I. -

[En lien avec corne]

A. -

Au propre

1.

"Pourvoir de cornes" : Mais pour ce que les gens, et non pas la terre, estoient coulpables de ce meschief, icelle dame Juno les encorna de deux cornes en my le front, et si les mua en semblance de thoreaux cornuz. (Ovide mor. B., 1466-1467, 260).

2.

"Garnir de corne" : ...chacun arc bien encorné es deux bous, comme il appartient, au pris de deux gros (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 517). ...cinquante quartiers de bois d'if, pour faire des ars, dont ilz doivent avoir pour chascun arc faire et encorner bien et souffissamment... (Fr. arch. Compiègne B.H., 1469, 160).

B. -

Au fig.

1.

"Pourvoir de cornes, faire cornard" : Est il fin que je sceusse mectre ? Seray je tousjours encorné ? Que ne feusses encore né Ou que jamais ne deusse naistre ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 214).

2.

Part. passé en empl. adj. "Qui porte haut des cornes ; d'où hautain, arrogant"

-

[D'une pers.] Haut encorné. "Orgueilleux, arrogant" : Pluiseurs, de vin hault encornez, Oultrageux sont et orguilleux (MARTIN LE FRANC, Champion dames I, D., 1440-1442, 64). Estes vous bien hault encornez, Bien fiers et mal apprivoisiez ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 119).

-

[D'une chose abstr.] "Hautain, arrogant" : O maudite haine et bien maudite (...) et maudite leur présomption et encorné orgueil (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 149).

II. -

[En lien avec cor] Encorner qqc. à qqn. "Corner qqc. aux oreilles de qqn., mettre qqc. dans la tête de qqn, insinuer qqc. avec insistance" : Trop plus aras qu'il ne te faut Se tu fais ce que je t'encorne. (MACH., Voir, 1364, 478). SATHAN. ...Ung point luy avoye encorné, Que tous les enfançons petiz De Bethlëem et des partiz Par mort destruist et exillast Affin qu'entreulx celuy trouvast Qui le roy des Juïfz se porte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 102). Ung point luy avoye entorné [l. encorné], Que tous les enfençons petitz De Bethlëen et des partis Par mort destruisist et exillast (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 343).

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Encorner qqn de + inf. "Demander avec insistance à qqn de" : ...Chascun d'eulx d'avoir vin m'encorne, Au soir, au matin, a toute heure. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 182).

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Part. passé en empl. adj. Encorné de qqc. "Féru, passionné de" : L'AMOUREUX. ...Tu [l'homme armé] es a la male heure né, Quand tu es ainsi encorné De la guerre, que tant nous nuyt (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 620).