le conceust sans corrumpure Et l'enfanta virginelmant (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 64).

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Inf. subst. "Fait d'enfanter, accouchement" : ...je l'ay bien hui esprouvé, Et pour voir telle l'ay trouvé A l'enfanter. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Quoyque des autres ne le die, De ceste le tesmoingneray, Qu'après l'enfanter trouvé l'ay Vierge pucelle. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). Tresdoulce vierge honnoree, Qui le fruit de vie portastes, Qui, vierge, homme et Dieu enfantastes, Et qui vierge fustes aprés L'enfanter, dame, a mes regrez, Que cy vous bee a descouvrir, Deignez vos oreilles ouvrir De pitié et m'entendez, dame ! (Mir. enf. ress., 1353, 5). Car vierge après l'enfentement Demeura et a l'anfanter, Comme par devant, sans doubter. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 51). ...quant vint a l'enfanter, ce fut une fille (C.N.N., c.1456-1467, 4). Vierge fus devant l'enfanté, Et vierge aussy a l'enffantement, et vierge aprest pareillement (Myst. Rois A., c.1480-1500, 526).

2.

[D'une bête femelle] "Mettre bas" : Prenostica, entres autres choses, que grandes merveilles estoient prouchaines à venir, ce qui fut, car en l'evesché du Liege une truie enfanta un pourceau qui avoit face de homme (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°).

B. -

Au fig.

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"Donner une nouvelle vie à" : En aprés de la pitié et debonnaireté du vray amoureux saint Pol envers tous, qui en pourroit assés parler ? N'avons nous pas qu'il se nommoit mere et nourrice qui enfantoit et allaictoit tous ceulz qui se convertissoyent ? (GERS., P. Paul, a.1394, 510).

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"Procurer, assurer qqc." : "Va, disoit il, bourrel, lie les mains mon filz, lesqueles armés, n'a que un po de temps, ont effanté et acquis aus Romains un empire nouvel ! Va, couvre le chief du delivreur de ceste cité et lie a l'arbre maleureus..." (BERS., I, 9, c.1354-1359, 26.11, 45).

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[D'une chose abstr.] : Et c'est bien rayson et justement dit pour ce que sapience engendre et enfante et conferme toute seigneurie. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 68).

C. -

[D'une huître] Enfanter pierres. "Produire des perles" : Coquille est vng poisson de mer (...) qui est enclos en vne escalle ronde (...) qui de la rousee du ciel conchoit et enfante pierres nommees marguerites. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 494).